Au Tchad, cela fait cinq ans que l’ancien président Hissène Habré et plusieurs responsables de la police politique de son régime ont été condamnés à diverses peines pour des crimes commis entre 1982 et 1990.
Depuis un an, les victimes, lasses d’attendre, manifestent chaque semaine pour obtenir le versement des réparations de la part du Tchad et de la communauté internationale. Hier mardi, les avocats étrangers ayant participé à la procédure ont rencontré les victimes pour échanger sur la non exécutions des décisions de justice.
Depuis la condamnation de Hissène Habré à Dakar et de ses complices à Ndjamena, 125 plaignants qui attendaient l’exécution des jugements, qui leur donnent droit à des indemnisations, sont décédés.
Incompréhensible pour le président de l’Association des victimes des crimes du régime Habré. Clément Dokhot Abaïfouta dénonce le fait que le gouvernement Tchadien agite l’imminence des indemnisations par la communauté internationale, sans assurer sa part. « Nos avocats nous disent que ce sont deux procédures bien différentes et qui ne peuvent jamais être unies. C’est bien dommage que le Tchad se cache derrière les réparations de l’Union africaine. Dans ce pays il y a de l’argent, on ne peut pas nous faire croire qu’il n’y a pas d’argent ».
Pour l’avocat américain des victimes, Reed Broody, la prochaine bataille, c’est de pister les biens de l’ancien président Hissène Habré et aussi de pousser les autorités à saisir les biens de ses complices. « Lorsqu’il a quitté le Tchad, Hissène Habré a emporté avec lui tout ce qui restait dans le Trésor. Donc il faut un travail de tracé des avoirs qu’Hissène Habré a eu trente ans pour mettre à l’abri. Les complices d’Hissène Habré ont été aussi condamnés à payer des indemnités. Le jugement de Ndjamena mandate le procureur général pour saisir les biens. Cela n’a pas été fait jusqu’ici… »
Le président de l’Association des victimes du régime de Hissène Habré ajoute que les manifestations dans la rue vont continuer, tant que les indemnisations ne seront pas versées.
Rfi