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SiraKura : au Mali, réinventer l’État par la bonne gouvernance

La bonne gouvernance doit servir d’outil de réinvention de l’État au Mali. 

 

De 1960 à nos jours, de nombreux putschs ont jalonné la trajectoire historique de l’État malien. Cela révèle le caractère artificiel du modèle de démocratie que nous avons emprunté des Occidentaux sans pour autant réussir à l’adapter à nos réalités socioculturelles.

La démocratie est avant tout un phénomène local, ce qui signifie qu’elle doit trouver un ancrage socioculturel partout, en fonction des réalités de chaque société. A côté des principes généraux comme la séparation des pouvoirs, l’État de droit et la bonne gouvernance qui sont consubstantiels à l’idée de démocratie, il convient de trouver une meilleure adéquation entre ceux-ci nos valeurs traditionnelles, culturelles et religieuses. C’est pourquoi, dans le cadre de la refondation de l’État et du renforcement de la démocratie au Mali, il est nécessaire et urgent de travailler sur deux volets majeurs : la transparence dans la gestion des affaires publiques et la promotion de la bonne gouvernance par le biais de la décentralisation et de la démocratie locale.

Rupture de confiance

L’une des raisons profondes de la crise de gouvernance au Mali est, pour beaucoup, basée sur l’opacité qui caractérise la gestion des affaires publiques. Cette opacité crée un climat de suspicion, source de rupture et de crise de confiance entre gouvernants et gouvernés.

Le désamour de la politique et la forte tendance à l’abstentionnisme électoral témoignent d’une grande désillusion démocratique chez les populations, mais aussi et surtout de leur manque de confiance au processus et aux organes de gestion des élections. Notons qu’aux dernières élections législatives de 2020, le taux de participation était estimé à seulement 35,73%, soit l’un des plus faibles dans l’histoire de la pratique électorale au Mali depuis 1992.

C’est d’ailleurs à la suite de ces élections législatives « bâclées » que des manifestations de contestation des résultats issus de ce scrutin ont fini par prendre une ampleur spectaculaire avec, notamment, la création du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP).

Tous ces phénomènes ont comme dénominateur commun le manque de transparence dans le processus de conduite des affaires publiques. Faire face à la gestion clanique de l’État en luttant implacablement contre le favoritisme, le clientélisme et la corruption est l’une des conditions indispensables pour une gouvernance saine et transparente à tous les niveaux du rouage de l’administration publique. Ce travail est gage de sécurité et constitue un fondement sûr pour la refondation de l’État.

Outil de réinvention de l’État

La notion de bonne gouvernance renvoie à l’ensemble des techniques et stratégies auxquelles ont recours les pouvoirs publics pour gérer, de manière optimale, les ressources économiques et sociales nationales consacrés au développement. En d’autres termes, la notion de bonne gouvernance suppose une gouvernance vertueuse, transparence et orientée vers la satisfaction de l’intérêt de générale. En cela, elle est une véritable expression de la démocratie dans sa dimension la plus originale.

Aujourd’hui, la demande forte des citoyens en termes de bonne gouvernance et de transparence dans la gestion des affaires publiques rend indispensable, dans le contexte actuel du Mali, la mise en œuvre immédiate d’un certain nombre de mesures telles que la diffusion large de toutes les informations concernant les programmes gouvernementaux et ceux des élus locaux ; la diffusion des rapports périodiques sur les réalisations des travaux d’intérêt général dans les différentes collectivités territoriales ; l’organisation des débats publics sur les programmes et plans de développements économiques locaux ; les enquêtes de satisfaction concernant des prestations assurées par le secteur public.

Ce sont là autant de mesures concrètes dont la réalisation participera, à coup sûr, au renforcement de la transparence dans la conduite des affaires d’intérêt général par les pouvoirs publics. Néanmoins, la viabilité et l’opérationnalité sereine de ces mesures susmentionnées nécessitent une implication sincère et une participation majoritaire des populations dans les processus de prise de décisions politiques. Il importe que les pouvoirs publics comprennent que les citoyens sont leurs alliés dans la gestion optimale des affaires publiques. En tant que premiers bénéficiaires des services publics, ils demeurent une force de proposition et un partenaire stratégique pour l’État.

Ballan Diakité est politologue

Source : Benbere

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