La diplomatie malienne est assurément mise en cause dans la bravade de l’ONG Independant Diplomat. Cette dernière n’a rien fait d’illégal « aux yeux » de la législation américaine, mais inviter la CMA aux Etats-Unis vaut un casus-bellis. Dans les milieux intellectuels maliens, l’indignation est à son comble, alors que les autorités maliennes n’ont fait que maugréer du bout des lèvres après la visite des ex-rebelles jusqu’au Conseil de sécurité de l’ONU.
Et le président IBK de parler d’un comportement parallèle au sujet de cette visite des membres de la CMA au Conseil de sécurité de l’ONU. «Au moment même où nos parents des groupes armés font l’effort de se retrouver face au gouvernement et quelques fois avec le gouvernement, on invite la CMA à New York, à Washington, non pas par le gouvernement américain mais par une ONG dont nous savons le rôle qu’elle a joué dans certains événements africains », a-t-il déclaré le 12 janvier.
Les autorités maliennes se sont montrées moins emportées sur la question, malgré la sortie du président IBK. «Est-ce comme cela que l’on conforte la paix au Mali ? Non. Il faut que les comportements parallèles désobligeants cessent également aussi », avait-il affirmé. Une déclaration à laquelle la représentation de l’ONU au Mali a répondu en précisant que la visite des ex-rebelles à New York n’est pas une invitation de l’organisation mondiale.
Le président américain est supposé recevoir les groupes armés, selon des observateurs. Pour beaucoup de Maliens, ce sera le comble des errements diplomatiques du Mali qui peine à avoir un ambassadeur à Washington, 10 mois après le départ de Tieman Coulibaly (l’actuel ministre de la Défense) de ce poste en avril 2017.
Ce qui est surtout reproché à la diplomatie malienne, c’est le manque d’anticipation. Sa léthargie laisse trop de place à la CMA qui n’est pas à sa première tentative. En 2014, la visite des ex-rebelles en au Kremlin(en Russie) avait également suscité un grand tollé au Mali. Pour beaucoup de Maliens, l’absence prolongée d’un ambassadeur malien aux USA a fait que les autorités maliennes n’ont vu rien venir.
Dans les milieux intellectuels, on pointe aussi du doigt l’incapacité de la diplomatie malienne d’exploiter la puissante diaspora. On estime que cette dernière pourrait être utilisée dans un lobbying visant à défendre le point de vue du gouvernement malien à l’étranger. Rien que pour le cas présent, la diaspora malienne aux Etats-Unis, comptant de nombreux universitaires et chercheurs, pourrait être d’un apport médiatique.
Soumaila T. Diarra
Source: Le Républicain