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Signature d’un probable accord à Alger : Le Royaume du Maroc émet des doutes et accuse l’Algérie et la France d’être à l’origine du blocage

Les protagonistes de la crise malienne, à moins d’un an à Alger dans le but trouver un accord global et définitif de paix, sont à leur cinquième round. De Bamako, les yeux des observateurs attachés à la paix sont rivés vers Alger, mais aucune avancée encourageante ne se fait annoncer. Au menu, la partie malienne est radicale sur la non-négociabilité de l’unité nationale ; en face, des groupes armés de plus en plus désorganisés et aussi arc-boutés sur leur rêve fédéraliste. À l’origine du blocage, la France et l’Algérie, les mêmes initiateurs, selon la diplomatie chérifienne.

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Exclu du processus, le Maroc ne voit aucune volonté des Algériens et Français tendant vers un Mali stable, réconcilié et tourné vers la reconstruction de son avenir. C’est sans langue de bois.

Les faits remontent en février 2014. En ce mois, les Marocains avaient vu leurs voisins et rivaux Algériens entrer dans la danse pour se saisir du dossier des pourparlers inter-maliens, en lieu et place de la Cédéao désignée par le Conseil de sécurité juste après l’Opération Serval.

Pour les Marocains, la médiation de la Cédéao qui avait abouti à l’accord préliminaire de paix et bénéficiant à l’époque de la confiance des principaux acteurs concernés, était sur la bonne voie, avant de devenir algérienne. Il faut noter qu’à la différence des Algériens, restés muets lorsque la «maison Mali» brûlait, des soldats marocains étaient sur le terrain aux côtés des français pour stopper l’avancée des jihadistes sur le front sud (depuis Konna). Ce sont des non-dits de l’Opération Serval.

L’une des raisons du déplacement de sa majesté Mohamed VI à Bamako était de convaincre le président malien à ne pas boycotter Ouagadougou pour des raisons personnelles. Malgré qu’IBK ait acquiescé, il n’a pu tenir parole face au chantage des Algériens qui menaçaient couper le fil avec Bamako. L’objectif des Algériens ? Amener les Maliens à connaître une certaine accalmie afin d’accélérer le départ des Français du Nord du Mali, Sud de leur territoire. Erreur.

Paris, de son côté, n’avait pas cru bon de soutenir la médiation algérienne. Mais, IBK avait été alléché par les Algériens. L’espoir de repartir à Ouaga vivait chez les Français jusqu’au jour où Blaise Compaoré a été chassé du pouvoir. Que faire ? Se contenter d’Alger. Voilà la vérité. À ce jour, Blaise Compaoré n’est plus médiateur et il est clair que la Cédéao, première initiatrice de l’intervention militaire et des pourparlers, n’a plus rien en mains. Ce qui est apparu injuste dans la vision marocaine.

Pour illustrer une véritable divergence entre les principaux concernés, il faut voir le Mnla de Bilal Ag Achérif rétracté aux côtés du Maroc, tout en accusant les Algériens d’être plus favorables aux mouvements islamistes dissidents d’Ançar-Eddine d’Iyad Ag Ghaly. Contrairement avec la Cédéao où tout le monde était contenté.

À ce stade, Salaheddine Mezouar, ministre marocain des Affaires étrangères se pose des questions : «Les initiateurs du processus d’Alger font-ils partie de la solution ou du problème ? Qui a inondé le Sahel et la Libye d’armes qui servent paradoxalement aux prises d’otages, notamment des Français ?»

Pis, le chef de la diplomatie marocaine, qui ne semble pas avoir la langue dans la poche, va plus loin avec d’interrogations beaucoup plus inquiétantes. «Les initiateurs de ce processus ont-ils réellement intérêt à voir émerger un Mali stable, réconcilié et tourné vers la reconstruction de son avenir ?», se demande-t-il dans une interview accordée à J.A.

Faut-il croire que le Maroc réagit de la sorte pour des raisons de rivalité l’opposant à l’Algérie ? Le ministre Mezouar, qui a vu le Français Le Drian raisonner de la sorte, réfute catégoriquement l’accusation qu’il estime infondée et irresponsable. Et signale que le devenir d’un pays et la stabilité d’une région ne peuvent être sacrifiés à l’aune de considérations mercantiles.

Pour l’instant, c’est l’Algérie qui garde la main avec l’accord d’IBK. «Parce que la France fait pression en ce sens !», s’exclame le ministre. Avant d’ajouter : «Qui ne voit pourtant que la solution aux problèmes des Maliens ne réside pas à Alger et encore moins, à Paris ?»

Afin de venir aux peines des Maliens qui semblent perdre du temps à Alger, Mezouar qui sait tout des contours du problème, de long en large, résume : «Le temps de la tutelle est révolu. La solution ne viendra que des Maliens eux-mêmes, avec l’aide de la Cédéao, qui doit redevenir l’acteur principaux des négociations de paix».

N’en déplaise à ses détracteurs, aucune organisation régionale en Afrique n’a su atteindre les résultats en maintien de paix atteints par la Cédéao depuis sa création. Et pour que les Maliens puissent connaître des élections présidentielles sur l’étendue de son territoire, il a fallu que l’accord préliminaire de Ouagadougou voit le jour. La pure et simple réintégration de la Cédéao est la meilleure solution pour l’aboutissement à un accord, selon le Maroc, qui salue tout au moins le courage du ministre malien Abdoulaye Diop.

 

IMT

Source: Oeil du Mali

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