Le dialogue avec les forces vives de la nation sénégalaise, évoqué depuis plusieurs jours par Macky Sall, s’ouvre mercredi 31 mai au palais de la République.
Après plusieurs semaines de supputations, le mouvement Taxawu Senegaal (assister le Sénégal en langue wolof) dirigé par Khalifa Sall, maire de Dakar de 2009 à 2018 avant d’être révoqué, a officialisé mardi 30 mai sa participation au dialogue national qui s’ouvre mercredi à Dakar sous la présidence du chef de l’Etat, Macky Sall.
« Après avoir recueilli les positions de ses instances de base, Taxawu Senegaal a tenu une réunion de restitution et de synthèse pour acter sa décision sur l’appel au dialogue lancé par le président de la République. Il ressort de cette consultation à la base que l’ensemble des structures dans les départements au Sénégal et dans la diaspora, ainsi que les organisations et mouvements affiliés, se sont exprimés en faveur de la participation de Taxawu Senegaal au dialogue », affirme dans un communiqué la formation dissidente du Parti socialiste (PS) du Sénégal.
Cette décision non partagée à Yewwi Askan Wi (libérer le peuple) a conduit à l’affaiblissement de cette principale coalition de l’opposition, se manifestant par des échanges de propos aigre-doux entre militants et sympathisants d’une part et leaders d’autre part. La polémique sur cette question entre les maires de Ziguinchor (sud) et de Dakar, Ousmane Sonko et Barthélémy Dias, a tenu en haleine pendant plusieurs jours l’opinion.
Le premier, troisième à la dernière présidentielle avec plus de 15% des suffrages, considère que ce dialogue vise à « l’isoler » politiquement. Le second précise que s’il s’est rapproché de Macky Sall pour organiser des concertations en vue de décrisper la tension politique dans le pays, c’est parce qu’il a reçu au préalable l’autorisation d’Ousmane Sonko et de son mentor politique Khalifa Sall, candidat déclaré à la présidentielle de 2024 mais frappé d’inéligibilité après sa condamnation en 2018 pour malversations dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar.
En revanche, le mouvement de Khalifa Sall précise que ce n’est pas la première fois qu’il prend part à un dialogue bien qu’il soit foncièrement contre le pouvoir de Macky Sall. « En décidant de prendre part au dialogue, Taxawu Senegaal reste constante dans son engagement au service de notre pays et sa volonté de mettre le Sénégal au-dessus des intérêts partisans. Déjà, en 2019, alors que son leader, Khalifa Ababacar Sall, était en détention, Taxawu Senegaal avait envoyé une délégation au dialogue national initié par le président de la République, consciente que le dialogue est le fondement d’une société démocratique », souligne le document reçu à APA.
Le dialogue national se tient dans un contexte de l’ouverture du procès criminel d’Ousmane Sonko, accusé depuis 2021 par la masseuse Adji Sarr de viols et menaces de mort. Le parquet a requis mercredi 24 mai dix ans de réclusion criminelle contre le leader du parti Pastef alors que la Chambre criminelle du tribunal de Dakar doit prononcer son verdict jeudi 1er juin, au lendemain de l’ouverture du dialogue national.
Retranché dans son domicile à Ziguinchor au cours de ce jugement, Ousmane Sonko a entamé vendredi dernier un retour très médiatisé à Dakar avant d’être intercepté dimanche par les forces de l’ordre qui l’ont ramené de force chez lui à cité Keur Gorgui. Les accès menant à sa maison sont barricadés depuis lors par la police, une situation qui a conduit dans la journée du lundi à de violentes manifestations dans la capitale sénégalaise.
Dans plusieurs de ses sorties, Ousmane Sonko a indiqué qu’il ne dialoguerait pas avec Macky Sall tant qu’il ne respecte pas certains préalables : libération de plus de 500 détenus de son parti, non présentation à une troisième candidature à la prochaine présidentielle, etc.
Toutefois, « dans une démocratie, même en période de crise, le dialogue doit rester la voie de résolution des conflits et le principe pour bâtir un consensus autour des règles de pacification de la vie politique et de dévolution démocratique du pouvoir », a noté Taxawu Senegaal qui réitère son ancrage dans l’opposition et dans Yewwi Askan Wi dont il est l’un des membres fondateurs à la veille des élections municipales de janvier 2022.
« Taxawu Senegaal participera au dialogue avec responsabilité mais sans compromission sur les combats menés dans l’opposition. Avec toutes les forces vives de la Nation, Taxawu Senegaal reste en première ligne dans le combat contre la troisième candidature anticonstitutionnelle et illégitime du Président Macky Sall et se joindra à toute action pour hisser le combat au niveau requis pour mettre fin à son régime en février 2024 », ont indiqué les partisans de Khalifa Sall.
ODL/ac/APA