Les brûlures sont des lésions traumatiques les plus sévères qu’une personne puisse subir et pouvant constituer une menace pour sa vie, vu que les principaux systèmes organiques sont affectés en cas de brûlures graves. C’est un problème qui touche beaucoup plus les enfants de 0 à 5 ans.
Dr Dembélé Bertin, chirurgien plasticien et spécialiste en brûlure à l’Hôpital de Dermatologie de Bamako explique qu’avec l’avènement des différents schémas de réanimation, l’antibiothérapie, la nécrosectomie et la greffe précoce, beaucoup de patients ont la vie sauve. «Quand la vie du brûlé est sauvée, les séquelles plus graves font leur apparition malgré les avancées actuelles dans la prise en charge des patients». Mais la bonne nouvelle est que la réparation des séquelles est bel et bien possible au Mali, avec des résultats satisfaisants à 80%.
Selon le spécialiste, une séquelle est définie comme un trouble ou une lésion qui persiste après la guérison d’un traumatisme ou d’une maladie et qui produit une certaine diminution de la capacité fonctionnelle d’un organisme ou d’une partie du même corps. Il précise que dans le cas des patients qui souffrent de brûlures, ce trouble peut-être objectif, fonctionnel, morphologique ou simplement esthétique. En d’autres termes, les séquelles peuvent être mineures (lorsqu’il n’y a pas une atteinte de la fonctionnalité de l’organisme mais avec une affectation psychologique) et majeure (lorsqu’il y a des handicaps).
Le chirurgien indique que les séquelles de brûlures sont imputables fondamentalement à deux causes. Il s’agit de la gravité de la brûlure elle-même et de la thérapeutique mal conduite. Dans ce cas, il faut comprendre qu’en prolongeant le traitement des plaies sans procéder à la greffe, on permet la formation exubérante d’un véritable durillon fibreux rétractile qui donne des chéloïdes, des brides et placards cicatriciels causant de graves déformations. S’agissant de la fréquence des brûlures, Dr Dembélé déclare qu’il ya très peu d’études sur les séquelles de brûlures au Mali.
Mais une étude réalisée au CHU Gabriel Touré, aurait trouvé que 47,10% de ses patients guérissaient avec des séquelles. Et dans son établissement, une autre étude a démontré que 65,9% des patients souffrant des séquelles de brûlures étaient âgés de 0 à 15 ans et 41,30% correspondent à la tranche d’âge de 0 à 5 ans. Pour lui, c’est un résultat qui interpelle beaucoup tous (parents, soignants et autorités).
Les brûlures qui laissent généralement des séquelles sont causées à 52% par des liquides chauds (eau de bain, huile, aliments chauds), suivi par le feu à 31,2% (braise ou flamme). Concernant la localisation des séquelles, le chirurgien souligne que les séquelles peuvent toucher toutes les parties du corps. Mais il précise que les mains sont les plus affectées 56,5%.
Cela s’explique par le fait que les enfants sont à la conquête d’espace de préhension. Les types de séquelles, les plus fréquemment reçues dans son service sont les brides de rétraction (56,8%), puis des placards cicatriciels à 29,10%. Cependant, il soutient que le traitement des brûlures est avant tout préventif. Par contre, en phase de séquelles constituées, le traitement est chirurgical.
Dr Dembélé souligne que cela fait appel à différentes techniques de la chirurgie plastique reconstructive. «Nous utilisons les techniques simples jusqu’aux techniques les plus compliquées», précisera notre toubib. L’intervention se fera avec des greffes (partielles ou totales) des techniques de débridements à travers des plasties en Z ou alors la plastie en trident en IC ou la W plastie.
Le spécialiste des brûlés confirme qu’avec ces techniques on peut obtenir de très bons résultats. Quant à la durée, il dit qu’elle dépend de l’habilité du chirurgien ou de la complexité des séquelles. Sinon les interventions peuvent durer entre 45 minutes à 4 heures environ. La guérison peut aller de 15 jours à 2 mois souvent. Elle dépend également de la complexité des séquelles.
Dr Bertin Dembélé préconise une gestion pluridisciplinaire pour prévenir les brûlures. Il recommande de mettre en place un programme d’éducation, de sensibilisation et de perception. Il invite les parents à être plus vigilants et le personnel soignant à travailler de manière habile et à référer les cas lorsqu’il le faut. Et aux autoritésde dresser un programme de sensibilisation pour le changement de comportement et d’adopter des lois qui puissent protéger les enfants des accidents domestiques.
Mais aussi doter les structures sanitaires en attendant un centre de prise en charge des brûlés plus que jamais nécessaire. Il estime que l’Etat doit subventionner la prise en charge des brûlés.
Fatoumata NAPHO
Source : L’ESSOR