Le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) semble dépasser par les problèmes qui s’accumulent à tous les niveaux depuis sa prise de fonction. Les conséquences de ce tableau sombre ont plongé le pays dans une sorte de léthargie. Et aussi irascible que cela puisse paraitre, des événements insolites et dégradants se succèdent à la grande stupéfaction du citoyen lambda. Lire notre coup de gueule.
Force est de constater que les espoirs suscités dans le cœur des Maliens par le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) à l’entame de son premier mandat se dissipent de jour en jour. Le rassemblement annoncé pour la reconstruction ne s’est pas réalisé et les préoccupations qui empêchent les Maliens de dormir tardent à trouver des solutions. Concernant les pourparlers d’Alger avec les groupes armés du nord, sa tentative de prouver sa bonne foi, n’a pas été également appréciée par la population qui ignore toujours le contenu du document de synthèse débattu à Alger.
Du coup et encore une fois, on commet les erreurs du passé. En effet, les groupes armés auraient traduit le document qui leur a été proposé mot par mot dans les langues locales des parties du territoire qu’ils contrôlent. Ce qui fait qu’ils ont toujours une longueur d’avance sur le gouvernement. Si non comment comprendre que cette minorité a pu tenir tête à un Etat jusqu’à ce jour? Aussi inconcevable que cela puisse paraitre, au moment où l’on parle de paix et de réconciliation que l’insécurité se généralise dans les régions du nord avec des attaques terroristes commises de façon ininterrompue.
Et bizarrement à chaque fois, les autorités maliennes se contentent de faire des communiqués affirmant que les auteurs seront punis. Mais aucun acte ne suit ces déclarations publiées dans les médias et sur les sites internet de l’Etat. Faut-il en déduire que le temps des discours creux n’est pas révolu dans notre pays? Comme si tous ceux-ci ne suffisent pas, des scandales financiers sans précédent impliquant des hauts responsables se répètent. L’acquisition du Boeing 737 présidentiel et les dizaines de milliards de Cfa de surfacturation concernant le marché des équipements militaires ont fait couler beaucoup d’ancres et de salives.
Les brouilles nées avec le Fonds monétaire international (FM)) suite à ces affaires opaques ont écorné considérablement l’image du Mali tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Ce qui justifierait la réussite dans tout le pays et dans tous les domaines de la grève de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) les 21 et 22 août 2014. Au-delà d’une simple démonstration de force syndicale, ce mouvement fut l’expression du ras-le-bol de la classe moyenne qui souffre de l’inégalité sociale, de l’existence de deux types de justice et surtout du dédain sans pareil du gouvernement face aux maux qui rongent le pays.
À propos de cet arrêt de travail, le pouvoir avait, d’abord, foulé aux pieds les principaux points de revendication des travailleurs comme l’amélioration des salaires et tant d’autres avantages. Certes, un accord a été signé mais concrètement jusqu’à présent rien n’a été fait. Au contraire, il semble que les salaires prennent de plus en plus du retard. Où se trouvent les syndicalistes? Quand baisseront-ils les coûts de l’électricité et des denrées de première nécessité? À rappeler que plusieurs grévistes d’aout dernier avaient tenu à manifester leur exaspération de voir le gouvernement se trouver le moyen d’acquérir un nouvel avion présidentiel et de fermer les yeux sur des dizaines de milliards volatilisés. Mais, par contre, ce même gouvernement ne peut ou refuse de faire le minimum pour les pauvres.
Au même moment, il a organisé un atelier coûteux de deux jours au Centre international de conférence de Bamako (CICB) sur la rationalisation des structures de contrôle. À en croire les autorités, la profusion de services de ce secteur rend difficile la lutte contre la fraude. Le gouvernement, comme pour berner les Maliens s’attendant à des résultats concrets, a trouvé une belle parade en entamant le contrôle physique de l’effectif des services étatiques. C’est une démarche légitime mais qui s’est effectuée de façon expéditionnaire et sélective.
Pendant ce temps, le secteur privé est laissé pour compte. Dans le cadre de leur politique de redressement économique, les autorités n’ont pas assez d’idées pour booster ce secteur qui peut apporter de la croissance et diminuer le taux du chômage qui a produit ses effets négatifs sur notre fragile société.
Sur le même ordre d’idée, il convient de signaler que l’augmentation du taux de criminalité et le nombre croissant de ceux qui n’ont pas le minimum pour vivre résultent bien du climat délétère qui prévaut actuellement au Mali. Comme pour ne rien arranger, certains cadres se livrent à des scènes inacceptables. La dernière remonte au 25 novembre 2014 où le député Bourama Tidiane Traoré et le juge Amadou Touré (deux chefs de famille) en sont venus aux mains à Ouéléssébougou. Qui a tort qui a raison? Comme toujours, les versions se contredisent. Ce fut, de toute manière, un fait gravissime qui a créé une mini crise inter institutionnelle. Le moins qu’on puisse dire est qu’on aura tout vu dans ce Mali qui va mal.
Issa Santara