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STATUT SOCIAL DES FEMMES MALIENNES Un combat mal parti !

L’une des caractéristiques fondamentales du 21e siècle est l’ampleur que prend le combat pour l’émancipation des femmes de par le monde. Mais cette lutte laisse encore à désirer par le défaut d’implication des femmes rurales ; une implication sans laquelle cette bataille est appelée à faire échec. La gent féminine dans les zones rurales est la proie à de multiples systèmes de violations des droits des femmes.

Depuis des années, nous assistons de part et d’autre dans le monde à un combat non moins salutaire pour la reconnaissance des droits des femmes. Chaque pays à son niveau déploie les moyens à sa disposition pour se conformer aux clauses qu’il a ratifiées en ce sens. Le Mali n’est pas resté à la traine. C’est l’un des pays qui se bat pour la défense des droits de celles que la société a toujours considérées comme des êtres secondaires, des laissées-pour-compte. Cela peut bien se voir par les nombreuses tentatives dans différents domaines de veiller aux quotas basés sur le genre.

Malheureusement, nous avons encore l’impression que rien ne bouge dans ce domaine, dans la mesure où les femmes continuent à être la proie à des atrocités dans le pays. Les violences contre la gent féminine ne faiblissent point, notamment dans les zones rurales où le seul droit qui règne est celui du plus fort. Pour rappel, en 2018, le Mali n’a-t-il pas été classé parmi les pays les plus dangereux à vivre pour les femmes en raison de la hausse de la violence sexuelle ? Dans les zones rurales du Mali, nous pouvons qualifier les femmes comme les grandes oubliées de la République. La femme continue d’être vue comme un simple objet de jouissance dont le rôle se résume fondamentalement à la procréation, ainsi qu’à supporter les charges familiales.

Nonobstant tout ceci, ces femmes rurales sont nombreuses à recevoir encore les coups de fouet de leur mari souvent jusqu’à aboutir à leur blessure. Telle est le cas de cette vieille dame que nous avons rencontrée dans un village et qui se nomme A.F. Aux dires de cette dame de la quarantaine, ça fait plus de trente ans qu’elle se trouve mariée à un vieux fonctionnaire, mais depuis le mariage jusqu’à nos jours, la seule chose qu’elle a connue est le fouet. Quand nous la rencontrions, elle était encore sous le choc des traces des coups de fouet que ce vieux fonctionnaire à la retraite ne cesse jusque-là de lui administrer, pendant qu’ils ont de grands garçons et des filles ayant leur propre foyer.

Combien sont-elles de femmes dans cette situation, notamment dans nos coins reculés ? Pour les jeunes filles, n’en parlons pas ! Car elles sont nombreuses à être forcées d’abandonner les études pour question de mariage. C’est dans ce cadre que nous sommes rentrés en contact avec un enseignant de la région de Kayes, nous l’appellerons S.M. Celui-ci nous a fait état d’un de ses combats sans issue dans cette localité, contre le mariage d’une jeune fille du premier cycle que les parents ont forcé à abandonner les études pour se marier à un homme qu’elle n’aimait nullement. Ces situations sont assez répétitives dans nos zones rurales et cela pendant que les femmes pensent qu’elles sont sur le point de réussir leur combat.

Ce problème reste en grande partie lié au fait que ces femmes rurales restent également oubliées par leurs camarades urbaines dans la lutte pour l’émancipation. Pour s’assurer d’un véritable combat à la réussite exponentielle, il conviendrait d’impliquer davantage ces rurales dans le combat en les faisant découvrir leurs droits pour hisser leurs connaissances des problématiques genres, au même niveau que celles des autres.

Pour ce faire, il faudrait organiser de grandes campagnes de sensibilisation en langues nationales, des festivals ainsi que des émissions radiophoniques avec la participation effective de ces femmes rurales. Leur implication dans ce combat pourra lui assurer un meilleur avenir, s’il est vrai que « c’est l’union qui fait la force ». D’aucuns pourront se dire, à ce niveau, que les traditions constitueront un grand obstacle à l’émancipation de ces zones rurales, mais il conviendrait de comprendre que rien ne résiste devant une forte coalition d’êtres humains dotés d’une seule volonté : la conviction de mieux réussir.

Fousseni TOGOLA

Source: Le Pays

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