La France, ancienne puissance coloniale du Niger, est «plus présente que jamais» dans ce pays sur le plan militaire.
«Le Niger accueille un ami ; le peuple nigérien est heureux de vous accueillir Monsieur le Président», a annoncé jeudi, le président Issoufou Mahamadou, cité par le quotidien gouvernemental «Le Sahel».
Selon la même source, le président Emmanuel Macron aura un entretien avec son homologue nigérien, mais mettra surtout son séjour de deux jours à profit, pour visiter les bases militaires françaises au Niger.
– Où se trouvent les bases militaires françaises au Niger et que font-elles ?
Dans une analyse intitulée «Militaires occidentaux au Niger : présence contestée, utilité à démontrer», réalisée en 2016, le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), basé en Belgique, a indiqué que la France, ancienne puissance coloniale du Niger, est «plus présente que jamais» dans ce pays sur le plan militaire.
Le GRIP explique cet état de fait par «un accord de défense déséquilibré» signé entre la France et le Niger, le 24 avril 1961, au lendemain de l’accession du Niger à l’indépendance.
«Par cet accord, que l’on pourrait qualifier de typiquement néocolonial, la France obtient donc, non seulement le droit de déployer des troupes et de disposer des installations militaires nigériennes, mais aussi la mainmise sur les précieuses réserves en uranium du pays, qui s’avéreront bien utiles pour le développement futur de son arsenal et de ses centrales nucléaires», soutient le GRIP.
Cependant, suite au coup d’Etat militaire du 15 avril 1974 dirigé par le Lieutenant-Colonel Seyni Kountché, le Niger demanda et obtint «la fermeture des bases et le départ des troupes françaises» présentes sur son territoire.
D’après le GRIP, les relations militaires entre la France et le Niger comportent trois éléments majeurs. Il s’agit des programmes de formation et d’entraînement, une coopération purement bilatérale avec des livraisons, gratuites ou non, des armes et des équipements et le déploiement des forces françaises au Niger, comme c’est le cas actuellement dans le cadre de l’opération Barkhane pour la lutte contre le terrorisme au Sahel.
D’après le GRIP, la France dispose, à ce jour, de quatre bases militaires au Niger : à Niamey, à Aguelal et Madama près des frontières algérienne et libyenne et à Diffa au sud. Officiellement, toutes ces bases militaires françaises participent à la lutte contre le terrorisme auquel le Niger et les autres pays du Sahel sont confrontés ces dernières années.
Les bases d’Aguelal et de Madama interviennent aussi dans la lutte contre les réseaux de trafics de drogue et des migrants qui traversent le désert du Sahara pour rejoindre l’Europe, en passant par l’Algérie et la Libye.
Selon le journal français La Dépêche, quelque 4000 soldats français sont au Niger dans le cadre de l’opération Barkhane.
– Une présence diversement appréciée
D’après le GRIP, «la présence militaire de la France et accessoirement celle des États-Unis rencontrent une hostilité croissante dans de très larges pans de la population nigérienne».
Il pense que cette hostilité a connu «une expression violente en janvier 2015, lorsque la publication de caricatures du prophète Mohamed par le journal français Charlie Hebdo a provoqué des émeutes qui ont visé plus particulièrement des intérêts français et des lieux de culte chrétiens».
A travers des déclarations, plusieurs organisations de la société civile nigérienne, ainsi que des acteurs politiques ont, maintes fois, critiqué la présence des bases militaires étrangères au Niger.
«Nous avons toujours été contre la présence des bases militaires étrangères au Niger, particulièrement celles françaises car cela ressemble, de notre point de vue, à une perpétuation du colonialisme.
Le Niger n’a pas besoin d’une force étrangère pour assurer sa sécurité. Tout ce qu’il demande à ceux qui veulent l’aider c’est de lui donner des matériels de pointe pour équiper ses forces armées», indique l’activiste Dambadji Son-Allah, président de la Coalition pour la défense de la démocratie et de l’Etat de droit (CDDED), dans une déclaration à Anadolu.
Selon le GRIP, qui s’appuie sur une étude ayant concerné un échantillon de 20 membres des forces de sécurité, la présence des bases militaires françaises au Niger est diversement appréciée.
«Une forte majorité des répondants ont déclaré lui être très défavorables», indique le groupe de recherche.
Mais pour les officiels nigériens, la présence des bases militaires étrangères est une nécessité pour le Niger qui ne dispose pas des moyens nécessaires pour faire face aux différents défis sécuritaires auxquels il est confronté.
«Le discours politicien qui nous reproche de brader la souveraineté de notre pays en acceptant cette coopération militaire pour faire face aux défis communs, me parait être un mauvais procès. Personne ne nierait le rôle primordial qu’ont joué nos partenaires étrangers dans la libération du Mali», a réagi le ministre nigérien de la Défense Kalla Moutari, dans un entretien récemment accordé à un site nigérien d’information. AA
Source: trt