“Dou la famille” est une série qui décrit l’univers et la vie d’une famille polygame installée à Bamako. L’histoire est bâtie sur l’interconnexion de cette famille et la société. Il s’agit d’une famille avec ses difficultés et ses atouts. Cette série de 45 épisodes de 26 minutes est de Boubacar Sidibé, l’un des meilleurs réalisateurs du Mali.
Dans la série “Dou la famille”, le réalisateur donne le point de vue des membres de la famille à travers des histoires comportant de vrais enjeux dramatiques, mais aussi au travers de leurs rêves, leurs préoccupations et leurs soucis quotidiens.
Dans la série, Sitan est la première épouse de Ladji Sacko. Elle considère les autres femmes comme ses sœurs et œuvre pour la paix et l’entente dans la famille.
Contrairement à Sitan, Mariam, la seconde épouse, est une intrigante, elle fréquente les vendeurs d’illusions, marabouts et féticheurs. Elle cherche à envoûter les autres membres de la famille pour mieux les contrôler. Elle ne s’entend pas avec la première femme Sitan encore moins avec Koro la troisième. Quant à Koro, la troisième épouse, son seul tort a été de simuler une grossesse ne pouvant pas enfanter.
Le réalisateur explique comment lui est venue l’idée d’une telle série. “Un jour, je me suis dit que je vais faire un film dans lequel j’aborderai plusieurs thématiques. C’est ainsi qu’un jour, lorsque je quittais le Centre international de conférences de Bamako pour me rendre à l’hôtel Salam, j’ai rencontré une femme qui m’a demandé si les polygames se couchent au milieu de leurs épouses pour ceux qui en ont deux par exemple. Je l’ai fixé longtemps tout en sentant quelle n’était pas de l’Afrique. C’est ainsi que j’ai eu l’initiative de réaliser une série pour expliquer tout ce qui tourne autour de la polygamie”, dit Boubacar Sidibé. A l’entendre, le choix de la langue française n’est pas fortuit. C’était pour que plus de monde entier puisse comprendre le message, surtout ceux qui ne connaissent pas la polygamie. “Si je l’avais fait en bambara, la série allait s’arrêter à quelque 50 millions de foyers au maximum, alors qu’en français, elle est allée jusqu’à 500 millions de vues. Une autre raison, les gens disent que les Maliens ne savent pas faire de films en français. C’était pour prouver le contraire”, indique-t-il. L’ancien cadreur de l’ORTM souligne que le film a été un succès parce qu’il n’a pas fait de casting. “Je supervise pratiquement tous les films qu’on fait au Mali, donc je vois l’évolution des artistes comédiens et acteurs. Déjà en écrivant mes films, je sais à quel acteur confier tel rôle parce que je connais les potentialités chacun. Il y a quatre comédiens qui sont des sortants de l’Institut national des arts (INA) à qui j’ai confié des rôles principaux parce qu’ils étaient toujours ensemble. Il s’agit de N’Tji, Massa Coulibaly, Moulaye et Lamine. Ils ont su bien interpréter leurs rôles et la série a été un succès”, se réjouit le réalisateur.
Boubacar Sidibé ajoute que lors d’un séjour en Tunisie, il a rencontré le directeur de CFI qui l’a félicité pour la réussite de la série en lui demandant de faire la deuxième session. “Je lui ai fait savoir que je n’aimais pas trop faire les films en session, mais il m’a supplié et j’ai fini par accepter. Dieu merci, j’ai reçu le fonds de ceux qui avaient financé la première session et on est passé au tournage de 30 épisodes, le double de la première session. En tout, la série fait 45 épisodes de 26 minutes chacun. Le film a toujours plu aux gens, mais j’ai voulu m’en arrêter là. C’est CFI qui avait préfinancé et l’a distribué à 86 chaînes de télévisions à travers le monde qui l’ont tous diffusé. Donc, la série ‘Dou la famille’ a beaucoup contribué à la valorisation de la culture malienne”, a-t-il déclaré.
Magma Gabriel Konaté, l’interprète du rôle Ladji Sacko témoigne : “Quand on travaille avec Boubacar Sidibé, il te dit que c’est lui l’auteur du scénario, tout en te demandant d’interpréter le rôle selon ta conception. «Dou la famille» a été joué au Sénégal avant le Mali et lors d’un de mes voyages au Maroc comme membre de jury d’une compétition, j’ai rencontré le président des cinéastes sénégalais qui m’a fait savoir que les Maliens ont tourné une très belle série dans laquelle, toutes les familles africaines se retrouvent. C’est comme si vous êtes rentré dans chacune des familles africaines parce que toutes les thématiques abordés se trouvent dans les familles”, se félicite l’ingénieur culturel.
Selon lui, plusieurs thèmes sont traités dans le fils, à savoir l’éducation des enfants, l’excision, les affaires autour de la politique, la gestion du denier public, la mauvaise gouvernance, la corruption, le système éducatif, la santé. Magma Gabriel Konaté précise que toutes ces thématiques abordées, montrent à suffisance le savoir-faire des acteurs maliens au monde entier.
A l’en croire, s’ils trouvent le financement pour tourner d’autres épisodes encore, cela sera une bonne chose, car cela permettra de faire connaitre le Mali davantage, de valoriser sa culture et de vendre son image.
“Si nos films ne sont financés que par d’autres organisations, des fois non africaines, elles peuvent vouloir ne pas faire ressortir certaines choses qui nous valorisent. J’en appelle ici au bon sens de nos autorités, car ce sont elles qui peuvent nous permettre de faire ressortir tout ce qu’on veut montrer au monde entier. Les acteurs culturels doivent savoir que la culture ne s’arrête pas seulement à la musique et à la danse. Le cinéma est un vecteur de promotion de la culture. Il permet de démontrer notre savoir-faire, les difficultés que nous traversons”, souligne le comédien de grande renommée.
Retenons que la série “Dou la famille” a été interprétée par plus de 200 comédiens de talent qui ont aidé à la découverte et à la compréhension de certaines réalités de la famille et de la société dans sa diversité.
Marie Dembélé
Source: Aujourd’hui-Mali