Dix ans après le retrait de la firme française Bouygues, la compagnie malienne d’énergie EDM peine toujours à sortir de sa zone de turbulences. Au terme de sa visite de travail au Sénégal, le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) rentre à Bamako avec l’engagement ferme de son homologue Macky Sall de mettre à la disposition d’Électricité du Mali (EDM) un productible de 23 mégawatts via la société publique d’électricité du Sénégal (Senelec) pour résorber le déficit de fourniture que connaît le Mali. À quel prix?
La situation d’EDM SA, société publique malienne d’électricité, s’apparente presque à un corps en métastase. Suite au retrait de Bouygues, intervenu en 2004, via sa filiale SAUR, la trésorerie de la compagnie malienne d’énergie a connu de fortes tensions financières. Miraculeusement, en 2010, EDM avait retrouvé un niveau de rentabilité en redressant sa trésorerie, plombée par un manque à gagner de plus de 7 milliards de f CFA. En ce temps, beaucoup avaient qualifié ce redressement de miraculeux, tellement que les Maliens avaient perdu espoir. Cette grosse prouesse réalisée en 2010 et qui portait la signature d’Issoufou Ousmane Maiga, ancien Premier ministre du Mali, appelé à sa rescousse, s’est vite estompée, laissant la place à un réseau de service en pleine friture et une trésorerie durement asséchée. Tout est à refaire à EDM, la situation est devenue insupportable et s’apparente à un corps en métastase.
Le coup de pouce du président Macky Sall
Le chef de l’État malien, Ibrahim Boubacar Keïta, au terme d’une visite de travail et d’amitié de 72 heures à Dakar, a reçu une véritable bouffée d’oxygène de son homologue sénégalais, Macky Sall.
Dans l’accord de coopération sénégalo-malien, co-paraphé par les deux présidents, il est indiqué que le président Macky Sall a informé son homologue malien, IBK, que «des instructions ont été données afin que la chaîne des prestations (combustibles, pièces de rechange et autres intrants), liées à la production d’énergie et de la centrale de location de 40 mégawatts, soit exonérée de tous taxes et droits pendant la période contractuelle». Le locataire de Koulouba ne rentre pas bredouille à Bamako et peut se frotter les mains avec un engagement ferme de Dakar de mettre à la disposition d’EDM un productible de 23 mégawatts que va lui fournir la Senelec (Société d’électricité du Sénégal). À quel prix ? Quelles sont les clauses de ce deal ? Pour l’instant, rien n’a filtré.
Pour rappel, pour les besoins du retrait de la SAUR, filiale du géant Bouygues, le Mali a dû débourser la bagatelle de 17 millions d’euros.
PAR ISMAEL AIDARA ( Les Afriques )