Il n’y a plus de doute là-dessus : le Commandant de la brigade de la gendarmerie (CB) de Guiré, le sous-lieutenant, Mamadou Diawara, porté disparu, le 18 octobre dernier, et le président du tribunal de première instance de Niono, Soungalo Koné, enlevé à son domicile, 16 novembre dernier, sont entre les mains des narco-djihadistes. Triste illustration ? Sur une vidéo postée, hier, sur les réseaux sociaux, les deux responsables, apparaissent, côte à côte, rassurent les Maliens et leur famille de leur état de santé, leurs conditions de détention et appellent les autorités à se mobiliser pour leur libération rapide. Si l’authenticité de cette vidéo n’a pas encore été avérée, comme il est de coutume en pareil sinistre rapt, il est évident qu’il s’agit là du mode opératoire de ces narco-djihadistes…
Le payement de rançon et l’échange de prisonniers restent désormais les deux alternatives possibles, pour le gouvernement du Mali, invité par deux de ses agents, restés aux mains de ravisseurs, à se mobiliser rapidement pour leur libération. Après l’épisode Wadoussène, en 2014, l’épineuse question d’échanges de prisonniers refait encore surface. Un bien triste mode opératoire des narco djihadistes qui soumet les autorités nationales à de rude épreuve de nerfs.
Le juge de Niono, Sounkalo Koné, et le CB de Guiré, Mamadou Diawara, apparus dans une vidéo, ont appelé à leur libération rapide. Les otages rassurent quant à leur état de santé et leurs conditions de détention.
« Je m’appelle Sounkalo Koné, je suis le président du tribunal de Niono. J’ai été enlevé chez moi, le jeudi 16 novembre, après-midi vers 20 h 30. Et depuis, je suis en captivité. Mais Alhamdoulih laye, Alhamdoulih laye, je vais bien, rien de mal, rien de mal. Nous sommes bien traités, nous mangeons ce que nos ravisseurs mangent et ils nous donnent à boire ce qu’ils ont ».
‘’On ne parle ici que de Dieu, selon la loi islamique. Je suis accusé de n’avoir pas rendre la justice selon la loi islamique. Avant ma captivité, je ne savais pas que toute justice devait être rendue, selon la Charia. C’est ce qu’on m’a appris ici. C’est le seul grief contre moi’’, murmure le juge qui a lancé un appel pressant aux autorités, invitées à prendre des dispositions idoines pour « leur libération rapide », pour qu’ils « retrouvent leur famille et leurs enfants ».
« Je souhaite que des négociations s’engagent entre nos ravisseurs et le gouvernement pour notre libération. Au procureur de mon tribunal (Niono) et à l’ensemble de ses travailleurs, je leur demande de porter ce message à la connaissance du syndicat, du ministère et du gouvernement pour que les mesures utiles soient entreprises. À ma famille, j’appelle au calme, puisque nous sommes entre les mains des musulmans, donc dans de bonnes mains. Nous prions pour une bonne compréhension de tous et pour notre libération le plus rapidement possible », a chuchoté l’otage.
Quant à son codétenu, le CB de Guiré, Mamadou Diawara, il donne les mêmes assurances, en précisant les objectifs de leurs ravisseurs.
« Bissimillah rahamanir rahim, je suis le Sous-lieutenant Mamadou Diawara de la gendarmerie, de la promotion Hawa Keita. J’ai été capturé, le 18 octobre, sur la route de Nara, lors d’une embuscade. Mon chauffeur a été malheureusement tué. Nos ravisseurs ont dit que leur préoccupation, c’est la charia. Ils revendiquent aussi la libération de leurs éléments détenus, en échange de la nôtre. Je demande au gouvernement de se mobiliser rapidement pour nous », a-t-il appelé.
Au regard de cette vidéo et des messages délivrés, il est clair que les otages sont en vie. Si des négociations devront s’ouvrir, elles seront forcément discrètes pour en espérer des résultats concrets et efficaces. En tout cas, depuis l’enlèvement du juge de Niono, le président de la république a instruit au gouvernement de tout mettre en œuvre pour le retrouver. IBK a d’ailleurs accordé au palais présidentiel de Koulouba, une audience au syndicat de la magistrature, strictement réservée à l’enlèvement du président du tribunal d’instance de Niono.
‘’Nous sommes venus rencontrer le président de la république, président du conseil supérieur de la magistrature, pour lui exprimer notre souhait ardent de voir notre collègue revenir sain et sauf parmi nous. Nous avons été extrêmement réjouis, heureux pour trouver au premier magistrat de la république une oreille attentive, très concerné, qui nous a donné énormément d’assurance par rapport à toutes ces questions’’, a déclaré M. Coulibaly, le porte-parole des magistrats, à leur sortie d’audience.
Par Sidi Dao
info-matin