Les téléphones de Ras Bath et ses co-accusés ont été volés au tribunal de grande instance de la Commune III pendant leur séjour carcéral. La culpabilité du greffier en chef n’aurait jamais été écartée sans la vidéo surveillance qui a détecté le suspect.
On en sait un peu plus sur le vol des téléphones de Ras Bath, Vital Robert Diop, et autres arrêtés puis libérés depuis quelques semaines, dans l’affaire dite de « déstabilisation des institutions de la République ». Dès sa sortie de prison, Ras Bath a profité du micro de son émission radio, pour dénoncer le retrait de leurs téléphones à leur arrivée au tribunal de grande instance de la Commune III. Des appareils déclarés volés puis qu’ils ne les ont pas retrouvés à présent. Le porte-parole du CDR n’a pas manqué d’accuser le parquet de la Commune III de « vol » de leurs téléphones.
Mahamoudou Kassogué que nous avons interrogé sur le sujet reconnait effectivement la disparition de ces téléphones au tribunal de la Commune III. Cependant, il se défend que ce n’est pas dans son bureau que ces objets ont été subtilisés.
« Un Procureur de la République ne garde jamais de scellés dans son bureau. Quand il y a un dossier d’infraction, il est confié à un juge d’instruction. Les objets sous scellé pour les besoins d’enquêtes sont aussitôt remis au greffier en chef du tribunal qui les garde dans son bureau jusqu’au jour du jugement ou de libération du suspect. Le procureur n’en a connaissance que s’il s’agit de chercher des preuves sur lesdits scellés », explique-t-il. Selon le Procureur, le greffier en chef l’a informé que son bureau a été cambriolé et plusieurs objets dont des téléphones appartenant à Ras Bath et co-accusés ont disparu.
Une information judiciaire a été ouverte sur l’infraction. A en croire M. Kassogué, comme le greffe est sous vidéo surveillance, le visionnage de la scène a permis de reconnaître le présumé coupable du cambriolage. Ce dernier n’est autre que le planton du service. Celui-ci a été confondu. Il a reconnu les faits et montré le receleur à qui il a vendu les téléphones à Malitelda. Ce dernier à son tour a fait un aveu en soutenant qu’il a revendu les biens volés à un client qu’il ne peut plus retrouver.
Quel serait le sort du greffier en chef au cas où la chance ne lui avait pas souri pour que la preuve ne lui tombe pas du ciel comme par enchantement ? A cette question, le Procureur répond que lesdits téléphones et autres matériels étant placés sous sa responsabilité et qu’en sa qualité de greffier en chef du tribunal, les présomptions de culpabilité ne pouvaient concerner autre agent que lui. Il allait de ce fait connaître le sort réservé au planton.
Puisqu’on n’en est pas là, le présumé voleur et son complice de receleur qui ont reconnu leurs forfaits sont sous mandat de dépôt à la Maison centrale d’arrêt de Bamako Coura et les enquêtes se poursuivent.
Abdrahamane Dicko