Malgré les excédents céréaliers de la campagne agricole 2014-2015, un nombre élevé de personnes sont menacées par l’insécurité alimentaire
Le Conseil national de sécurité alimentaire (CNSA) a tenu hier sa 12è session ordinaire au Centre international de conférences de Bamako sur le thème : « Renforcer la résilience des populations vulnérables ». La cérémonie d’ouverture était présidée par le ministre du Développement rural, Bocari Tréta, qui représentait le Premier ministre.
Les participants à la rencontre sont des représentants de services techniques, de partenaires techniques et financiers (PTF) avec à leur tête le chef de file, Sally Haydock du Programme alimentaire mondial (PAM), et tous les gouverneurs de région ou leurs représentants.
« Cette cérémonie se tient dans un contexte de crise sécuritaire aigue qui affecte une grande majorité de nos populations et particulièrement celles des régions Nord de notre pays », a souligné le ministre Tréta qui a rappelé que « l’une des priorités du gouvernement est d’assurer à nos populations une nourriture suffisante et de qualité ».
Le ministre du Développement rural a indiqué que les participants feront une revue de l’état de mise en œuvre des recommandations de la dernière session et du plan de réponse 2014 de la sécurité alimentaire. Ils partageront les résultats de l’évaluation définitive du Système d’alerte précoce de la campagne agricole 2014-2015 et du cadre harmonisé, présenteront le Plan national de réponse 2015 de la sécurité alimentaire. Les gouverneurs de région exposeront la situation sécuritaire alimentaire et nutritionnelle de leurs circonscriptions.
Bocari Tréta était visiblement partagé. S’il s’est réjoui d’un côté que « la situation alimentaire et nutritionnelle dans notre pays est globalement satisfaisante » car la campagne agricole 2014-2015 a dégagé des excédents céréaliers, il s’est aussi inquiété du nombre élevé de personnes menacées par l’insécurité alimentaire.
Cette inquiétude est partagée par Sally Haydock qui estime que 270.000 individus sont en difficulté alimentaire, selon le cadre harmonisé de 2015. Ce nombre monte à 410.000 pour la période de soudure. L’enquête SMART de 2014 révèle, elle, que 181.000 enfants étaient en situation de malnutrition aigue sévère et 534.000 en malnutrition aigue modérée. En terme simple, cela signifie que ces gens peinent à s’acheter à manger, malgré la disponibilité sur les marchés.
SOUTIEN DES PTF. Qu’est-ce justement la sécurité alimentaire ? Le ministre Bocari Tréta en identifie les critères : la disponibilité, l’accessibilité, la stabilité et l’utilisation rationnelle de la nourriture. Ces critères sont difficiles à atteindre dans certaines contrées du pays dans le contexte de crise et d’insécurité. Dans la perspective de la mise en œuvre de l’accord de paix, il a sollicité l’accompagnement des partenaires pour le retour des déplacés internes comme externes, dans le cadre de leur réinsertion dans le tissu économique.
Afin d’atténuer la souffrance de ces populations vulnérables, Bocari Tréta a promis que le Commissariat à la sécurité alimentaire, les PTF et les ministères sectoriels seront mobilisés autour d’un plan national de réponse à la sécurité alimentaire 2015 qui sera adopté pendant cette session. Il a, une fois de plus, sollicité le soutien des PTF afin d’accompagner la volonté du gouvernement d’assister des populations rendues vulnérables par le fait des aléas climatiques et de la crise sécuritaire.
Les PTF ont salué les efforts consentis en admettant qu’ils sont insuffisants pour atteindre l’objectif « faim zéro à l’horizon 2025 » du gouvernement. « Les priorités devraient être accordées à la poursuite de la réforme du dispositif de sécurité alimentaire, au renforcement des organes dudit dispositif, à la mise en place d’une solide stratégie de résilience des populations et des communautés face aux crises », a jugé leur représentant.
La concrétisation des ces reformes sera facilitée par l’élaboration de la Politique nationale de sécurité alimentaire et la réussite de la réforme du dispositif national de sécurité alimentaire pour lesquels le gouvernement et ses partenaires ont déjà déployé beaucoup d’efforts. La relecture des textes et la mise en place de modalités consensuelles de gestion des outils du dispositif national de sécuritaire alimentaire entre l’Etat et ses partenaires, constitueront les prochaines étapes.
Les résultats du Cadre harmonisé, sous la conduite du Système d’alerte précoce (SAP), ont mis en évidence la situation alimentaire critique en 2014, prouvé la nécessité pressante d’améliorer la coordination des intervenants d’assistance alimentaire du gouvernement et de ses partenaires, a souligné Sally Haydock. Ces constats ont incité le Premier ministre à faire installer un comité de suivi du Plan national de réponse aux difficultés alimentaires et nutritionnelles, sous l’égide du Commissariat à la sécurité alimentaire.
Une mention spéciale a été décernée au premier responsable du Commissariat à la sécurité alimentaire, Nango Dembélé, pour avoir su rationaliser les distributions alimentaires et couvrir les besoins urgents des populations sur l’ensemble du territoire national.
Cheick Moctar TRAORE