ette cérémonie solennelle a enregistré la présence de beaucoup de personnalités, notamment des ministres, des chefs de Cabinet, l’Unesco, l’Unicef et le fonds au profit des victimes. L’une des œuvres s’intitule “Non au fanatisme religieux”. Selon Abdoulaye Konaté, plasticien et auteur de ladite stèle, c’est une œuvre qui fait partie d’une série d’une vingtaine d’années. ”Cette série représente la souffrance humaine parce que depuis Bosnie, l’Angola et le changement de régime au Mali et après les élections, il y a souvent des contestations qui mènent à la guerre. Il y a l’intolérance religieuse ou politique qui provoque la guerre. Mon œuvre n’est pas contre une religion parce qu’elle est nécessaire dans la société”, explique l’artiste.
L’œuvre est essentiellement basée sur le Sahel du Mali bâti. Erigée sur 3 mètres 12 sur 5 mètres 90, elle a déjà été exposée en Californie et une présentation est prévue à la Biennale de Dakar prochainement.
Abdoulaye Konaté a d’autres œuvres qui sont exposées à travers le monde. “Il y a actuellement une œuvre dans un musée privé en Turquie qui est sur la Bosnie, l’Angola et le Rwanda. Il y a une autre qui est nécrologie d’une guerre endossée. Cette œuvre est en Iran dans une collection privée. Il y a une autre “La tension” qui est une œuvre inspirée des luttes de société après les élections. Celle-là est exposée à Paris. Il y a également une autre sur l’ambigüité entre le pouvoir et les religions en Afrique en général, mais aussi dans le monde entier. Cette œuvre est dans une collection privée en Italie”, a fait savoir l’ancien directeur du Conservatoire Balla Fasséké.
A l’entendre, pour l’oeuvre du Musée nationale du Mali, il y a deux éléments essentiels dont la charia et l’éducation qui est un problème qu’il faut combattre et trouver un grand plan d’éducation pour le sahel.
La deuxième stèle est composée du drapeau et de la carte du Mali avec des courts et longs traits pour dire que malgré nos différences, on est tous pareils. Certaines continuent tandis que d’autres s’arrêtent en cours de route (victimes).
Aux dires de Pieter W.I. De Baan, directeur exécutif du fonds au profit des victimes du terrorisme, il y aura des mesures concrètes en plus du symbolique pour que tout le monde sache qu’il est important de se souvenir de ses proches et compatriotes qui ont subi des préjudices sérieux. “Nous sommes instruits par la Cour pénale internationale (Cpi) de mettre en œuvre des ordonnances de réparation individuelle, collective et symbolique. Maintenant avec des partenaires comme l’Unesco et les partenaires nationaux, c’est un travail important pour la communauté de Tombouctou. Le fonds a un mandat qui lui demande beaucoup de discrétion d’engagement vis-à-vis des populations victimes de la crise dans le nord. En ce moment, nous sommes en train de préparer le démarrage des programmes dans plusieurs endroits du Mali pour permettre qu’on n’oublie pas les victimes ici au Mali et partout dans le monde. C’est aussi pour assurer la résilience et la dignité des victimes afin qu’elles puissent reprendre leur vie en main pour elles et pour leurs proches”, indique-t-il.
La présidente Afrique du fonds au profit des victimes du terrorisme, Mme Doumbia Maman Koïté, a pour sa part exprimé sa satisfaction de cette initiative de Madame la ministre de la Culture d’associer un aspect culturel. “Nous n’avons rien fait pour avoir ce conflit et nous ne voulons plus jamais ça. C’est un signal fort du gouvernement du Mali de travailler à donner une réponse de réparation aux victimes, mais aussi de travailler par rapport à la justice. C’est pourquoi nous avons demandé au gouvernement de prendre ses responsabilités par rapport à la crise que nous traversons. La justice internationale est en train de faire son travail, les accusés vont y répondre des chefs d’accusation”, signale-t-elle. Derrière cette réparation symbolique, à en croire la présidente, il y en a beaucoup d’autres comme les réparations individuelles, les propriétaires des Mausolées de Tombouctou, les cimetières etc. “Il y aura environ 1 000 personnes qui seront dédommagées. Après cette étape de dédommagement, nous allons prendre en charge les préoccupations de la population de Tombouctou parce qu’individuellement, certains n’ont pas été choqué ni traumatisé, mais par contre la communauté l’est. C’est toutes leurs vies culturelles et religieuses qui ont été perturbées par les dégâts. Nous allons faire en sorte que Tombouctou soit réhabilité moralement, psychologiquement et physiquement. Au-delà de Tombouctou, il y a un fonds d’assistance. Il y a deux mandats chez nous. Il y a le mandat de réparation qui intervient quand il y a un procès et le second pour assister les victimes des crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes d’agression. Nous ne donnons pas des vivres, des nattes ou des draps, ça c’est l’humanitaire. Nous nous faisons des réparations qui consistent à la résilience qui permet aux victimes de retrouver leur dignité et leur autonomie en leur donnant des moyens qui les permettront de mener des activités génératrices de revenus. Nous l’avons fait en République Démocratique du Congo, en Afrique centrale, en Côte d’Ivoire et nous le ferons au Mali. C’est des programmes assez importants qui prennent beaucoup d’années jusqu’à ce que l’Etat puisse prendre en charge ses responsabilités auprès des victimes”, déclare la présidente Afrique du fonds au profit des victimes du terrorisme, Mme Doumbia Maman Koïté.
La ministre de la Culture, Kadiatou Konaré, signale qu’elle été saisie par l’expression humaniste et esthétique de l’artiste et de l’architecte. Elle trouve que c’est une sorte d’engagement contre toute forme d’extrémisme.Un dépôt de gerbe de fleurs et un cocktail ont mis fin à cette cérémonie. Marie DEMBELE