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Sécurité : “C’est l’heure pour l’Afrique de se prendre en charge”

Au Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité, les dirigeants africains ont préconisé que leurs pays s’organisent pour pouvoir compter sur eux-mêmes dans la lutte contre le terrorisme.

armee militaire soldat senegalais macky sall president defile

Et si les pays africains donnaient enfin de la voix pour prendre en charge leur propre sécurité face au terrorisme ? C’est le pari que font certains dirigeants du continent, à commencer par l’hôte du Forum international sur la paix et la sécurité de Dakar, le sénégalais, Macky Sall.

« Il faut régler le problème militaire d’abord »

Devant un parterre d’autorités politiques et militaires, experts et universitaires, diplomates, représentants d’organisations internationales, de la société civile et du secteur privé, le président sénégalais Macky Sall a formulé sa position qui affirme d’un que la solution des armes sera celle privilégiée. Et de deux, qu’il faut en plus trouver des solutions économiques pour rendre la lutte efficace et efficiente : « Je ne crois pas que la défense de l’Afrique sera assurée par l’extérieur. Il faut que l’Afrique prenne en charge sa sécurité », a-t-il affirmé.

Dans la lutte contre le terrorisme la « base doit être assumé par les Africains », a-t-il ajouté, invitant les Etats africains à verser 0,2 % de leurs importations à l’Union africaine afin de doter l’institution panafricaine d’une force d’intervention rapide. « Il faut qu’il y ait un effort d’équipement des forces de défense et de sécurité. La question vitale de la sécurité mérite que 0,2 % du PIB de nos Etats soit consacré à l’équipement des forces de défense et de sécurité », a souhaité le président sénégalais. Il a souligné pas moins de quatre défis sécuritaires communs à tous les pays africains, mais aucun d’entre eux pris individuellement, ne peut venir à bout de ce fléau semblent avertir les chefs d’État réunis au Forum de Dakar.

« Le troisième défi porte sur la poursuite sans relâche de l’éducation, de la formation et de l’emploi contre la radicalisation des jeunes. C’est un défi sécuritaire de premier ordre. Le dernier défi est le développement dans l’équité et la justice sociale qui est la condition sine qua non pour la sécurité et la paix du continent », a dit Macky Sall. Poursuivant dans cette idée, le président sénégalais n’a pas hésité a fustiger “la doctrine de maintien de la paix de l’ONU”. En effet, il a souligné que le mode classique de maintien de la paix n’est plus adapté : « Chaque pays a une histoire, une expérience et une spécificité qu’il faut tenir en compte dans ces missions onusiennes. Il faut donc se garder des solutions toutes faites. »

Ses propos sont renforcés par ceux du président rwandais Paul Kagame, pour qui il est important que les pays du continent s’unissent pour faire face au terrorisme. Il a invité les Africains à assumer leurs responsabilités et les partenaires extérieures viendront après en soutien. « Aucun de nos pays n’a les moyens aujourd’hui », a-t-il dit, assurant qu’il fera « tout pour que son pays ait les moyens de défense à hauteur de la menace qui lui est faite ».

Le G5 Sahel et la question de son financement

 

Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, n’a pas dit autre chose que cela, lorsqu’il a affirmé que son pays ne pouvait pas combattre le terrorisme seul. Et sur ces propos il a très bien été soutenu par son voisin du Sénégal. Le président Macky Sall a réaffirmé tout au long de ses discours son soutien indéfectible au Mali. Dressant un tableau assez sombre mais réaliste de la situation sécruitaire du Mali, le chef de l’État malien a mis l’accent sur l’initiative du G5 Sahel (cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité, créé par la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad). En effet, c’est l’un des engagements forts qu’il encourage tout particulièrement, depuis le début de la mise en place de l’initiative en partenariat avec la France. Maintenant, reste la question du financement. Alors que les États-unis ont limité la partition de l’ONU dans cette force, Ibrahim Boubacar Keïta veut pouvoir rassembler des puissances africaines autour du financement de ce projet : « nous avons des problèmes. Il faut que les efforts faits au Moyen-Orient ne soient pas vains », faisant allusion à la lutte contre l’Etat islamique.

Justement l’épineuse question du financement est d’un réalisme préoccupant pour le Tchad. Pays central dans la lutte contre le terrorisme, le Tchad traverse une zone de turbulence avec une économie au bord du gouffre. Peu avant l’été et le lancement du G5 Sahel, son président Idriss Deby Itno a averti sur les difficultés qu’il rencontrait et insisté sur la nécessité de financements collectifs. Albert Pahimi Padacké, le Premier ministre tchadien a demandé du soutien pour faire face aux dépenses entraînés par la lutte contre le terrorisme alors que son pays mobilise plus de 20.000 soldats sur plusieurs fronts en Afrique. « Si le Tchad n’est pas soutenu dans cet engagement, combien de temps il va résister », s’est-il interrogé.

Créé lors du Sommet de l’Élysée sur la Paix et la Sécurité en Afrique tenu à Paris en 2013, le Forum de Dakar se veut informel afin justement de pouvoir receuillis tous types de témoignages et d’expertises qui pourrait faire avancer le débat.

La redaction

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