Le fils de l’ex président sénégalais est poursuivi pour accumulation de biens mal acquis. Il doit expliquer à la justice d’où lui vient sa fortune estimée à quelques 178 millions d’euros
Un « prisonnier politique ». Voilà comment s’est décrit, pour ses premiers mots à la barre, Karim Wade, le fils de l’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade, dont le procès pour enrichissement illicite s’est ouvert jeudi 31 juillet à Dakar.
Dans une salle comble du palais de justice de la ville, l’audience a débuté en présence de la mère de Karim Wade, Viviane Wade et de nombreux responsables du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition), sa formation et celle de son père, qui a dirigé le Sénégal pendant douze ans (2000-2012).
Une fortune colossale
En détention préventive depuis avril 2013, Karim Wade est accusé d’avoir illégalement acquis 178 millions d’euros par le biais de montages financiers complexes du temps où il était conseiller puis ministre de son père. Selon l’accusation, cette somme se trouverait aujourd’hui dans des paradis fiscaux, dont Monaco et Singapour.
Mais, d’après les avocats de Karim Wade, près de la moitié de cet argent correspond à un compte à Singapour dont il est d’ores et déjà prouvé qu’il n’appartient pas à leur client. Selon la défense, son patrimoine est d’environ 2 millions d’euros, somme gagnée pour l’essentiel quand il était trader en Europe avant de devenir conseiller puis ministre de son père.
Le procès devrait aussi permettre d’en apprendre davantage sur les « complices » présumés de Karim Wade. Parmi eux figure Ibrahima Abdoukhalil Bourgi dit « Bibo », homme d’affaires sénégalais d’origine libanaise qui a bénéficié en juin 2013 d’une mesure de liberté provisoire pour raisons médicales.