“Tchad : au nom du père, du fils et de Macron”, s’exclame Wakat Séra. Dans la matinée du 23 avril, les obsèques d’Idriss Déby, mort trois jours plus tôt, ont réuni une dizaine de chefs d’État à N’Djamena, la capitale tchadienne. Pour l’occasion, le président français Emmanuel Macron a été le seul dirigeant occidental à faire le déplacement. Le reste des invités officiels étaient des chefs d’État de la sous-région (Burkina Faso, Guinée, Mali, Niger, Bénin).
Les quinze uniformes militaires qui ont accueili Emmanuel Macron aux abords de la cérémonie rappellent que le pays est actuellement aux mains des généraux du Conseil militaire de transition (CMT), créé dans les heures qui ont suivi le décès d’Idriss Déby.
Un invité d’honneur
Les déplacements d’Emmanuel Macron à l’étranger sont rarissimes depuis la fermeture des frontières en raison du Covid-19. De fait, sa présence n’est pas passée inaperçue. Une place de choix lui a été réservée au cours de la cérémonie : il était assis à côté de Mahamat Idriss Déby, autopropulsé à la tête de l’État pour remplacer son père.
Au milieu des honneurs militaires et des prises de parole des proches d’Idriss Déby, Emmanuel Macron a prononcé un discours attendu. Obligé de nager entre deux eaux, il a dû prévenir des risques d’appropriation du pouvoir par le fils Déby – arrivé par un coup de force à la tête du pouvoir de transition – sans froisser son précieux allié dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
“La France sera également là pour faire vivre la promesse d’un Tchad apaisé faisant une place à l’ensemble de ses enfants. La transition aura ce rôle à jouer”, a-t-il prévenu, avant de saluer la mémoire d’un “chef exemplaire et un guerrier courageux”.
Caution à la dérive autoritaire de Mahamat Déby ?
Comme l’écrit l’Observateur Paalga,la France et les pays du Sahel “retiennent leur souffle, craignant qu’Idriss Déby mort, ce ne soit une digue contre le terrorisme qui ait cédé”.
L’opposition tchadienne craint, elle, que la présence du chef de l’État français à ces funérailles ne serve de caution à la dérive autoritaire de Mahamat Déby, nouvel homme fort du pays. Son père Idriss Déby, arrivé au pouvoir en 1990, n’ayant été destitué de son fauteuil présidentiel que par la mort.
Pauline Le Troquier