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Situation sécuritaire : Les pratiques pastorales affectées

La volatilité de la situation sécuritaire au nord et au centre de notre pays perturbe les activités pastorales et le système d’élevage.

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Le Mali figure parmi les plus riches d’Afrique de l’Ouest avec plus de 10 millions de bovins, 31 millions de caprins et ovins, 900.000 camelins et 35 millions de volaille. Il est le 1er pays d’élevage de l’UEMOA et le 2è de la zone CEDEAO. L’élevage contribue à hauteur de 10% du PIB national et à 80% dans le revenu des populations des zones exclusivement pastorales. Il représente 15% des recettes d’exportation. Ce produit se classe 3è dans le domaine des recettes d’exportation après l’or et le coton. Quant à l’agriculture nul besoin d’illustrer son importance. Elle est le « moteur de l’économie malienne » . Toutefois, ces atouts sont un peu ébranlés par la situation d’insécurité qui prévaut ces derniers mois, illustrée par la multiplication des attaques dans la Région de Ségou, précisément dans les localités de Niono, Nampala et Ténenkou dans la Région de Mopti. Quelques agressions ont été perpétrées dans la Région de Mopti qui a le plus important cheptel du pays : 28% de bovins et 19% des ovins/caprins selon la Direction régionale des productions et des industries animales de Mopti. A Ségou, l’élevage en pâtit plus que l’agriculture. A propos de celle-ci, le directeur régional de l’Agriculture de Ségou, Arouna Sangaré a affirmé que « la campagne agricole 2016-2017 se déroule normalement en 4è région. Les prévisions ont été atteintes. Les conditions climatiques sont favorables. L’état sanitaire des cultures est bon », a-t-il ajouté. Toutefois, il reconnaît que la persistance de la situation d’insécurité dans les Communes de Nampalary, Kouroumari (Niono), Monimpé (Macina), Doura (Ségou), Timissa (Tominian) constitue un défi à relever pour la région. L’instabilité se manifeste par des attaques sporadiques de terroristes ou de bandits armés. Ces hors-la-loi prennent pour cible les foires hebdomadaires, souvent ils coupent les routes aussi. Cela a créé un climat de psychose au sein de la population des communes concernées. Conséquences, les champs les plus reculés des villages ont été simplement abandonnés par les agriculteurs», explique M. Sangaré. Cette situation constitue un manque à gagner pour la production régionale, car perturbant les activités économiques et agricoles. Toutefois, « il faut signaler qu’elle n’a d’impact sur les prévisions régionales de production pour le moment », a ajouté le directeur régional de l’Agriculture de Ségou. Quoiqu’il en soit, la situation a bouleversé les approches d’intervention de « l’encadrement ». Selon que la situation soit calme, précaire ou tendue les services techniques adaptent leurs stratégies dans le seul objectif de faire le boulot. Des retraits purs et simples sont signalés dans les zones trop chaudes comme Nampalary. A N’Doura, l’on enregistre des retraits d’agents compensés par des interventions hebdomadaires. Mais dans les communes comme Kouroumari, Monimpé, Timissa, l’agent reste, mais doit observer des mesures de sécurité : déplacement limité, sinon si nécessaire, toujours accompagné. Il existe la possibilité pour l’agent de faire la collecte des données statistiques ou autres informations par des relais villageois, des secrétaires d’organisations paysannes. L’insécurité qui a contaminé la Région de Ségou accroche le système d’élevage de la région. Elle limite la mobilité des troupeaux, rendant problématique l’entretien des infrastructures pastorales. Les bandits armés constituent une menace permanente de vol de bétail. Le Cercle de Macina, la circonscription de Niounou ou la commune rurale de Bélenne (appelée aussi le Daouna) à partir de l’arrondissement de N’Doura sont parmi les zones où les systèmes d’élevage sont les plus touchés par l’insécurité. Cette partie de la région, selon le directeur régional des Productions et des Industries animales de Ségou, Mamadou Issa Dembélé, est très importante pour notre système d’élevage. C’est une zone de transhumance, où nous avons de nombreux pâturages aménagés par l’ex projet d’appui au développement de l’élevage dans le Sahel occidental (PADESO). La localité de Sokolo, en zone PADESO, est l’une des plus touchées par la dégradation de la situation sécuritaire. Ce territoire abrite 5 périmètres aménagés de 20.000 hectares chacun avec une capacité d’accueil totale de près de 50.000 bovins. Le suivi et l’entretien sont devenus problématiques à cause de la volatilité de la situation sécuritaire. Les pasteurs et bergers maliens ont peur de s’y rendre et préfèrent préserver leur vie ainsi que leurs troupeaux du risque d’être dépossédés en s’aventurant dans la zone.

