Le chérif de Nioro a reçu le jeudi dernier la délégation de l’imam Dicko à son domicile où il a été on ne peut plus clair sur sa position dans le combat contre le régime. Il affirme que sa position n’a pas changé contre IBK, mais qu’il n’est pas avec le M5. Selon lui, il ne peut pas composer avec un groupe dont certains membres lui manquent du respect.
L’imam Mahmoud Dicko accompagné d’une délégation restreinte du M5-RFP comprenant Choguel Kokalla Maiga, président par intérim du FSD et Mohamed Salia Touré, président de la jeunesse de la CMAS, s’est rendu à Nioro du Sahel. C’était le jeudi dernier. La mission a été chaleureuse accueillie par des fils du chérif et de ses fidèles puis conduite au domicile du chef religieux.
Après les salamalecs, le chérif de Nioro, Mohamed Ould Cheickné dit Bouyé, s’est entretenu avec la délégation pendant plus de cinq heures sur la situation socio-politique. La rencontre a pris fin tard dans la nuit.
Au cours de ces échanges, le chérif n’a pas fait de cadeau aux responsables du M5. Comme à ses habitudes, il a dit ses quatre vérités à la mission sous réserve de l’amitié et de la considération qu’il éprouve envers Mahmoud Dicko et Choguel Kokalla Maiga.
Contrairement à des informations relayées sur les réseaux sociaux, le leader n’a pas affirmé son soutien au régime ni au gouvernement. En clair, sa position n’a pas varié. Il clame être toujours un opposant au régime. Mais cette fois-ci, le ton s’est durci contre le Mouvement du 5 juin rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), malgré son estime pour l’imam Mahmoud Dicko, autorité morale dudit mouvement. Au fait, les récentes déclarations des militants du M5 contre lui et son fils Moulaye Oumar ont rendu sa position radicale contre le mouvement de contestation qui exige le départ du président IBK, depuis le 5 juin dernier.
En effet, le chérif de Nioro s’est indigné des propos discourtois tenus par des membres du M5, dont ceux du camp, de Cheick Oumar Sissoko contre lui et des membres de sa famille. Selon lui, pour ses convictions et pensées, on ne doit pas s’en prendre à sa famille gratuitement.
« Je ne m’attendais pas à cela. Je n’ai rien fait de mal qui pouvait justifier ces comportements contre moi. J’ai juste donné mon point de vue en déconseillant le M5 de ne pas avoir une seule revendication, la démission du président IBK ou rien. Je ne pensais pas que cela allait me coûter toutes ces insultes », s’est-il étonné d’un ton colérique. Il estime que personne n’a le droit d’être bafoué, dans sa dignité, à cause de ses convictions. Pour cette raison, il a déclaré avoir pris ses distances avec le mouvement de contestation.
« Je ne soutiens pas le M5 pour nous avoir manqué du respect. Désormais, qu’il sache que nous ne sommes plus ensemble. Je ne suis plus avec eux », a insisté le chérif de Nioro. Alors, sans équivoque, il indique qu’il ne s’associera à aucune mobilisation de contestation du M5. Donc, le divorce est consommé entre Mohamed Ould Cheicknè Haidara et le M5-RFP. Pour rien au monde, il ne risquera sa vie et celle de ses enfants pour une lutte politique.
« S’il s’agit de défendre la religion, je sacrifierai ma vie et de celle de mes enfants, mais pas pour autre chose », a ajouté le leader des hamallistes.
Par ailleurs, il a rappelé être le premier à déclarer ouvertement son soutien en faveur de l’élection du président IBK en 2013. À l’époque, peu de personnes assumaient publiquement leur choix. Pour atteindre l’objectif, il a affirmé injecter de centaines de millions de FCFA pour la victoire de cet homme à la magistrature suprême du Mali.
« Je n’ai pas connaissance de quelqu’un d’autre qui a fait publiquement ce que j’ai fait en termes de soutien pour l’élection du président IBK », lance-t-il le défi.
Et maintenant, ceux qui s’agitent contre le régime ont entamé ce combat après lui.
« Avant les mouvements de contestation, j’ai déclaré, depuis 2018 mon opposition à IBK. Parce que le président s’est montré incapable de gérer le pays. Donc, je ne peux en vouloir à personne de demander son départ, mais que les choses se passent sans violence », a-t-il indiqué. Malgré les tentatives de IBK de le corrompre, sa position n’a pas fléchi, a précisé le chérif de Nioro. Aussi, il s’est dit offusqué et sidéré que lui et des membres de sa famille soient insultés pour leur conviction. Surtout, ajoute-t-il, qu’il n’est pas obligé de suivre un groupe ou une personne. Au regard de ces faits, Bouyé dit n’avoir de leçon à recevoir de qui que ce soit dans le combat contre le régime IBK.
Profitant de l’occasion, il a jeté le caillou dans le jardin des hommes politiques qui cherchent à créer des divisions entre des leaders religieux, selon lui. Ils ont failli, c’est pourquoi ils s’allient aux religieux pour mener un combat politique. Or, au moment où les religieux avaient besoin d’eux, ils étaient abonnés absents (en faisant allusion à la lutte contre le code de la famille).
« Vous (les hommes politiques) avez été incapables de vous unir, maintenant vous voulez opposer les religieux. Mahmoud Dicko est mon ami, ils n’arriveront pas à nous diviser », a déclaré Bouyé Haidara.
Par Sikou BAH
Source : INFO-MATIN