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Sortir du Franc CFA: Outre la politique, il faut une préparation technique, souligne une experte

“Il n’y a aucune raison pour que les pays africains continuent à subir la camisole de force du Franc CFA ou de son probable avatar l’Eco”, affirme à L’Afrique en marche Nicole Ngo Banolok R, ex-PDG d’une banque panafricaine. Elle analyse également le fonctionnement et la résilience du système bancaire africain dans le contexte mondial actuel.
“Après la crise financière de 2007-2008, les autorités africaines ont renforcé leur contrôle sur les banques”, rappelle à Radio Sputnik Afrique Nicole Ngo Banolok R, directrice générale de Green Money Consulting au Cameroun, ex-PDG d’une banque panafricaine.
Par ailleurs, elle avertit que dans la crise actuelle, suite à la faillite des banques américaines, c’est “en termes économiques que les pays africains seront touchés à cause de la faiblesse des économies locales, qui ne produisent pas les biens de consommation agricoles, agroalimentaires et industriels. Étant donné que la plus grande part des biens de consommation et d’équipement sont importés de l’étranger, notamment d’Europe, les pays africains vont certainement subir de plein fouet l’inflation qui frappe beaucoup de régions dans le monde”.
À ce jour, les États d’Afrique souffrent du manque d’infrastructures de base, de systèmes de santé viables et de systèmes d’éducation et de recherche scientifique et technologique performants. Pour qu’il y ait un développement de l’agriculture et de l’industrie, le continent a besoin de beaucoup d’eau et d’énergie, et en urgence.
Pour Madame Ngo Banolok R, “les banques africaines ne participent pas au financement de projets structurants et industriels dont le retour sur investissement n’est attendu qu’à moyen et long termes, à cause de la faiblesse de leurs fonds propres qui les obligent à faire des prêts uniquement à court terme”.
Ceci, selon elle, met les économies africaines “à la merci des banques internationales qui elles seules disposent de ce genre de fonds. Mais malheureusement, ces banques préfèrent pour une grande partie de leurs activités en Afrique financer la consommation plutôt que la production”.
Le Franc CFA (pour Colonies françaises d’Afrique) a été créé par le général de Gaulle le 26 décembre 1945, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Pour remplacer cette monnaie considérée par beaucoup comme un outil des colonisateurs qui empêche encore le développement de l’Afrique, les États ouest-africains ont mis sur pied l’idée de la création d’une nouvelle monnaie, l’Eco. Étant donné que le Franc CFA est toujours adossé avec une valeur fixe à l’euro, ce n’est pas seulement la France qui profite du pillage de l’Afrique, mais toute l’Union européenne. La chute de l’euro dans le sillage de la crise ukrainienne a non seulement eu des répercussions inflationnistes graves sur les économies de la zone CFA, mais a même fait exploser les dettes libellées en dollars de ces pays.
“Il n’y a aucune raison pour que les pays africains continuent à subir la camisole de force du Franc CFA ou de son probable avatar l’Eco, dont rien n’a changé dans le fond par rapport au Franc CFA”, affirme l’interlocutrice de L’Afrique en marche, rappelant que ce système “est pour beaucoup responsable du sous-développement de l’Afrique et du pillage de ses ressources”. Ainsi, pour elle, “il est impératif d’en sortir au profit d’un panier de devises, notamment celles des pays des BRICS, mais avec des pas sûrs et bien calculés afin d’éviter toutes conséquences fâcheuses pour les économies africaines”.

Source: https://fr.sputniknews.africa/

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