Les eaux de pluies ont rendu la route impraticable. La mairie est à la recherche de financement pour mettre fin au calvaire de la population
Circuler à Taliko en Commune IV du District de Bamako relève d’un véritable parcours du combattant en cette période d’hivernage. La principale voie qui même à Lafiabougou, au trafic dense, a subi de sérieux dégâts. Aux heures de pointe, où la plupart des habitants convergent vers le centre-ville pour faire leurs courses ou rejoindre leur lieu de travail, on assiste à un véritable tohu-bohu sur cette route cabossée.
Entre trous béants, nids-de-poule, crevasses, il faut faire des manœuvres risqués pour se frayer un passage. Certains font le trajet à pied pour rallier Lafiabougou, plus proche du cente-ville. Les véhicules de transport en commun refusent de s’aventurer sur cette voie. L’avènement des motos taxis avait été un soulagement pour de nombreux usagers. Mais ils ont vite déchanté quand ces engins à deux roues ont commencé à bouder aussi cette route dangereuse.
Oumar Touré est conducteur de moto taxi. Il a arrêté de transporter les clients vers Taliko depuis que la saison des pluies s’est installée. «C’est dangereux de s’aventurer sur cette route avec les clients. Les eaux de pluies ont rendu impraticable la voie. Ici, on n’évite pas les trous, mais on les choisit », témoigne le jeune conducteur.
Oumar Touré n’est pas le seul à se plaindre de l’état calamiteux de la route Taliko-Lafiabougou. Les chauffeurs de transport en commun que nous avons rencontrés, évoquent les mêmes soucis. Aly Guindo fait partie des rares chauffeurs de Sotrama à s’aventurer sur cette voie.
«Je le fais parce que je n’ai pas le choix», confie avec amertume notre interlocuteur. «Cette route est complètement impraticable. Quand il pleut, le véhicule peut s’embourber dans un trou, en abîmant les rotules ou les biellettes. Les suspensions ne sont pas non plus épargnées. Les crevaisons de pneus sont aussi fréquentes. C’est pourquoi, nombre de mes collègues évitent ce tronçon », explique-t-il.
INCIVISME- Non loin, un conducteur de tricycle en panne près du poste de police s’affaire sur son engin. L’air triste, le jeune homme raconte son calvaire. «J’ai tout fait pour démarrer le moteur, mais ça ne marche pas. Après une crevaison, maintenant je fais face à une panne du moteur», se lamente l’infortuné. «La plupart des routes de Bamako sont actuellement abimées. Mais celle de Taliko est la pire», ajoute-t-il.
Pour rallier la voie qui longe le cimetière de Taliko, les véhicules et les engins à deux roues sont obligés de rouler très lentement. Gare aux conducteurs imprudents qui se hasardent à affronter la boue, les flaques d’eau et les nids-de-poule géants. Du centre Amaldeme, en passant par la mosquée pour arriver au niveau de la mairie de Lafiabougou Bougoudani, le constat reste le même.
La voie est endommagée par endroits à cause des eaux de pluies et des eaux usées que les gens versent volontairement sur la chaussée. Un usager que nous avons interrogé est très remonté face à cette situation désastreuse. Il crache ses cinq vérités. «Nous accusons sans cesse les autorités. Alors que nous sommes les premiers à polluer notre environnement. Si vous déversez des eaux usées sur la route, voulez-vous qu’elles partent où ?», s’interroge-t-il, tout en dénonçant l’incivisme de ses concitoyens.
D’autres habitants de Taliko accusent plutôt les élus municipaux. Ils les invitent à s’impliquer davantage dans la rénovation des voies avant l’arrivée des premières pluies.
Les jeunes du quartier de Taliko se sont mobilisés à plusieurs reprises, pour exprimer leur ras-le-bol quant à la mauvaise gestion communale caractérisée par l’état défectueux des infrastructures routières. Ces sorties ont été vaines. La jeunesse sollicite l’intervention des autorités pour faire face au problème.
Un appel, s’il est suivi d’effet, permettrait d’éviter des situations catastrophes. Pour rappel, Taliko a été inondé dans la nuit du 15 au 16 août dernier. Si les vies humaines sont épargnées, il y a eu tout de même plusieurs dégâts matériels.
Le maire de Taliko révèle que la mairie projette la construction de la voie communale (RC 19), pour résoudre le problème. Selon Modibo Kane Kamissoko, les travaux de faisabilité pour l’aménagement de la voie Taliko-Lafiabougou, longue de 3,7 km, ont été réalisés. Cette étude estime à 1,4 milliard de Fcfa le montant à mobiliser pour la réalisation des travaux.
«Nous travaillons d’arrache-pied pour soulager les usagers de cette voie. Cette étude a été transférée à qui de droit afin de nous aider à la financer», assure le premier magistrat du quartier.
En attendant, les populations prennent leur mal en patience. La prudence devra alors rester de mise.
Souleymane SIDIBÉ
Source : L’ESSOR