La suspension par le Cadre d’échanges des Partis et regroupements politiques pour une transition réussie de l’ADEMA/PASJ de toutes ses activités a commencé à faire des conséquences. Le 24 février dernier, le mouvement de Me Kassoum Tapo, Mouvement pour la Refondation du Mali « MORENA» a également décidé de sursoir sa participation à toutes les activités du Cadre d’échanges ce, jusqu’à ce que le différend qui l’oppose au parti ADEMA soit tiré au clair. Cette posture radicale du Cadre d’échanges envers formation politique (Adéma) dont il tire quasiment toutes sa notoriété et sa légitimité peut paraitre ridicule et suicidaire. En effet, l’ADEMA est la principale vitrine et symbole du mouvement démocratique au Mali.
Juste après sa création contre les prises de pouvoir par la force, le cadre d’échanges a eu, beaucoup de fois, un désaccord de point de vue avec l’ADEMA, concernant la poursuite de la transition en cours au Mali. C’est ce désaccord qui, d’ailleurs, expliquait la distance entretenue par l’ADEMA, au sujet des activités du Cadre. C’est cette même position catégorique qui avait motivé son refus de prendre part aux travaux des Assises nationales de la refondation, malgré la main tendue des autorités de la transition.
Une inflexibilité qui risque grand de leur être fatale
A l’issue d’un séminaire conclu le mercredi 9 février 2022, le Cadre d’échanges a adopté plusieurs résolutions .Parmi lesquelles figure la non reconnaissance du gouvernement de transition à partir 25 mars prochain. Tout comme ADEMA, cette décision va encore diviser les membres de ce regroupement. Dans un communiqué, le Parti Yelema de l’ancien premier ministre Moussa Mara s’est entièrement désolidarisé de cette démarche de non reconnaissance des autorités de la transition. « Le parti YELEMA « le Changement » se désolidarise entièrement de cette déclaration et en conséquence, de la décision de non-reconnaissance des autorités de transition à partir du 25 mars et invite les uns et les autres à demeurer avec l’esprit de mesure et de responsabilité ayant toujours sous-tendu les actions du Cadre dont l’objectif principal demeure la réussite de la transition pour le bonheur du peuple du Mali » notait bien ce communiqué.
Il faut souligner également que cette posture de ne plus reconnaitre les autorités de transition est devenue caduque. Ce, à partir du moment où la charte de la transition a été révisée à l’unanimité par l’organe législatif de la transition (le Conseil National de Transition), le 21 février 2022. Dans la nouvelle charte, la transition prend fin à partir de la tenue des élections crédibles et transparentes. Donc, aucun fondement juridique pour contester cette décision « souveraine ».
Au-delà de cet aspect, une mission du médiateur de la CEDEAO dans la crise malienne, l’ancien président nigérian, Goodluck Jonathan était à Bamako, la semaine dernière, pour tenter de trouver un consensus avec les autorités maliennes sur le délai de la transition. De ce fait, même si aucun accord n’est encore trouvé, il faut reconnaitre que le cadre des partis politiques est déjà boudé. La CEDEAO se dit prête à accepter une prorogation de 12 à 16 de plus. Ce qui va de loin avec les objectifs du cadre. Cette situation affaiblit encore plus la position du cadre d’échanges des partis politiques dans son combat.
Aussi, après l’Adema, le MORENA, il est fort possible que d’autres retraits se fassent dans les jours ou mois à venir, en l’occurrence, le Collectif pour le Développement de la République (CDR) de Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath, un mouvement très proche du président du MOREMA. Le même sort est envisageable avec le parti de l’ancien président de la république, Ibrahim Boubacar Keita, le Rassemblement pour le Mali (RPM).Ce parti est déjà fortement divisé entre les partisans de l’honorable Mamadou Diarassouba qui soutiennent la transition et ceux de Bocary Treta qui suivent le Cadre. Tout cela sans l’éventuel remaniement ministériel à l’horizon qui va véritablement édifier sur l’engagement et le poids politique de cette nouvelle opposition politique.
Issa Djiguiba
Source : LE PAYS