Les affrontements entre les populations et les forces de l’ordre se poursuivaient à Kenieba. Les manifestants ont incendié la Préfecture et le domicile du Préfet. Des batailles rangées entre manifestants et forces de l’ordre se déroulaient dans le centre de la ville qui se trouve en état de siège.
Le bilan fait état d’un manifestant tué et d’un autre qui aurait perdu un œil et évacué d’urgence sur Bamako.
À l’origine des violences, les critères d’embauche dans la mine de Gounkoto jugés “discriminatoires” par les jeunes de Kenieba.
Regroupés dans une association dénommée Bureau Communal de la Jeunesse, ils ont déclenché un mouvement de protestation en prenant le contrôle de la mine de Gounkoto qu’ils ont mis à l’arrêt.
Durant trois jours, les négociations engagées avec la Direction de Randgold n’ont pas permis de trouver une issue à leur revendication fondamentale qui est la reprise automatique des jeunes qui ont effectué des stages de plusieurs mois au sein de la société mais qui sont royalement ignorés au détriment de la main d’oeuvre en provenance de Bamako ou d’ailleurs au moment des recrutements. Ils y voient des pratiques mafieuses qui jurent avec les principes de l’équité et de l’égalité.
Les nombreux appels du pied des autorités administratives du Cercle auprès desquelles l’affaire fut déférée n’ont pas permis de lever le siège de l’usine.
C’est l’ultime médiation de l’huissier Sylvain Famakan Keita qui a permis de faire bouger les lignes. Après la levée du siège par les jeunes qui ont opté pour des négociations, la direction de la société Randgold contre attaque.
Elle fait un constat d’huissier de l’arrêt de la production, met en branle une procédure de sanctions disciplinaires de responsables du Bureau Communal employés dans la mine, lesquels écopent des suspensions et des demandes d’explication, des poursuites judiciaires qui se traduisent par des interpellations à tour de bras.
Ulcérés et dépités par la tournure des événements, les jeunes multiplient les rencontres avec les autorités communales, les leaders traditionnels afin d’éviter que la contestation ne prenne une tournure dramatique. Ils se rendent auprès du Préfet pour lui demander d’agir. Celui ci, visiblement choqué par leur “attitude jusqu’auboutiste” leur oppose une fin de non-recevoir. Tout serait parti de cette entrevue qui aurait mis le feu aux poudres.
La confrontation avec les forces de l’ordre a commencé et s’est étendue à la ville. Affaire à suivre….