La région peine à se défaire de la menace malgré la présence d’une multitude de forces internationales qui sont déployées aux côtés des armées nationales.
« De plus en plus d’attaques, c’est vrai. Il y a les menaces aussi, des organisations criminelles, le trafic de drogues, qui sont liées aux menaces terroristes. Il y a également des menaces de conflits intercommunautaires. Et moi, je considère que ces menaces-là sont des menaces stratégiques. C’est-à-dire des menaces qui peuvent remettre en cause la vie des Etats. Et c’est pour cela que nous prenons ces menaces très au sérieux ». Ces propos temps par Mahamadou Issoufou, président du Niger, au cours d’un entretien accordé à Radio France Internationale (RFI) et France 24, décrivent la situation sécuritaire qui prévaut actuellement dans la région du Sahel. Cette sortie traduit à suffisance la menace réelle qui plane au quotidien sur le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Sur la foi de la capacité de nuisance de l’ennemi, il reconnaît plus loin qu’une éventuelle destabilisation de cette partie du continent, présentée comme étant le dernier verrou, pourrait avoir des répercussions inqualifiables. « Le combat que nous menons, nous le menons pour le monde entier. Parce que si, un jour, le Sahel est occupé par les terroristes, l’Europe va être atteinte et c’est le monde entier qui sera menacé », prévient Mahamadou Issoufou.
En effet, depuis la chute du guide libyen, Mouammar Kadhafi, et les conséquences qu’a entraînée la déstabilisation de la Libye au lendemain des bombardements de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan), cette région est devenue la cible privilégiée des groupes terroristes. La plupart y ont même érigé des bases et peuvent commettre des exactions à leur guise. Les populations de ces pays, vivent avec cette menace permanente et ont presque perdu la sérénité à l’idée d’être surprises dans leur sommeil ou dans leurs activités soit par une bombe, soit par une invasion de combattants déchaînés. Des termes comme « attentats », « bombardements », « enlèvements », « exactions », « menaces », « trafics », « rançon » ou « drogue » qui, bien avant la crise libyenne, étaient peu connus de nombre de Sahéliens, ont fini par s’imposer d’eux-mêmes dans leur vocabulaire.
Du coup, cette forte capacité de nuisance des terroristes a non seulement fini par jeter du discrédit sur les différentes forces en présence, mais amener également à s’interroger sur le mandat réel de celles-ci et les objectifs poursuivis par les acteurs impliqués dans ce combat. En dehors des armées de ces cinq Etats, on compte, sur le terrain, la Force internationale mixte, G5 Sahel, la Mission intégrée multinationale des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), la force française Barkhane. Pour quel résultat sur le terrain ? Même la communauté internationale semble désormais habitée par le doute. Prenant part le 11 juillet dernier à Nairobi au Kenya à la conférence sur le contre-terrorisme et la prévention de l’extrémisme violent en Afrique, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, et le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, ont clairement et à l’unanimité dressé ce constat d’échec et interpellé le Conseil de sécurité afin qu’il s’implique enfin.
Source: cameroon-tribune.cm