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Sommet du Commonwealth au Rwanda : les enjeux

ÉVÉNEMENT. Alors que le pays des mille collines veut faire de ce rendez-vous une vitrine, la rencontre intervient à un moment charnière pour l’organisation.

es drapeaux aux couleurs du royaume, de l’Australie, de l’Inde, de l’Afrique du Sud flottent dans les grandes artères de Kigali. Les dirigeants des 54 pays du Commonwealth se retrouvent au Rwanda cette semaine pour leur premier sommet depuis 2018 et leur premier en Afrique depuis 2007. C’est également la première fois que la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth (Chogm) soit près de 5 000 délégués, est organisée par un « nouveau » membre du Commonwealth. En effet, le Rwanda n’a jamais été une colonie britannique, mais a volontairement rejoint l’organisation en 2009.

 

 

Une réunion très attendue

Le sommet, initialement prévu en juin 2020, mais reporté à plusieurs reprises en raison de la pandémie, doit « renforcer la coopération multilatérale, explorer de nouvelles opportunités et adresser des défis communs pour le bien-être des générations futures ». Un projet ambitieux pour un Commonwealth dont le rôle et la pertinence sont de plus en plus remis en question, à une période de transition pour la monarchie britannique et de remise en question du passé colonialiste.

Le Commonwealth, dont la reine Elizabeth II est la cheffe, est une association de 54 États membres dont 15 royaumes, souvent anciens territoires de l’Empire britannique. L’organisation recouvre 2,6 milliards d’individus, soit un tiers de l’humanité.

La monarque de 96 ans a toujours présidé la réunion des chefs de gouvernement depuis son arrivée sur le trône en 1952, mais sera pour la première fois cette année remplacée par son fils le prince Charles pour les rencontres au sommet prévues vendredi et samedi. L’héritier du trône, qui effectue sa première visite au Rwanda, doit rencontrer des survivants du génocide de 1994, au cours duquel 800 000 personnes ont été tuées, selon l’ONU, principalement issues de la minorité tutsi.

Ses faits et gestes seront observés de près en raison des critiques qu’il aurait formulées, selon le journal The Times, à l’encontre du projet, qualifié de « consternant », du gouvernement britannique d’expulser au Rwanda des demandeurs d’asile. Les premiers départs ont été annulés au dernier moment la semaine dernière par la justice. De quoi laisser présager une entrevue gênante avec le Premier ministre britannique Boris Johnson, fervent défenseur du dispositif et également attendu à Kigali.

Le projet gouvernemental, qui prétend freiner les traversées illégales de la Manche en se déchargeant de la responsabilité d’accueil des demandeurs d’asile, est critiqué autant par les associations de défense des droits humains que par l’ONU. « Les États membres du Commonwealth doivent saisir l’opportunité présentée à Kigali pour dénoncer cet accord inhumain et faire pression sur le Royaume-Uni et le Rwanda pour mettre fin » au dispositif, a insisté Deprose Muchena, directeur d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et du Sud.

D’autant que le sommet intervient alors que des voix s’élèvent au sein du Commonwealth pour abandonner la monarchie, suivant l’exemple de la Barbade, devenue une république en novembre.

En mars, le prince William, petit-fils de la reine, a effectué une tournée chahutée dans les Caraïbes, critiquée pour ses relents colonialistes. Des reproches qu’a aussi essuyés le prince Charles lors d’une visite au Canada quelques semaines plus tard. « La nouvelle génération veut remettre en question l’histoire de l’Empire britannique, ce qui est une bonne chose », a estimé récemment Meghnad Desai, économiste britannique et ancien homme politique travailliste.

 

Le Rwanda, un 54e membre qui interroge encore

À Kigali, les écoles de la capitale rwandaise sont fermées et de nombreuses routes sont bloquées, tandis qu’un important dispositif de sécurité a été mis en place. Des drapeaux des pays du Commonwealth flottent à l’aéroport et le gouvernement local a multiplié les vidéos de communication à l’international pour redorer son image.

Le choix du Rwanda pour accueillir le sommet est controversé. Le pays dirigé par Paul Kagame depuis la fin du génocide de 1994 est régulièrement accusé par des ONG de réprimer la liberté d’expression, les critiques et l’opposition politique. « Le Rwanda ne respecte pas les valeurs du Commonwealth, de la démocratie, de l’état de droit, les droits humains, la liberté d’expression », a énuméré auprès de l’AFP Victoire Ingabire, la leader de l’opposition au Rwanda. Il y règne un « climat de peur », loin de l’image que cherche à donner le pays, ont estimé une vingtaine d’organisations de la société civile début juin, dénonçant la multiplication des disparitions forcées, des détentions arbitraires, de la torture et des exécutions extrajudiciaires. « Le silence du Commonwealth sur les droits humains au Rwanda risque de saper le mandat de l’organisation dans ce domaine, ainsi que son intégrité et sa crédibilité », ont prévenu les ONG.

Le contexte est d’autant plus complexe que Kigali est accusé par son voisin, la République démocratique du Congo (RDC), de soutenir la rébellion du Mouvement du 23-Mars (M23), qui a récemment repris les armes dans l’est de cet immense État d’Afrique centrale, réveillant de vives tensions entre les deux pays. En amont du sommet, Kinshasa par la voix de son président Félix Tshisekedi a appelé le Premier ministre britannique à faire pression sur Paul Kagame pour le convaincre de cesser son « agression ». À l’issue de ce sommet de Kigali, le président rwandais assurera la présidence executive de l’organisation du Commonwealth pour les deux prochaines années.

Par  (avec AFP)

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