Les dirigeants sahéliens sont réunis à Nouakchott depuis hier pour réfléchir sur les défis auxquels les systèmes éducatifs sont confrontés et envisager les mesures urgentes à prendre d’ici 2030
Le Sahel de demain se construit à l’école d’aujourd’hui. C’est ainsi qu’on pourrait résumer les différentes interventions qui ont meublé hier la cérémonie d’ouverture du sommet entre les pays du G5 Sahel et la Banque mondiale sur l’éducation au Sahel tenue au Palais des congrès de Nouakchott. C’était en présence du Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga.
Cette rencontre intervient après la publication du Livre-blanc sur l’éducation au Sahel, une étude-diagnostic consacrée aux défis auxquels les systèmes éducatifs de la région sont confrontés, et aux mesures urgentes à entreprendre, d’ici à 2030. Ce, pour lutter contre la pauvreté des apprentissages à travers l’accroissement des investissements pour le développement du capital humain.
Le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre a admis que dans les pays du Sahel les progrès réalisés au cours des 20 dernières années sont impressionnants. Toutefois, exhortera Ousmane Diagana, il est impérieux de mettre l’accent sur l’inclusivité en prenant surtout en compte les filles et les enfants du milieu rural.
Lors de l’ouverture de la réunion, le président de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Ould Ghazouani a indiqué que la mise en place de systèmes quantitativement et qualitativement performants aura des impacts positifs sur les défis multiformes auxquels font face les pays du Sahel. Vantant les retombées de la mutualisation des moyens, l’hôte du sommet a plaidé pour la création d’une Alliance pour l’éducation au Sahel.
Pour le président du Niger, Mohamed Bazoum, en dehors de la question sécuritaire, le sujet qui mérite plus une discussion entre les chefs d’État du Sahel est celle de l’éducation.
Pour sa part, le Premier ministre a souligné que le Livre-blanc identifie trois objectifs en matière d’éducation sur lesquels il convient d’agir urgemment. Il s’agit de la réduction de la pauvreté des apprentissages ; de l’accroissement de l’éducation des filles et de l’augmentation du taux d’alphabétisation des adultes. L’état des lieux de ces objectifs dans le cas du Mali présente un tableau peu reluisant, concédera Dr Choguel Kokalla Maïga.
À titre illustratif, en 2019, le pourcentage d’enfants âgés de 10 ans ne sachant pas lire correctement s’élève à près de 91%.
Selon le chef du gouvernement, outre les défis structurels auxquels le Mali est confronté, il y a lieu de mesurer, à sa juste valeur, l’impact négatif des déficits conjoncturels comme la pandémie de la Covid-19 et la crise sécuritaire. Depuis huit ans, rappellera-t-il, des pans entiers de notre territoire sont investis par des groupes terroristes pour lesquels l’éducation nationale et les autres formes de représentation de l’État républicain sont des cibles de premier ordre.
«En effet, le contexte sécuritaire difficile a entraîné la fermeture ou la destruction de près de 1.600 écoles dans le Nord et le Centre du Mali», a alerté le Premier ministre. Cette situation, a-t-il déduit, a eu pour conséquences la déscolarisation de plus de 478.000 enfants affectés par la crise et privé de leurs droits à l’éducation. De même, 9.570 enseignants, touchés par la menace terroriste, sont éloignés de leur lieu de travail et sont plongés dans le désœuvrement.
Selon le chef de l’administration, les réalisations les plus récentes dans notre pays qui attestent d’une forte volonté politique sont le processus d’intégration des écoles coraniques dans le système éducatif formel, la réhabilitation en cours de plus de 2.000 salles de classes à l’initiative du président de la Transition. Le gouvernement a également consenti des efforts notables pour l’amélioration des conditions de travail des enseignants.
La projection d’un film sur les enjeux de l’éducation au Sahel, la présentation du Livre-blanc sur la même thématique et la signature de la «Déclaration de Nouakchott» ont été les moments forts de la cérémonie d’ouverture.
Le Premier ministre est accompagné par les ministres de l’Éducation nationale, Sidibé Dedeou Ousmane, de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou.
Envoyé spécial
Massa SIDIBÉ
Soutien réaffirmé de la Banque mondiale
En marge de sa visite à Nouakchott, le Premier ministre a reçu en audience, dimanche matin, à la villa des hôtes, une délégation de la Banque mondiale conduite par le vice-président de l’institution pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, Ousmane Diagana.
À sa sortie d’audience, Ousmane Diagana a rappelé que le Mali, qui est en crise, enregistre beaucoup d’écoles fermées et des populations déplacées.
«Nous avons aussi échangé autour de cela pour créer les conditions de réformes et d’investissements propices pour la réouverture des écoles», a rassuré Ousmane Diagana. L’éducation est une priorité pour la Banque mondiale.
Donc, au centre des stratégies et des interventions de l’institution dans notre pays, il y a toujours la mobilisation des ressources et l’accompagnement technique pour que l’éducation soit véritablement le socle sur lequel le développement doit s’asseoir.
M. S.
Source : L’ESSOR