Les élections présidentielles d’après la transition politique, en 2022, s’annoncent palpitantes au Mali. Le marigot politique bouillonne de sorties politiques. D’un côté, l’ex-chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, de l’autre l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga.
Issus du creuset politique ADEMA-PASJ, les deux hommes dirigent leur parti politique respectif, Soumaïla pour l’URD et SBM pour l’ASMA-CFP, comme en a décidé le destin. Mais tous deux sont tourmentés par le fauteuil de Koulouba. Il faut l’occuper à tout prix.
Au moment où le Malien lambda cherche de quoi ruminer sous une transition politique pétrie d’incertitudes, le président de l’URD et celui de l’ASMA se sont lancés dans un duel à distance, qui ne dit pas son nom. Si le second se félicite de la libération du premier, tous deux sont conscients que cadeau, il n’y en aura pas sur le champ politique. Les deux politiques abattent leurs cartes, prenant ainsi une longueur d’avance sur les autres formations politiques.
Aussitôt libéré de sa situation d’otage, Soumi n’a pas observé de repos avant d’investir les médias. Ses multiples sorties médiatiques frisent la pré-campagne pour les présidentielles à venir. Partout à Bamako, les panneaux publicitaires véhiculent le message. Parallèlement, une opération de lobbying auprès de ses partenaires, qui l’a conduit en Europe, se déroule placidement comme si l’enfant de Niafunké n’a pas passé six aux mains des ravisseurs dans le désert malien.
SBM, de son côté, a opté pour la proximité. Il marque déjà le terrain. Le samedi 17 octobre dernier, il a « renoué avec les visites de proximité » en se « rendant dans la commune rurale de Benko dans le cercle de Dioila ». Là, il a eu des rencontres avec les acteurs sociaux, notabilités, autorités religieux et procédé à « une remise de médicaments au CESCM de Koni ».
Si les élections générales sont maintenues en 2022 pour sortir le pays des labyrinthes de la transition, le président de l’ASMA-CFP reste un candidat potentiel, un challenger véritable de Soumaïla Cissé qui, autre, reste aujourd’hui, en l’absence de IBK, le favori. Après plusieurs échecs aux présidentielles, dont ceux de 2013 et 2018 face à IBK, le président de l’URD se voit en pole position.
Certes, les antécédents politiques entre les deux hommes ne datent pas d’aujourd’hui. En 2002, Soumaïla Cissé et Soumeylou Boubèye Maïga, tous deux membres du comité exécutif de l’ADEMA-PASJ, se sont livrés à un duel de titan lors des primaires pour choisir le porte-étendard du parti pour les présidentielles. Soumi finira par l’emporter, il est alors investi candidat du parti, mais n’aurait pas eu, selon certaines sources, le soutien soutenu et attendu de Soumeylou Boubèye Maïga. La plaie sera encore plus profonde en 2018 avec les élections présidentielles. SBM, alors Premier ministre, n’a pas laissé la tâche facile à Soumaïla Cissé face à un IBK, réélu Président de la République.
Mais duel Soumi –SBM peut se transformer en duo pour gérer le pays. En effet, en politique, les ennemis d’hier peuvent devenir des associés aujourd’hui. Surtout que les deux dinosaures politiques se connaissent sous les couleurs de l’ADEMA. Il y a un peu plus d’un an, les deux hommes se sont rencontrés, la nouvelle avait défrayé la chronique. Les supputations les plus folles ont prédisent une alliance entre l’URD et l’ASMA-CFP pour 2023. Malheureusement, le coup d’Etat contre le régime démocratiquement du Président Kéita a changé la donne. Les élections présidentielles auront lieu plus tôt que prévu, si la feuille de route de la transition dirigée par Bah N’Daw est respectée.
D’ici 2022, il y aura certainement une reconfiguration politique. Déjà, le PARENA de Tiébilé et la CODEM de Housseini Amion Guindo ont donné le ton depuis quelques jours. D’autres formations politiques vont leur emboiter le pas. Espérons si l’URD et ASMA-CFP feront pareil.
Source: DACK/Icimali