22 septembre 1960-22 septembre 2021, le Mali a 61 ans d’indépendance. A cette occasion, le président de la transition s’est adressé au peuple malien. Dans son message, le colonel Assimi Goïta a indiqué que l’heure doit être à la responsabilité et au devoir de mémoire.
Le Mali vers la marche de la refondation depuis le 24 mai dernier
Après la rectification de la transition depuis le 24 mai dernier, les lignes bougent en faveur de la refondation de l’État, selon le président de la transition. Il a d’ailleurs rappelé que la refondation, ainsi que les réformes qu’elle sous-tend, ont leurs exigences, celles du sens de la responsabilité de tous et de chacun, de la rigueur au quotidien sur soi-même avant d’en demander aux autres.
Pour le président de la transition, le changement est avant tout un état d’esprit, une prise de conscience individuelle et collective avant de se matérialiser. «Cet état d’esprit et cette conscience collective doivent sans cesse nous animer afin que chacun et tous accepte les durs sacrifices qui y sont liés », a-t-il expliqué avant d’évoquer la réduction du train de vie de l’État à travers la cession des 2/3 du budget de souveraineté de la Présidence pour la cause des localités défavorisées.
Les efforts dans le domaine sécuritaire
Depuis l’arrivée des autorités transitoires, d’énormes efforts ont été déployées dans le domaine militaire. « Face à la dégradation de la situation sécuritaire dans le Sahel et
Singulièrement dans certaines parties de notre pays, force est de constater que d’énormes sacrifices ont été consentis tant sur le plan humain que matériel », a déclaré le président de la Transition. Selon lui, un accent particulier a été mis sur les besoins opérationnels des Forces de défense et de sécurité depuis leur arrivée aux affaires.
A en croire, le renforcement des capacités opérationnelles s’est largement diversifié en s’étendant aux moyens aériens avec l’acquisition de nouveaux aéronefs. « Sur le plan du renforcement des capacités terrestres, de nombreux véhicules d’opération et autres types d’engins roulants ont été mis à la disposition des forces », a laissé entendre le colonel Assimi Goïta qui ajouté qu’une politique volontariste et inclusive de recrutement a été adoptée dans le souci de renforcer davantage les effectifs afin de faire face aux défis sécuritaires complexes du moment. Aussi, ajoute-t-il, la gestion des Ressources humaines de l’Armée vient de connaître une innovation majeure avec la mise en place du Système Intégré de Gestion du Personnel de la Défense (SIGPD).
Une des grandes ambitions des autorités transitoires dans le domaine militaire est l’ouverture très prochaine d’une École de Guerre dans notre pays. « Cette volonté politique forte des autorités de la Transition vise à assurer au Mali son autonomie dans la formation de haut niveau des officiers supérieurs de la chaîne de commandement » a précisé le président de la Transition. Pour lui, cette école permettra de doter les forces de défense et de sécurité d’un outil efficace de réflexion, de recherche et d’analyse des questions stratégiques. La pose, le 20 janvier dernier, de la première pierre du tout premier hôpital 2020.
Les Assises nationales de refondation, un rendez-vous historique !
Dans son intervention, le président de la transition a réitéré sa détermination à la lutte contre la corruption, la délinquance financière l’impunité qui, selon lui, ne font que renforcer le malaise et le ressentiment des populations qui sont en réalité, les premières victimes de ce système destructeur. Il s’est d’ailleurs félicité de la « vaste campagne d’audit des services publics » actuellement en cours. «A travers cette lutte, nous rassurons le peuple malien que ses attentes seront comblées car aucun privilège ne sera accordé aux personnes impliquées », a-t-il indiqué.
Au-delà de la question de justice, la refondation de l’État du Mali est une demande forte. C’est d’ailleurs pourquoi le gouvernement prévoit les Assises nationales de la refondation. « Malgré les soixante années d’indépendance dont la moitié sous le système démocratique, l’État du Mali est confronté à des maux que les citoyens ne cessent de décrier. Il s’agit entre autres du manque de vision politique ; du non-respect des textes ; des dysfonctionnements institutionnels remarquables et de la répartition inégale des richesses nationales », déplore le colonel président qui insiste sur la nécessité d’entreprendre des actions courageuses pour un nouveau Mali. Pour lui, les Assises nationales de la refondation qui regrouperont toutes les forces vives de la nation seront une occasion en perspective pour discuter de l’ensemble des préoccupations nationales afin d’impulser une vraie dynamique de changement. « A ce rendez-vous historique, doivent pendre part tous les Maliens soucieux de l’avènement d’un nouveau Mal », a-t-il laissé entendre.
Parlant des réformes politiques et institutionnelles, le président de la transition trouve indispensable la tenue de la révision ordinaire des listes électorales ; la réorganisation territoriale et le retour de l’administration sur toute l’étendue du territoire. « Dans une dynamique de recherche de solutions adaptées tendant à éviter les crises et contestations répétitives liées au déroulement des élections dans notre pays, le Gouvernement entend expérimenter l’Organe unique de Gestion des Élections. En remplacement des méthodes précédentes, cet organe aura l’avantage de rendre plus transparent et fiable, le processus électoral », a-t-il expliqué.
Pour le président de la transition, des efforts ont été également déployées dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture….
Les partenaires invités à « une meilleure lecture de la situation » du Mali
Depuis deux semaines, le Mali subit des pressions de certains partenaires suite aux rumeurs d’un prétendu partenariat entre les autorités transitoires et les mercenaires du groupe Wagner. Pourtant l’insécurité persiste malgré la présence, depuis plusieurs années, de certains partenaires. Les complaintes de certaines populations qui souffrent par endroit de l’absence de l’État sont énormes. Selon le président de la transition, l’État met tout en œuvre au quotidien pour assurer la sécurité des personnes et des biens.
Ainsi après avoir rappelé que c’est ensemble que le défi de la sécurité collective sera relevé, le président de la transition a invité les partenaires «à une meilleure lecture de
la situation du Mali, marquée par une crise multidimensionnelle profonde ». Il a également profité de l’occasion pour préciser que l’engagement des forces internationales présentes au Mali et qui participent à l’effort de sécurisation de notre pays au côté du Mali doit contribuer à la résolution durable des problématiques sécuritaires et servir de déclic pour notre résilience. « C’est à ce seul prix que l’assistance internationale aura tout son sens », a-t-il indiqué.
Boureima Guindo
Source: Le Pays