Lors du prochain sommet entre l’UE et l’UA, la question de la stratégie de riposte à la présence chinoise planera lors des discussions officielles et informelles. Le contexte, les enjeux et des positions diversifiées influenceront les conclusions des échanges.
Alors qu’on se rapproche du sixième sommet entre l’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA) qui se tiendra les 17 et 18 février prochains, la question du financement de la riposte européenne face à la progression chinoise en Afrique reste encore un mystère pour de nombreux observateurs. Lors du sixième Forum Chine-Afrique de novembre 2021, Xi Jinping, le président chinois, a annoncé une série d’engagements d’une valeur globale de 340 milliards $ au moins sur la période de 2022 à 2025.
Dans le détail, le leader chinois a promis à ses pairs africains d’effectuer des importations pour 300 milliards $, 3 engagements de 10 milliards $, annoncés chacun pour soutenir diverses formes d’investissement. Ces montants ne prennent pas en compte la part de l’initiative « La route de la soie » ayant pour objectif de renforcer la coopération commerciale dans la région.
Pour sa part, la Commission de l’UE a indiqué vouloir mener les discussions avec ses partenaires africains, en conformité avec la communication conjointe intitulée « Vers une stratégie globale avec l’Afrique » qui a ses yeux, constitue « une excellente base pour instaurer un nouveau partenariat ambitieux avec l’Afrique ». L’agence d’information financière Bloomberg a mentionné le chiffre de 20 milliards d’euros par an, citant des sources proches du dossier.
Mais il est difficile de s’avancer sur un montant. La France avec son président Emmanuel Macron qui assure la direction tournante de l’UE a, ces deux dernières années, plaidé pour une mobilisation plus conséquente des ressources financières pour l’Afrique et une action plus concertée des partenaires européens. Jusqu’ici, la seule avancée a été l’émission de nouveaux droits de tirage spéciaux du FMI, initialement destinés à être remis aux pays qui ont besoin de ressources. Xi Jinping a indiqué vouloir renoncer à 10 milliards $ au profit de l’Afrique, mais on n’a peu d’information sur l’évolution des choses et la répartition aussi bien pour les Chinois que les Européens.
Quant à la coordination, la France milite pour diriger les opérations, mais de nombreux pays de l’UE n’ont pas une convergence de vue sur le dossier. L’Allemagne a son propre processus « Compact With Africa » et d’autres pays n’ont pas encore adopté leurs budgets et préfèrent attendre avant de se prononcer, selon des spécialistes cités par Bloomberg.
Aussi, les discussions seront rendues complexes par une série de situations potentiellement conflictuelles. Face à la covid-19, la Chine a réagi bien plus vite que les partenaires européens, aussi bien pour les vaccins que pour la question de la dette. De même, la fermeture unilatérale des frontières aux ressortissants africains alors que l’Afrique dans son ensemble a le plus faible nombre de contaminations n’a pas été appréciée par plusieurs dirigeants. La crise au Sahel, un des éléments de la feuille de route européenne en Afrique, est en train de s’enliser. Par ailleurs, dans les discussions à l’ordre du jour du prochain sommet, des questions comme la liberté de sexe sont au programme. Un sujet qui divise les opinions publiques.
Enfin, les engagements européens seront discutés avec comme président des séances, la France, où la prochaine élection présidentielle met en avant avec parfois beaucoup de passion, la question de l’immigration et la présence militaire dans le Sahel et l’Afrique de l’Ouest en proie à des coups d’Etat militaires qui renversent des gouvernements légitimes jugés incompétents, et surtout trop proches de Paris.
Source : Agenceecofin.com