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Sénégal : suspension de l’orpaillage sur la Falémé pour sauver l’environnement

Face à la grave pollution de la rivière Falémé due à l’orpaillage intensif, le gouvernement sénégalais a décidé de suspendre toutes les activités minières sur la rive gauche pour trois ans. Cette mesure vise à préserver l’environnement et protéger la santé des populations riveraines, victimes collatérales de cette ruée vers l’or.

 

La Falémé, autrefois source de vie et de prospérité pour les communautés riveraines, est aujourd’hui un symbole tragique de la dégradation environnementale que subit cette région. Les eaux jadis claires de cette rivière, principal affluent du fleuve Sénégal, sont désormais souillées par les produits chimiques toxiques utilisés pour l’exploitation de l’or. Mercure, cyanure, plomb – des mots qui devraient être rares, mais qui se retrouvent tristement dans les conversations quotidiennes, dans les puits, les terres agricoles, et même dans le corps de des bêtes et de des enfants.

Une décision salutaire pleine de défis 

Le gouvernement sénégalais a finalement pris une décision salvatrice : suspendre toutes les activités minières le long de la rive gauche de la Falémé pour une période de trois ans. Ce décret présidentiel, publié le 28 août, vise à protéger l’environnement et la santé des populations locales. Pourtant, on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi il a fallu tant de temps pour en arriver là. Pourquoi permettre à la ruée vers l’or de transformer une terre en un champ de mines toxiques, avant de prendre ces mesures désespérées ?

La région de Kédougou, autrefois paisible et verdoyante, est devenue le théâtre d’une course effrénée pour l’or, attirant des milliers de chercheurs de fortune venus de toute l’Afrique de l’Ouest. Mais cette quête du métal précieux a un coût terrible, que payent les Sénégalais. Les produits chimiques utilisés pour extraire l’or se retrouvent dans la Falémé, empoisonnant l’eau que boivent les populations, la terre qu’elles cultivent, et les animaux qu’ils élevent. Chaque jour, elles sommes confrontés aux conséquences de cette pollution, qui menace non seulement leur santé, mais aussi leur sécurité alimentaire et leur avenir.

Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a raison de dire que cette situation est une « question de sécurité nationale ». La Falémé n’est pas seulement un cours d’eau local ; elle est le principal affluent du fleuve Sénégal, un pilier vital pour toute l’Afrique de l’Ouest. Suspendre l’orpaillage n’est donc pas une simple mesure de préservation environnementale, mais une nécessité pour protéger l’ensemble de la région. Mais cette décision, aussi louable soit-elle, soulève de nombreuses questions. Comment faire respecter ce décret dans une région où l’activité minière illégale est devenue incontrôlable ? Comment recenser et localiser des orpailleurs qui opèrent en toute clandestinité, loin des radars des autorités ?

La Falémé ne peut plus attendre

Oudy Diallo, militant écologiste de Kédougou, a raison de souligner que la lutte contre cette pollution ne peut réussir sans l’implication des populations locales. Ce sont les habitants, les chefs de village, qui connaissent le terrain et qui peuvent alerter les autorités sur la présence des orpailleurs. Mais cela suffit-il ? Comment garantir que cette suspension sera effectivement respectée, alors que même les autorités peinent à maîtriser les va-et-vient des mineurs ?

La Falémé a besoin de protecteurs, pas seulement de décrets. La population a besoin d’une vigilance accrue, d’une action collective, et surtout, d’une réelle volonté politique pour mettre fin à cette catastrophe environnementale. Les riverains de la Falémé ont déjà payé un prix trop lourd. Il est temps que leurs voix soient entendues, que leurs souffrances soient prises en compte, et que des actions concrètes soient menées pour restaurer cette rivière à sa gloire passée.

Le Sénégal a fait un premier pas en suspendant l’orpaillage le long de la Falémé. Mais la route est encore longue. Il ne suffit pas de décréter, il faut agir. Et pour cela, chaque citoyen, chaque chef de village, chaque membre des forces de sécurité doit s’engager à protéger cette rivière, notre patrimoine commun, contre ceux qui la détruisent pour un gain rapide. La Falémé ne peut plus attendre. Ses eaux, ses terres, et ses habitants méritent mieux.

Chiencoro Diarra 

Sahel Tribune
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