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Sur le vif: Sacrée Sophie Pétronin

Les services de sécurité sont aujourd’hui à la recherche de l’ex-otage française, Sophie Pétronin. L’intéressée, d’après un message du directeur général de la gendarmerie adressé à ses unités, se serait signalée dans la localité de Sikasso. Le patron des gendarmes a instruit donc à des hommes de «la chercher et de la conduire sous bonne escorte au niveau de la direction générale de la gendarmerie nationale».

 

En analysant la situation, on est tenté de se poser plusieurs questions. Qu’est-ce qui motive le retour de l’ex-otage française dans notre pays ? Comment a-t-elle pu franchir les frontières et se retrouver dans le secteur de Sikasso en proie à des attaques répétées des terroristes ? A-t-elle bénéficié de complicités pour passer entre les mailles du filet des services de sécurité ?

Il faut rappeler que le 5 octobre 2020, Sophie Pétronin, une humanitaire française travaillant dans la Région de Gao, recouvrait la liberté après quatre ans de captivité. Elle fut enlevée le 24 décembre 2016 à Gao par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) affilié à Al-Qaïda. Dans le groupe des otages libérés, il y avait également feu Soumaïla Cissé, ex-chef de file de l’opposition et deux ressortissants italiens, Nicola Chiacchio et Pierlugui Maccalli.

Le jour de sa libération, Sophie Pétronin est apparue en djellaba blanche, la tête couverte, laissant apparaître qu’elle s’était convertie à l’islam pendant sa longue détention. à la question d’un journaliste sur ses geôliers, elle a répondu : «Appelez-les comme vous voulez. Moi, je dirais que ce sont des groupes d’opposition armée au régime. Il y a eu celle de 1990. En 1996, ils ont signé des accords de paix. Si nous voulons la paix réellement au Mali, il faut que chacun respecte son engagement».

Lorsque le journaliste revient à la charge avec cette autre question : «Ce ne sont pas des djihadistes, vos ravisseurs ?». «Pourquoi vous les appelez djihadistes, parce qu’ils font le jihad ? Vous savez ce que ça veut dire en français : jihad, c’est guerre», a répliqué Sophie Pétronin.

Les propos de l’ex-otage étaient pour le moins troublants à la limite choquants quand on sait tous les efforts, tous les sacrifices que notre pays a consentis pour sa libération. Même les autorités de son pays n’étaient pas non plus à l’aise.

En attendant de savoir les vraies raisons du retour de Sophie Pétronin au Mali, on peut tout de même épiloguer sur ses liens avec ses anciens ravisseurs. En effet, en quatre ans de captivité, il peut se passer beaucoup de choses. Après sa conversion à l’islam, l’ex-otage française semble, en tout cas en analysant ses propos controversés, avoir pris fait et cause pour les djihadistes qui sont de fins manipulateurs.

Comme Sophie Pétronin, d’autres ex-otages avaient gardé le lien avec leurs ravisseurs à l’image de Béatrice Stöckli. Cette Suissesse a été kidnappée par les terroristes pour la deuxième fois en 2016 dans la Région de Tombouctou. Elle a été tuée finalement par ses ravisseurs en octobre 2020, d’après un communiqué du ministère des Affaires étrangères suisse. Le double enlèvement entraînant son exécution a soulevé des interrogations qui sont toujours sans réponse.

Les terroristes font sans doute du «lavage de cerveau» sur les personnes qu’ils enlèvent. Ce ne sont pas les ex-otages qui diront le contraire. Notre confrère Issiaka Tamboura, enlevé le 27 décembre 2018 dans la Région de Mopti, puis libéré avec le préfet Makan Doumbia, en mars 2019, a, lors d’une conférence de presse, invité le public à bien analyser la mentalité de ces groupes armés terroristes.

Avec leurs vidéos de propagande largement diffusées sur les réseaux sociaux, les organisations terroristes sont parvenues à grossir leurs rangs à travers le monde. Le cas du groupe Daech ou État islamique (EI) en est une parfaite illustration. Ses leaders ont pu recruter beaucoup d’Occidentaux qui ne sont pas forcément d’origine maghrébine avec leurs images de propagande. L’Organisation ultra-radicale sunnite, ayant connu un essor fulgurant de 2014 à 2019 en Irak et en Syrie, se signale toujours avec des attaques meurtrières.

En s’intéressant de près au cas de Sophie Pétronin, on se demande ce qui l’a réellement poussée à revenir au Mali. S’agit-il de continuer ses œuvres humanitaires dans un pays en crise depuis plus d’une décennie ? A-t-elle des accointances avec ses anciens ravisseurs ? Autant de questions qui préoccupent nos compatriotes.

Espérons que les services de sécurité réussiront à l’intercepter avant qu’elle ne rentre en contact avec les groupes terroristes. Nul ne sait quel dessein l’anime en décidant de revenir dans notre pays.

Madiba KEÏTA

Source : L’ESSOR

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