Les défections aux assises nationales dites de la refondation programmées se multiplient dans les milieux politiques. Et depuis que a laissé entendre que ces assises pourraient déterminer la durée de la transition, il est de plus en plus isolé sur la scène politique. Il ne reste plus qu’au chef du gouvernement de se rabattre sur les petites associations de la société civile. Sauf que la réticence de la classe politique et la récente prise de position de la Cedeao rendent les choses bien plus compliquées pour le chef du gouvernement.
Dans ce contexte, le Haut conseil islamique a été invité aux assises nationales de la refondation. Choguel Kokalla Maïga a reçu pour l’occasion, jeudi 16 septembre 2021, le bureau du Haut conseil islamique. Mais il n’est pas certain que le Premier ministre ait eu satisfaction, puisque les leaders religieux sont pour le respect du délai de la transition. Les leaders religieux étaient venus rendre compte de leurs réflexions sur des questions majeures dont la résolution aidera à bien des égards à réussir la Transition.
Par ailleurs, leur porte-parole, Mohamed Maki Bah, dira que les questions religieuses méritent une réponse religieuse. Il a souligné, entre autres, l’emploi des arabisants afin d’éviter qu’ils ne se retrouvent emballés dans cette situation où les activités criminelles se drapent dans un manteau religieux. Maki Bah dira que même les imams formés au Maroc se trouvent désœuvrés, sans oublier l’effectivité du mariage religieux, en passant par le statut des médersas et la gestion rigoureuse du contenu de la formation.
Le Premier ministre a rassuré ses interlocuteurs quant à la suite qui sera réservée aux questions posées, avant de les inviter à prendre toute leur place dans la préparation, l’organisation et la mise en œuvre des conclusions des prochaines assises.
Autre groupement important invité par Choguel: les mouvements signataires de l’Accord d’Alger. Dans le cadre des rencontres qu’il a entreprises avec les forces vives de la Nation, le Premier ministre a reçu, le 15 septembre 2021, la Coordination des mouvements de l’Azawad, la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d’Alger et la Coordination des Mouvements de l’Inclusivité.
Il a informé ses invités de la tenue des assises nationales de la refondation, et leur a demandé de jouer leur partition pour la réussite de cette rencontre. « Le Gouvernement aura l’obligation de mettre en œuvre les décisions prises au cours de ces assises », a déclaré le Premier ministre.
En réponse, Mohamed Ould Mataly de la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d’Alger a déclaré que le gouvernement s’est engagé à appliquer les recommandations des accords. Cela les encourage à participer aux assises, dans l’intérêt des Maliens.
Le Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires aussi a été à la Primature. Une délégation conduite par Mme Maïga Sina Demba, vice-présidente de l’organisation, a été reçue, le 14 septembre 2021, par Choguel Kokalla Maïga. Le chef de l’administration publique a annoncé à ses hôtes la tenue prochaine des assises et a souhaité leur participation active pour la réussite de cette rencontre.
Ces assises devront déboucher, selon le Premier ministre, sur un « calendrier malien assorti d’un chronogramme élaboré de manière endogène ». «Nous sommes là, prêtes à apporter notre contribution à ce processus pour que le Mali qui est notre bien commun puisse rayonner dans le concert des Nations », a déclaré Sina Demba.
Le chef du gouvernement a tenu à informer ses invités sur la pertinence des réformes attendues, notamment l’Organe unique de gestion des élections dont la création vise à minimiser les risques de contestations post-électorales. Choguel a saisi l’occasion pour rappeler les raisons profondes des manifestations qui ont abouti aux événements du 18 août 2020.
Enfin, il a aussi tendu la main aux universitaires dans le cadre de sa série de rencontres. Le chef du gouvernement a invité les sommités maliennes à participer aux prochaines assises qui, selon lui, s’inscrivent dans une démarche de rupture. Il entend capitaliser tous les acquis des réflexions antérieures, afin de réussir la refondation souhaitée par tous. Ces rencontres tous azimuts interviennent dans un contexte où la classe politique dans son écrasante majorité, une frange de la société civile et la Cedeao rejettent les assises voulues par le PM qui, à vrai dire, est dans une situation inconfortable.
Nampaga KONE
Source : La Preuve