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Situation socio-politique : Il faut arrêter de mentir !

Dans un excellent texte diffusé sur une chaîne internationale, l’artiste franco-malien, Oxmo Puccino faisait référence à ce qu’il a poétiquement appelé la « part de personnel » pour désigner notre construction du bien et de l’amour qui empiète sur le champ de la « raison » dans nos décisions de tous les jours. Face aux crises successives, il serait bon d’invoquer cette « part de personnel » de chaque malien afin que nous regardions la vérité en face et que nous arrêtions de nous mentir.

Le Président de transition vient de décrèter 3 jours de deuil national suite à l’assassinat aveugle de 33 civils, brûlés vifs dans un camion transportant des forains entre Bandiagara et Bankass. C’est une nouvelle tragédie survenue à Songho. Comme un pied de nez, tout aussi cynique que les drames de Ogossagou, Sobane da et j’en passe, Songho est douloureux rappel de la situation réelle et actuelle de notre pays. Il ne s’agit plus de se contenter de rhétorique pour marteler que nous sommes en guerre. Il s’agit de se le répéter et se le tenir pour vérité stricte et pour seule condition d’existence.

Il est temps que nous arrêtions de nous mentir. Et ceci nous engage à voir la guerre comme elle est. Une immonde chose où l’indignation par simple communiqué n’a pas sa place. La guerre est factuelle et non hyperbolique. La guerre est tangible et non intangible. La guerre est sans conscience mais ne se gagne pas sans conscience. La guerre est la priorité et non une priorité parmi d’autres. Pour tout dire, la guerre se gagne d’abord et le reste se gère après. Et, aucune illusion ou faux-semblant ne peut faire gagner une guerre.

33 morts quand la question principale de la transition (pour le pouvoir et l’opposition) reste la durée de cette période transitoire, à discuter lors des Assises nationales. 33 morts quand des mouvements et associations de soutien à tel ou tel camp pullulent à Bamako. 33 morts quand la principale revendication des nouveaux patriotes, c’est la chasse à la France et à la communauté internationale. 33 morts quand le CNT et les procureurs de la République s’échinent à mettre en prison « les voleurs » avant les assassins. 33 morts quand des coupes de football et de basketball s’organisent au nom du Colonel le plus en vue de la République. 33 morts quand la télévision nationale se ridiculise avec les mêmes programmes et la même célérité dans la propagande politique pour le pouvoir en place. Enfin, nous déplorons 33 morts quand le tapis rouge n’arrête pas de se déployer sur les sols poussiéreux de Kati et de Bamako pour des cérémonies aux allures fastes et aux contenus mensongers.

Le pays brûle, la première réaction patriotique qui ait du sens, est d’arrêter de mentir, de nous mentir et de prendre la vraie mesure de la situation.

Y.KEBE

Source: Bamakonews

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