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Surarmement américain dans le Pacifique. L’AIIB, une réponse de la Chine ?

Dans le même temps que les Etats-Unis sont en train de renforcer leur étreinte militaire autour de la Chine (voir notre éditorial L’Amérique prépare une nouvelle guerre du Pacifiquehttp://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=1691&r_id= ), la Chine est en train de se doter d’une machine de guerre défensive susceptible de briser l’encerclement.

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Il ne s’agit pas cependant d’un dispositif militaire proprement dit, mais d’armes relevant des Institutions financières internationales. Celles qui existent depuis des décennies, le FMI, la Banque mondiale notamment, sont dominées par les Etats-Unis et certains pays occidentaux sous leur contrôle. Les autres pays n’y ont qu’un nombre très restreint de parts, et n’ont jamais pu malgré leurs demandes obtenir d’y jouer un rôle plus important.

Au niveau des Banques régionales de développement pouvant intéresser la Chine, il en était de même jusqu’à ces derniers mois. Ainsi les Etats-Unis avaient depuis longtemps initialisé une banque dite Banque asiatique de développement (ADB) principalement au service des investissements américains et de ceux de ses proches alliés sur le Continent. La Chine, pays en pleine croissance et disposant de capitaux de plus en plus importants, ne pouvait en rester là. Elle a donc lancé en octobre 2013 le projet d’une nouvelle banque asiatique, dite Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB) ou Banque asiatique pour le développement des infrastructure. Ce projet s’est officiellement concrétisé en avril 2014, à la suite de l’annonce faite par le Premier ministre Li Keqiang au Forum économique de Boao qui est pour l’Asie l’équivalent du Forum de Davos.

Un vif intérêt

Dès le début, l’AIIB a rencontré un vif intérêt de la part des pays asiatiques. Le capital, fixé initialement à 50 milliards de dollars, a été depuis porté à 100 milliards. Les membres initiaux ont été Chine, Inde, Thailande, Malaysie, Singapour, les Philippines, Pakistan, Bangladesh, Brunei, Cambodge, Kazakhstan, Koweit, Laos, Myanmar, Mongolie, Nepal, Oman, Qatar, Sri Lanka, Uzbekistan, Vietnam, ainsi que le territoire autonome de Hong Kong. Mais l’AIIB a suscité une vive opposition de la part des Etats-Unis, qui y ont vu – non sans raisons – un effort pour diminuer leur influence en Asie. Au termes de négociations qui auraient été semble-il houleuses, l’Australie a renoncé à devenir membre. La Corée du Sud, le Japon et en Europe la Suisse et le Luxembourg, semblent en train d’évaluer le pour et le contre de leur adhésion. On peut penser que les hésitations de ces deux derniers pays ne dureront pas longtemps.

Les raisons avancées par Washington concernant son refus de participer à l’AIIB ou de laisser ses allies participer sont les doutes qu’ils expriment concernant les « standards de gouvernance » et les garde-fous sociaux et environnementaux qui seront imposés à la Banque. Voilà qui s’inspire d’idéaux très honorables, mais il n’est pas certain que les investissements des multinationales américaines dans le monde, ayant toute la faveur de Wall Street, respectent toujours de tels standards.

Il est intéressant de noter que ces derniers jours, Londres, suivi par la France, l’Allemagne et l’Italie, ont décidé de postuler au membership de l’AIIB. Les programmes d’infrastructures envisagés par la Banque intéresseront nécessairement les Européens, qui n’ont pas intérêt à laisser la Chine manoeuvrer seule en ce domaine. Celle-ci, dans le même temps, a fait connaître la volonté du gouvernement de rendre publics et ouverts les processus de gouvernance et les critères de choix en matière d’investissement. On peut espérer que la présence des membres européens précités encouragera les instituions de la Banque à respecter ces consignes.

Nous avons précédemment indiqué que la création de l’AIIB ne remettait pas en jeu l’existence du Fonds monétaire BRICS et de la banque internationale BRICS dont la création sera en principe officialisée au prochain sommet du BRICS à Oufa. Ces nouvelles institutions devraient en principe travailler non en dollars mais dans une monnaie de compte commune aux membres du BRICS. Elles participeront clairement à un effort de dédollarisation du monde, effort bien venu au demeurant, auquel nous l’avons souvent dit la zone euro devrait se joindre. Par contre, dans l’immédiat, l’AIIB utilisera le dollar, compte tenu du fait que celui-ci demeure la référence commune d’une bonne partie de la trentaine de ses membres.

La Chine ne présente évidemment pas la création de l’AIIB comme une arme de destruction massive pacifique destinée à desserrer l’encerclement militaire que lui imposera de plus en plus l’Amérique. Il s’agira au contraire de compléter, affirme-t-elle, le travail accompli par les Institutions financières multilatérales afin d’accélérer le développement des infrastructures dont l’Asie a besoin, tout en confortant son développement économique. Londres, Paris Berlin et Rome l’entendent en effet ainsi. Mais manifestement Washington voit les choses différemment.

Source: mediapart.fr

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