La perte des moyens de guerre en Afrique contribue à renforcer la capacité matérielle des terroristes en train de semer l’horreur dans les zones où ils opèrent. C’est l’une des révélations de la cherche de Éric G. Berman, directeur de l’initiative Safeguarding Security Sector Stockpile.
Une grande partie de l’Afrique est en croisade contre des groupes terroristes ayant promis à tout prix d’imposer la Charia. Ces groupes de plus en plus se renforcent en partie par les armes récupérées aux forces de maintien de la paix et des armées nationales. C’est l’une des conclusions d’une étude menée par Eric G. Berman publiée ce lundi 28 mars sur le site de Africa Center for strategic studies.
« Des groupes armés non étatiques ont régulièrement pris pour cible et envahi les forces de maintien de la paix et les forces armées nationales pour s’emparer de matériel létal et non létal », affirme Éric G. Berman dans son document de recherche, en rappelant qu’en une semaine en février 2021, des militants de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWA) ont envahi des bases militaires nigérianes dans les villes de Marte et Dikwa dans l’État de Borno.
Outre les pertes humaines, les assaillants « ont probablement saisi au moins une demi-douzaine de véhicules et des centaines d’armes ». Ces pertes sont devenues une vulnérabilité critique pour les armées nationales et les opérations de paix en Afrique. En clair, ce matériel représente une source importante d’armements pour les groupes militants africains, alimentant l’instabilité sur le continent, affirme le document.
Le Mali depuis 2012 en proie à l’insécurité dont les soldats sont souvent attaqués par des véhicules de l’armée récupérée par les terroristes. À cet effet, l’on se rappelle de l’attaque du camp de MOC à Gao qui a fait des dizaines de morts.
Ces détournements d’armes sont en grande partie dus à la perte, à la mauvaise gestion, au vol et à la corruption sur le champ de bataille. Ainsi,
Al Shabaab a obtenu du matériel létal important des attaques contre la Mission de l’UA en Somalie (AMISOM), tout comme le Front de libération du Macina (FLM) et d’autres groupes armés de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et de la Force conjointe des Groupes des cinq pour le Sahel (FC-G5S), soutient l’étude.
La perte d’équipements appartenant aux contingents (COE) s’est produite dans au moins 20 opérations de paix dans 18 pays africains. Le matériel létal perdu au cours des 10 dernières années seulement comprend plusieurs millions de cartouches, des milliers d’armes légères et de petits calibres et probablement des centaines de systèmes d’armes lourdes, fait le point l’étude.
Quant au matériel non létal, ajoute l’étude, comme les véhicules et les motos non armés, les uniformes, le matériel de communication et le carburant, les groupes armés les utilisent également contre les soldats de la paix et les forces armées dans des embuscades complexes perpétuant le cycle de perte de munitions.
C’est pourquoi pour des raisons très différentes, l’Union européenne (UE) , la Chine et la Russie semblent prêtes à augmenter leur fourniture de matériel létal aux gouvernements africains. À moins que les mesures de contrôle du COE ne soient renforcées, ces flux d’armes pourraient contribuer à une plus grande instabilité.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin