Quand l’une des pièces maîtresses de notre cohésion sociale s’avère un instrument de discorde, il paraît inopportun de vouloir retourner vaille que vaille à des valeurs sociétales séculaires reléguées aux oubliettes. Depuis l’avènement des réseaux sociaux, en effet, on a comme l’impression de vivre dans un autre pays, tant est devenu méconnaissable ce Mali à la fois dépositaire des valeurs ancestrales vernaculaires d’Afrique de l’Ouest et locomotive islamique de la sous-région. Cette considération qu’inspirait notre pays aux voisins s’atténue ces derniers temps par la faute de l’émergence d’une nouvelle race de personnalités publiques d’une hideuse et grotesque moralité.
Si les réseaux sociaux leur ont permis de se hisser au sommet d’une popularité des plus ridicules, il en résulte que la crédulité ahurissante du citoyen lambda révèle le côté influençable d’une population qui s’acoquine avec n’importe quel fanfaron autoproclamé, leader d’opinion ou guide religieux.
En tout cas, le virage effarant et éhonté que prend la prise de parole publique au Mali doit être enrayé par des moyens autres que ceux de la loi sur la cybercriminalité. Laquelle est loin d’être à la hauteur pour biffer cette page peu enviable de notre tumultueuse histoire.
Seydou Diakité