Le tribunal de Moundou a donc rendu sa sentence contre le militant de défense des droits de l’Homme Djeralar Miankeol. Le responsable de l’association Ngaoubourandi, qui dénonce l’expropriation des terres des agriculteurs de ce pays d’Afrique Centrale, a été condamné, ce mardi 7 juillet 2015, à deux ans de prison ferme et 100 000 FCFA d’amende. Il avait été interpellé le 15 juin pour “outrages à magristrats.”.
Les associations de défense des droits de l’Homme tchadiennes dénoncent d’ores et déjà ce verdict. Elles ont pointé du doigt un procès « injuste » qui ressemble plus à un « règlement de comptes ». Pour elles, l’objectif de ce projet était de faire taire une voix qui dérange afin de permettre la spoliation des terres des paysans. D’ailleurs, pour soutenir le militant tchadien, qui leur prête main forte depuis 2014, plusieurs paysans se sont rendus à l’audience. Mais ils ont été arrêtés et frappés à l’entrée de Moundou et pourchassés dans le reboisement avoisinant. Les soutiens de Djeralar Miankeol craignent aussi que cette condamnation ne vienne aggraver sa santé fragile.
Une voix qui dérange
Agé de 54 ans, Djeralar Miankeol, marié et père de deux enfants, a été arrêté le lundi 15 juin 2015 vers 16 heures, alors qu’il s’était rendu au bureau du Procureur de la République, Sieur Hassan Yacoub, près le tribunal de 1ère Instance de Moundou, sur convocation téléphonique. D’après les associations de défense tchadiennes des droits de l’Homme, dès son arrivée, sans que le motif de son invitation ne lui soit notifié et après quelques échanges, il a été détenu à la brigade de recherche de la gendarmerie de Moundou et déposé le 16 juin 2015 à la maison d’arrêt de Moundou pour « outrage et insulte à magistrat ».
Cette accusation fait suite à une interview donnée par Djeralar Miankeol, le 7 juin 2015, à la Radio associative Fm Liberté, alors qu’il dénonçait la corruption dans le milieu judiciaire, mais aussi au niveau du ministère de l’Agriculture et de l’Environnement. Depuis déjà de nombreuses années, Djeralar Miankeol fait l’objet d’un harcèlement pour ses activités de dénonciation sur l’accaparement des terres, ainsi que les conflits entre éleveurs et agriculteurs qui sévissent dans la zone, déplorent les associations qui le soutiennent. Elles ont prévu de se mobiliser pour faire entendre leur voix contre ce verdict.
Source: afrik