La Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement s’est réunie à quelques jours du 40è anniversaire de l’organisation. Une occasion de mesurer le chemin parcouru et les défis à relever

La 47è session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) s’est tenue hier au Centre international des conférences d’Accra.
La cérémonie d’ouverture était présidée par le chef de l’Etat ghanéen, John Mahama Dramani, le président en exercice de l’organisation. Cette session a enregistré la présence de la quasi-totalité des chefs d’Etat dont le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta. Celui-ci était arrivé dans la capitale ghanéenne lundi après-midi. Seuls les présidents guinéen et gambien étaient absents à l’ouverture des travaux qui a été marquée par deux discours essentiels : l’allocution de bienvenue du président ghanéen, hôte de la conférence, et celle du président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo.
John Mahama Dramani a remercié ses pairs et hôtes, avant de souligner le caractère historique de ce 47è sommet qui se tient à quelques jours seulement du 28 mai, date du 40è anniversaire de la création de la CEDEAO. Saluant les progrès réalisés par la Communauté depuis 1975, il a souligné que celle-ci a donné la possibilité aux citoyens de se déplacer sans difficultés particulières dans notre espace, une situation que la carte d’identité biométrique va davantage conforter. Par ailleurs, il a attiré l’attention sur le fait qu’à la création de l’organisation en 1975, très peu d’Etats membres étaient dirigés par des présidents démocratiquement élus alors qu’aujourd’hui, les dirigeants sont élus conformément au protocole de la CEDEAO.

UNE ANNEE DIFFICILE. Le chef de l’Etat ghanéen a noté combien l’année écoulée avait été difficile dans notre sous-région à cause notamment de la maladie à virus Ebola qui a fait des milliers de victimes. Il a saisi l’opportunité pour remercier l’ensemble des partenaires qui ont aidé et continuent à soutenir nos pays dans la lutte contre ce fléau.
John Mahama Dramani a, par ailleurs, salué la façon dont les élections se sont déroulées au Nigéria et au Togo et a invité les pays qui doivent organiser cette année des scrutins à s’inspirer de leur exemple.
Au nom de la CEDEAO, il a remercié l’Afrique centrale pour sa solidarité et son appui à la lutte contre la secte Boko Haram dont les exactions ont fortement meurtri le Nigeria. Il a salué les progrès réalisés en Guinée Bissau ainsi que la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Il a exhorté la Communauté internationale à appuyer notre pays dans la mise en œuvre de cet Accord.
Le président de la Commission a, lui, rendu hommage à l’ancien président nigérian Yakubu Gowon et à l’ensemble des pères fondateurs de l’organisation.
Pour la célébration du 40è anniversaire qui a déjà commencé dans certains pays, elle sera, a-t-il annoncé, l’occasion de saluer nos réussites, de méditer sur nos échecs et de décliner à nouveau nos ambitions restées intactes. Toutes les manifestations qui seront organisées au niveau de la CEDEAO dans le cadre de cet anniversaire porteront le sceau de l’attachement au progrès et à l’intégration des peuples comme ce sera le cas du premier forum de la CEDEAO sur l’éducation à la culture de la paix à travers le dialogue inter et intra religieux et du premier Festival des arts et cultures de la communauté (ECFEST).
Kadré Désiré Ouédraogo a souhaité que les activités anniversaires confirment la maturité de la communauté. Pas seulement à cause de ses 40 ans d’existence, mais aussi pour plusieurs autres raisons dont la mise en œuvre du TEC (Tarif extérieur commun) qui vient confirmer l’effectivité de l’Union douanière, l’adoption du spécimen de la carte d’identité biométrique de CEDEAO et le lancement de la phase pilote du mécanisme de suivi de la libre circulation des cars de transport inter-Etats de passagers. Autant d’éléments qui nous rapprochent de l’objectif de faire de la libre circulation des personnes et des biens une réalité.
Il a aussi évoqué les progrès enregistrés en matière de convergence monétaire dans la perspective de la création de la monnaie unique et s’est réjoui des progrès enregistrés dans la riposte régionale contre Ebola, souhaitant que la Guinée et la Sierra Léone connaissent les mêmes succès que le Libéria dans la lutte contre le fléau. Toutes ces avancées font de l’année 2015 une année historique pour la CEDEAO, a-t-il estimé.

DES AMBITIONS INTACTES. Lui aussi a salué le déroulement des élections au Nigéria et au Togo et exhorté le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et Guinée à suivre leur exemple. Entre autres, il s’est réjoui de la consolidation de la paix en Guinée Bissau et a suggéré de maintenir l’ECOMIG sur place pendant quelques temps en lui apportant l’appui nécessaire en raison des nouveaux défis.
Le président de la Commission a particulièrement souligné l’optimisme qu’inspire la situation au Nord du Mali grâce à la détermination du président Ibrahim Boubacar Keïta et de son gouvernement de faire régner la paix, la sécurité et la stabilité par la voie du dialogue avec l’appui de ses partenaires. « La Commission suit de près les efforts du Mali et lui apporte son soutien tout comme au Nigéria et ses voisins dans la lutte contre Boko Haram », a-t-il assuré avant d’évoquer la mémoire des milliers d’Africains victimes de l’émigration clandestine vers l’Europe. A propos de ce sujet, il annoncé que la CEDEAO redoublera d’efforts pour s’attaquer aux causes profondes du phénomène et coopérera avec toutes les parties concernées pour la protection de la vie et de la dignité des migrants.
A cet effet, la mise en œuvre effective de la Stratégie Sahel de la CEDEAO grâce à la multiplication de projets intégrateurs qu’elle va favoriser rendra plus efficace la lutte contre les trafics illicites, les crimes transfrontaliers, le terrorisme et toutes les autres sources d’insécurité et d’instabilité ainsi que le chômage des jeunes, a-t-il précisé.
Le patron de la Commission a réaffirmé que la CEDEAO affiche, à son actif, des succès indéniables et de belles perspectives que sont la création de la monnaie unique, la réalisation de la CEDEAO des peuples, le renforcement des prérogatives du Parlement et les réformes institutionnelles.
Le sommet a examiné plusieurs questions parmi lesquelles le renforcement des prérogatives du parlement de la CEDEAO, les questions liées à la paix et à la sécurité à la lumière de l’Accord de paix signé au Mali, le siège de l’Autorité régionale de la concurrence de la CEDEAO. Une attention toute particulière a été portée à l’emploi des jeunes, une question très préoccupante qui fera l’objet d’une réflexion approfondie. La conférence a aussi examiné le rapport intérimaire 2015 du président de la Commission, celui de la 74è session ordinaire du Conseil des ministres ainsi que le rapport de la 34è réunion du Conseil de médiation et de sécurité.

Envoyée spéciale
F. MAÏGA

source : L Essor