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Terrorisme: «Le projet politique de l’Etat islamique pourrait bien réussir»

Permettre au grand public de comprendre la genèse de l’organisation Etat islamique (EI) et ses objectifs au Moyen-Orient. C’est l’objectif que poursuit la journaliste italienne Loretta Napoleoni, déjà auteure de livres sur le terrorisme et son financement, dans L’Etat islamique, multinationale de la violence (éd. Calmann-Lévy). Elle explique à 20 Minutes en quoi l’EI incarne un modèle nouveau d’organisation terroriste et pourrait bien voir son projet politique -le califat- réussir.

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Dans votre livre, vous martelez que la grande innovation de l’EI, c’est sa modernité…

Oui. L’EI a une intention politique moderne: créer un Etat-nation, en s’appuyant sur ses forces armées, mais aussi en agissant de façon très pragmatique et en utilisant tous les moyens modernes à sa disposition (réseaux sociaux, communication…). Ainsi, il n’a pas instauré une dictature, mais a mis en place un contrat social avec les populations concernées, et assure les compétences -sécurité, législation, …- de tout Etat moderne. Cet embryon d’Etat, qui est certes terroriste et génocidaire, est bien en place aujourd’hui.

Ce projet politique -le califat- peut-il selon vous réussir?

C’est difficile à dire aujourd’hui, car le califat n’en est qu’à ses débuts et n’est pas encore bien développé. Il faut voir comment il va évoluer, notamment en ce qui concerne les problèmes de corruption -écueil pour tous les Etats. Mais ce projet politique pourrait bien réussir: si la coalition internationale continue de seulement effectuer des raids aériens et n’engage pas ses soldats au sol, l’EI va continuer à consolider ses positions. A l’inverse, dans la situation d’une  guerre totale face à la coalition, l’EI n’aura pas assez de forces. Mais si la coalition décide d’intervenir, elle devra revenir dans ces territoires sur le long terme et apporter une véritable solution politique, sinon, même en ayant «éradiqué» l’EI, dans cinq ans, une nouvelle organisation renaîtra de ses cendres.

C’est d’ailleurs le titre originel de votre livre, The islamist Phoenix

Tout à fait. Comme l’EI est un phœnix né des cendres de l’organisation d’Abou Moussab al-Zarkaoui, si on détruit l’EI sans apporter de véritable solution politique, dans cinq à dix ans, une autre organisation, un phœnix né des cendres de l’EI apparaîtra, avec la même intention politique de refaire le Moyen-Orient en détruisant les Etats de la région nés de la colonisation et de la décolonisation , pour construire une nation, un califat pur, seulement avec des sunnites.

Comment empêcher cela?

Le meilleur choix qui puisse être fait selon moi est la solution diplomatique. Pas par les canaux classiques, puisque l’EI ne veut pas négocier avec les Occidentaux, mais en menant des tractations en sous-main avec les personnes et institutions proches de l’EI, comme les leaders des tribus sunnites des territoires où est implantée l’organisation. C’est la solution la plus complexe et la plus longue, mais c’est la seule valable: la solution de court terme ne fonctionne pas, il faut à présent trouver un règlement à long terme, car les conséquences sont très sérieuses, pour la région mais aussi pour l’Europe. Pas parce que l’EI pourrait être tenté de conquérir Rome, mais parce que l’Europe ne peut pas bien vivre près d’une région instable, entraînant des problèmes économiques, de commerce international, de réfugiés politiques, de migrants, et bien sûr d’attentats -comme à Toulouse, Paris ouCopenhague- qui sont voués à continuer, et même s’intensifier.

Source: 20minutes.fr

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