Les tensions montent entre le pouvoir et l’opposition dans le pays de la Téranga. En effet, le procès opposant le ministre du Tourisme et des Loisirs Mame Mbaye Niang au chef de l’opposition sénégalaise, Ousmane Sonko, devrait finalement se tenir, le jeudi 16 mars prochain, après plusieurs renvois. Pour cela, la principale coalition de l’opposition du pays a lancé un appel à manifestation pour exprimer son soutien au leader du Pastef.
L’opposition sénégalaise voit la poursuite du président du Pastef comme une manœuvre du pouvoir en place visant à l’écarter de la course à la Présidentielle du 25 février 2024. Ce procès qui a été reporté à plusieurs reprises, est finalement prévu pour ce jeudi. C’est pour soutenir leur leader, les militants de la principale coalition de l’opposition sénégalaise, Yewwi Askan wi, (Libérons le peuple en langue ouolof), demandent de sortir.
Faut-il rappeler que, le 16 février 2023, à son retour du palais de Justice, le principal opposant du président Macky Sall, Ousmane Sonko, s’est vu être extrait de force de sa voiture, la vitre arrière cassée par les forces de l’ordre afin de le déposer chez lui, dans un fourgon blindé. Nous rapporte nos confrères de EnQuête+, que c’était avec un impressionnant dispositif de sécurité autour de la maison de l’opposant jusqu’au tribunal.
A 48 heures de la comparution de Ousmane Sonko au tribunal de Dakar, la principale coalition de l’opposition sénégalaise Yewwi Askan Wi, a appelé à un grand rassemblement, hier, mardi 14 mars, suivi de multiples manifestations dans tous les départements du Sénégal malgré une éventuelle interdiction. « Qu’il (le pouvoir) le veuille ou non, le 15 mars, dans les 46 départements du pays, il y aura des manifestations avec ou sans autorisation », prévient la coalition dont Ousmane Sonko est l’un des initiateurs.
Par ailleurs, le farouche opposant du pouvoir du président Macky Sall dit donner l’autorisation à ses partisans de manifester, avec ou sans autorisation. « S’ils ont à arrêter quelqu’un, ils n’ont qu’à venir m’arrêter. Parce que dans la Constitution, il est inscrit qu’on a le droit de marcher ou de manifester. Personne ne va demander une autorisation », s’était exprimé Ousmane Sonko, jeudi dernier, lors d’un point de presse de Yaw et rapporté par nos confrères sénégalais.
Considéré comme un modèle de la démocratie en Afrique, le Sénégal commence à inquiéter les observateurs nationaux et internationaux. En effet, depuis un certain moment, des faits assimilés à un recul démocratique est constaté dans le pays per des observateurs.
Ces derniers mois, la justice sénégalaise a procédé à l’arrestation de plusieurs voix critiques au régime du président Macky Sall. Plusieurs militants du parti de l’opposant Ousmane Sonko ont été arrêtés en raison de leurs critiques à l’égard du pouvoir. Il s’agit, entre autres, du rappeur Nit Doff, du journaliste Pape Alé Niang, tous deux, militants de Pastef/Les patriotes.
Le coordonnateur départemental de la Jeunesse patriotique du Sénégal JDP/Pastef, dans le département de Tivaouane, Madiaw Diop a été aussi, arrêté à Dakar, ce weekend. Les raisons de son interpellation restent inconnues, mais selon des informations rapportées par des confrères sénégalais, le militant du Pastef/Les patriotes aurait tenu, lors d’une manifestation organisée le 5 mars, ces propos : « si les leaders de Tivaouane ne laissent pas notre leader en paix, nous nous en prendrons à eux. Le ‘Gatsa-Gatsa’ est à son heure. Pour cette prochaine confrontation, nous n’accepterons aucun compromis d’où qu’il vienne. Nous allons raser ce pays. C’est moi qui vous le dis ».
Outre, la poursuite du principal opposant du président, Ousmane Sonko et une série d’arrestations de certains militants de son parti, notamment l’ancien Premier ministre du pays, Cheikh Hadjibou Soumaré, a été aussi placé sous contrôle judiciaire après qu’il ait publié une série de questions dans une lettre ouverte adressée au président de la République Macky Sall, sur fond d’insinuations d’un financement du chef de l’État sénégalais à Marine Le Pen, Cheffe de l’extrême droite française.
Notons que le leader de Pastef/Les patriotes, Ousmane Sonko accuse le pouvoir en place d’avoir manœuvré sa comparution devant la justice pour qu’il soit écarté de la course de la présidentielle. Cela, à une année des échéances du 25 février 2024.
Il est important de souligner que le président Macky Sall ne s’est toujours pas prononcé sur une éventuelle candidature pour un nouveau mandat.
Ibrahim Djitteye