Des vols, mais aussi des paradoxes. Rien que « de juillet à fin août 2016, 540 bovins ont été enlevés par des bandits armés dans la zone de Dougofri et 700 ovins/caprins dans le village de Madani, Kakabouri », a affirmé Mamadou Issa Dembélé. Il précisera que «  les enlèvements de bovins ont concerné » les villages de K 21 (trois troupeaux enlevés), Markala Koura K2 (un troupeau enlevé). Le village de Farabougou K 17 a enregistré 40 têtes volées. Toutefois sur les 540 bovins enlevés par les bandits, 130 ont été déjà retrouvés par les chasseurs traditionnels auxquels M. Dembélé a rendu hommage. Dans la Région de Ségou, « il est suicidaire de se rendre dans une foire hebdomadaire de certaines zones. Non seulement vous êtes dépouillés de tout ce qu’ils peuvent emporter, mais vous risquez la mort », a affirmé le pasteur Boubacar Tangara. La fréquentation des infrastructures pastorales par des Maliens dans la Région de Ségou est jugée « mauvaise ». En fait, les bergers maliens ont peur de s’y aventurer, mais les Mauritaniens y trouvent la pie au nid. Ils utilisent les infrastructures sans se faire de soucis. Pourquoi ? La question est sur toutes les lèvres, mais personne n’apporte de réponse. Quel paradoxe! Les bergers et pasteurs maliens ne peuvent pas se rendre dans des endroits sillonnés en toute sécurité par les bergers et pasteurs mauritaniens. Et ce, en territoire malien. Je n’arrive pas à expliquer cette incohérence », nous a affirmé M. Dembélé . Il a déploré le retrait des agents de surveillance de certaines zones entraînant des conséquences nuisibles. « En cas de maladie animale grave, l’absence des agents peut plomber les efforts dans la prise en charge de la situation. Mais nous avons les moyens de suivre les zones auxquelles nous n’avons pas accès », a assuré M. Dembélé sans donner plus de précisions. La Région de Mopti aussi est affectée par l’insécurité. Elle est située au centre et récèle le plus important cheptel du pays. La direction régionale des Productions et des Industries animales (DRPIA ) de Mopti stigmatise la situation d’insécurité dans le sous-secteur de l’élevage. Les perturbations sont fréquentes dans l’exercice pastoral. Elles handicapent le mouvement des animaux, l’encadrement des éleveurs, le développement des aménagements, le développement des filières et des infrastructures, la couverture sanitaire. Cette région de transhumance par excellence est dotée de vingt neuf points de traversées officielles des animaux, donc autant de célébrations du retour des troupeaux de la transhumance. Ces fêtes traditionnelles débutent par le « Yaaral » de Diafarabé et se bouclent par le « Dégal » de Dialloubé. « La transhumance est perturbée par endroit par la situation d’insécurité, provoquant souvent de fortes concentrations d’animaux. Cet imprévu engendre des surpâturages avec son corollaire de dégradation poussée des sols et de la végétation », a expliqué M. Traoré. Des pertes d’animaux découlant de cette situation sont souvent signalées. Mais aujourd’hui, aucun bilan précis n’a été établi selon M. Traoré.

Renforcer l’appui conseil. Les éleveurs et les agents d’encadrement vivent dans l’insécurité comme tous les autres maliens, singulièrement dans le sous-secteur de l’élevage. Le directeur régional des Productions et des Industries animales de Mopti, Mamadou Traoré, propose de renforcer l’appui conseil par rapport aux approches à développer pour sécuriser l’exercice pastoral et le développement des filières dans la région. Toujours dans la Région de Mopti , le suivi du cheptel et des réalisations (aménagements pastoraux, infrastructures, etc.) reste entravé dans son cours normal. « Partout où nous n’arrivons pas à bien suivre, les collectivités et les organisations professionnelles sont responsabilisées pour remonter certaines informations », a expliqué M. Traoré. Cet technicien a rappelé que l’Etat s’est engagé à transférer certaines compétences aux collectivités en ce qui concerne la gestion d’infrastructures pastorales. Il assure que malgré les difficultés actuelles sur le terrain il n’existe pas de problèmes épizootiques, même si en quelques endroits, l’exécution normale de la vaccination est perturbée. La direction régionale des Productions et des Industries animales (DRPIA ) de Mopti suit et assure efficacement la supervision dans la réalisation des infrastructures. Elle apporte tout l’appui conseil aux acteurs pour le respect des normes adaptées. Elle organise les bénéficiaires des infrastructures dans la gestion, quelque soit la situation.

K. DIAKITE

Source : L’ Essor

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