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SiraKura : établir une collaboration entre la justice classique et la justice « traditionnelle » dans le règlement des litiges

Au Mali, l’implication des autorités coutumières et traditionnelles dans la gestion de l’État est au cœur des débats. Il est question d’adapter notre modèle d’Etat à nos réalités socio-culturelles, d’accorder un réel pouvoir d’action et de décision à ces « autorités » qui n’ont jamais perdu leur utilité aux yeux des populations.

 

 

Le débat actuel sur la responsabilisation et l’implication des autorités coutumières et traditionnelles dans la gestion des affaires publiques traduit un souci légitime : celui de bâtir un modèle de gouvernance qui prenne en compte d’abord nos réalités socio-culturelles pour, ensuite, s’ouvrir au reste du monde. Un modèle de gouvernance en lequel les Maliens se retrouvent et se reconnaissent.

Car pour que la dynamique démocratique marche, comme l’a dit l’ancien président Alpha Oumar Konaré dans son livre-entretien avec Bernard Cattanéo, « il faut tenir compte des spécificités nationales, locales liées aux traditions, à l’histoire » au-delà des valeurs universelles comme les droits de l’homme, l’État de droit, la défense des libertés et la bonne gouvernance. C’est sans doute à ce prix qu’on peut aspirer à un pays où les populations sont moins réfractaires au respect des règles établies pour elles et se reconnaissent mieux dans les institutions.

Nous sommes dans une société qui a vécu à travers le temps. Il est important de potentialiser les expériences acquises de nos pratiques et, ainsi, promouvoir un modèle de gouvernance qui tienne compte de nos structurations socio-culturelles qui ont non seulement fait leurs preuves, mais ont également résisté aux mutations politiques et sociales.

Une justice « nouvelle »

Il n’y a pas de paix durable dans une société sans une bonne offre de justice. La vie en société rime avec conflits et désaccords. Pour assurer la paix sociale dans la cité, il faudrait garantir aux citoyens un cadre où les uns et les autres porteront leurs désaccords et où des autorités établies ont le devoir de les régler conformément aux normes fixées. Il est, dès lors, important à ce stade que les justiciables puissent s’identifier aux organes chargés de rendre la justice sans oublier les principes sur la base desquels ils rendent la justice.

De toute évidence, la population malienne, majoritairement analphabète, a du mal à comprendre la justice classique. Elle se trouve dépaysée et en perte de repères. Les populations sont passées d’un modèle de justice conforme à leurs réalités, rendu par des autorités jugées à tort ou à raison « justes » et « non-intéressées », à un modèle « nouveau », établi sur des règles dont elles n’ont que peu connaissance, avec des acteurs « nouveaux » taxés aussi à tort ou à raison de « partialité » dans l’établissement de la justice.

Établir une collaboration

La crise sécuritaire qui sévit dans notre pays depuis 2012 a fait comprendre la nécessité de compter sur les autorités coutumières et traditionnelles, qui ont montré des signes de vitalité au même moment où les représentants de l’État ont dû abandonner les populations à leur sort. Ces autorités continuent d’être des acteurs privilégiés dans la recherche de solutions aux litiges qui peuvent survenir au quotidien.

Il serait toutefois utile d’établir une collaboration entre la justice classique et celle dite « traditionnelle » pour une offre de justice plus légitime. Il faudrait responsabiliser formellement les chefferies de quartiers ou de villages dans la gestion des conflits sociaux (le règlement des litiges opposant les habitants, les problèmes matrimoniaux, de succession, d’héritage, etc.). Il s’agira, pour elles, de trouver des solutions en amont aux problèmes qui se posent dans la société. Cela passe bien évidemment par la mise en place d’un tribunal qui y sera spécialement dédié. La justice classique peut ainsi servir de voie de second recours ou s’occuper particulièrement de tout ce qui est crimes et délits.

L’implication des juges dans la gestion de certains litiges donne l’impression d’avoir des jugements contraignants ou coercitifs qui peuvent être gérés d’une manière plus pédagogique par les légitimités traditionnelles et coutumières qui prennent appui sur les règles sociétales avec lesquelles les populations peuvent se retrouver plus en phase. Trouvons donc les mécanismes nécessaires pour adapter notre modèle de gouvernance à nos réalités socio-culturelles.

Source : Benbere

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