À l’initiative de ses amis et sympathisants de Ségou qui ont battu le rappel des troupes des clubs de l’intérieur et de l’extérieur, le Général 4 étoiles Amadou Haya SANOGO était, ce week-end, à Ségou pour chauffer à blanc le climat politique et social dans ce contexte très exacerbé d’insécurité marqué par des attaques de plus en plus meurtrières contre les FAMa. Aussi, le plus haut gradé de l’armée malienne se fait le héraut de l’union sacrée autour des FAMa. Arborant et exhibant, non sans forfanterie ses 4 étoiles octroyées à l’issue d’arrangements, pardon d’accord-cadre, Amadou Haya se fait chantre et apôtre de la paix, du pardon et de la réconciliation : « je pardonne toutes les personnes qui ont dit du mal de moi dans cette affaire de Bérets rouges… Désormais cette histoire est derrière nous…J’appelle tous les Maliens à l’union sacrée autour du Mali….Vu la situation du Mali, il vaut mieux que les Maliens aident les militaires… »
Comme si le pardonneur avait un atavisme vengeur qui le titillait, dans sa harangue publique, ce samedi, sur le terrain de l’école Haya Bolly sise à Darsalam Ségou, l’ancien homme fort de Kati fanfaronne, invective et défie : « c’est sûr que demain vous allez entendre les personnes de mauvaise fois dire que Amadou Haya SANOGO est en campagne….Qu’elles disent ce qu’elles veulent. Ça ne m’intéresse pas…Je suis Général 4 étoiles, fils du Mali sans reproche, je fais ce que je veux ! »
La messe est dite. C’est donc la chienlit et la pagaille ? Alors, la République fout le camp, tout fout le camp.
On comprend aisément dès lors qu’un Général bardé de galons gagnés à la suite d’un coup d’État, se donne la liberté de s’exhiber dans un meeting politicien, pardon s’offre un bain de foule, se donne la liberté de discourir comme un politicien à deux sous et s’offusque que des Maliens libres qu’il n’a pas conquis avec ses jérémiades puissent éventuellement s’octroyer le privilège de la liberté qu’ils ont arrachée dans le sang voilà 30 ans pour dire librement qu’un Général ne fait pas de meeting.
Au nom de quoi le Général Bolly, sans démissionner de l’Armée s’arroge-t-il le droit d’avoir des clubs de soutien ? Ah, suprême injustice : n’oublions pas qu’au Mali, au nom du héros à géométrie variable (sinon les vrais héros sont sur le terrain au prix du sacrifice suprême) on avait, depuis les années 2000, permis aux putschistes devenus généraux, d’avoir des clubs et des mouvements de soutiens pour se porter candidat à la présidentielle sans avoir besoin de déposer les galons comme la loi l’exige.
Alors, mon général vous pouvez foncer et meetinguer autant que vous pouvez. Parce que ce qui n’a pas été dit hier ne doit pas certainement sortir aujourd’hui… Mais alors rendons un grand service à Amadou Haya, disons-lui : engagez-vous, battez campagne, gérez votre agenda d’homme libre, parlez pour vous et pour vos ambitions politiques, mais laissez l’Armée malienne en dehors de ça.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN