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«Souls», Olivier Dubois et le mouvement des âmes

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Les pas des âmes laissent des traces sur le sable. Après la création en Égypte, Olivier Dubois présente sa nouvelle pièce Souls jusqu’à ce samedi 18 janvier dans le cadre du Festival Faits d’hiver au Tarmac à Paris. Une traversée de la vie et de la mort réalisée par six danseurs africains de six pays différents, orchestrée par l’un des chorégraphes les plus réputés de la danse contemporaine.

La naissance du monde chorégraphié par Olivier Dubois nous invite à méditer sur des corps allongés qui nous tournent le dos sur une scène en sable fin. Et puis il y a ce petit craquement qui se mue en bruit infernal et rythme frénétique, un peu comme des tambours lointains devenus fous. Pendant de longues minutes, les corps restent immobiles. C’est notre esprit qui se met à vagabonder et à voyager. Un big-bang chorégraphique d’Olivier Dubois pour retrouver « le ‘danser’ originel » : « La danse est peut-être le mouvement des âmes, explique le chorégraphe. Cette pièce Souls est nourrie de morts. Elle place au cœur de son enjeu la vie en disant que par la mort j’affirme mon vivant. »

Le sable vierge

Un son strident nous amène soudainement au premier geste, un micro-mouvement d’une main corps ensablée. Les autres corps suivent, déplacent leurs torses, se chevauchent, se dépassent… Pas à pas, le sable vierge devient terrain de création et de bataille. Cette transformation passe par les corps et les âmes des six danseurs venus de l’Afrique du Sud, du Maroc, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, de l’Égypte et de la République Démocratique du Congo. « C’est vraiment un ensemble qui véhicule un message, remarque le danseur ivoirien Jean-Paul, 27 ans. Et puisque le travail tourne autour des âmes, il fallait tout de suite substituer son corps à l’âme et l’âme au corps. Il fallait être entre les deux et être en communion avec les autres pour mieux véhiculer ce qu’on avait à dire. »

Les porteurs du poids du destin

À un moment, les corps se mettent à rouler de plus en plus vite et finissent à se mettre debout. Un mouvement en cercle spectaculaire. Des corps à la conquête de l’espace. Des corps-unités et des corps-groupes qui s’unissent, se regardent, s’affrontent, se reconstituent, s’épaulent. L’un porte l’autre, à la verticale et à l’horizontale : l’exploit corporel se transforme en expérience métaphysique. « Dans Souls, j’ai le même rôle que tout le monde, celui du porteur du poids du destin, explique le jeune danseur congolais Djino Alolo Sabin, 24 ans. Au-delà du fait qu’on est en train de porter le poids du destin de toute l’humanité, chacun d’entre nous est en train de porter son propre poids du destin à lui. »

La marche

Les six corps tâtonnent l’enjeu abstrait. À quoi assiste-t-on ? Est-ce une longue et lente marche vers la vie ou la mort qui commence là ? Les pas sont comptés et contés. Ils avancent dans un espace-temps hors norme creusé par cette chorégraphie qui refuse de danser et nous subjugue quand même. Il y a quelques moments qui tournent dans le vide, quelques pas trop prévisibles, mais l’essentiel ne quitte jamais la scène : l’esprit des âmes, essoufflées comme les danseurs qui nous regardent à la fin.

rfi

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