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Sécurité alimentaire : LES CHANTIERS DE CINQ SILOS À MAÏS ACCUSENT DU RETARD

Le constat a été fait par le Commissaire à la sécurité alimentaire qui s’est rendu sur les sites à Fana, Koutiala, Sikasso, Kadiolo et Bougouni. Kassoum Dénon a promis de se concerter avec les différents acteurs pour rendre opérationnelles ces installations dans les meilleurs délais.

 

La pratique de stockage des grains est essentielle à toute politique de sécurité alimentaire. Pour insuffler un nouveau souffle aux 5 silos à maïs en chantier, dont les travaux accusent du retard, le Commissaire à la sécurité alimentaire, Kassoum Dénon, a effectué une visite de terrain qui lui a permis de constater les contraintes sur les chantiers.
Pour cette visite de 4 jours (du 13 au 16 mars), Kassoum Dénon était à la tête d’une délégation comprenant le président directeur général de l’Office des produits agricoles du Mali (OPAM), Youssouf Maïga, le directeur Asie et Océanie du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Mahmoud M. Arby, et le président de l’Interprofession de la filière maïs, Bakary Doumbia.
Implantés à Fana, Koutiala, Sikasso, Kadiolo et Bougouni, ces silos ont une capacité totale de stockage d’au moins 2.500 tonnes de maïs. Ils sont le fruit de la coopération Mali-Japon. Ce programme de visite a été marqué par la visite des installations et par les échanges entre producteurs de riz et maïs d’un côté et de l’autre, la délégation du Commissariat à la sécurité alimentaire.
Les échanges ont notamment porté sur la constitution du Stock national de sécurité auquel contribuent fortement les producteurs locaux. «Nous avons décidé de venir voir la construction des silos. C’est dans le cadre de la coopération Mali-Japon. Ce pays ami a bien voulu mettre à la disposition du Commissariat à la sécurité alimentaire 5 silos du genre qui vont permettre le stockage d’au moins 2.500 tonnes de maïs. Ce qui va contribuer à renforcer le dispositif national de sécurité alimentaire. C’est un projet qui a débuté, il y a deux ans, mais qui traine encore. Nous avons jugé nécessaire de venir voir les difficultés afin de les lever et rendre ces silos opérationnels. Nous sommes là avec les producteurs et nous faisons aussi le constat qu’il faut aller vite pour achever ces installations», a indiqué le Commissaire à la Sécurité alimentaire.
Si ce dernier s’est laissé séduire par le dispositif mis en place sur les différents sites, il a cependant regretté que ces silos ne soient pas encore opérationnels, deux ans après le début des travaux.
Pour Kassoum Dénon, il faut d’autres infrastructures pour rendre davantage opérationnels ces silos. «Nous allons de retour à Bamako nous concerter avec les différents acteurs pour voir comment ensemble nous pouvons mettre tout ça en place et rendre les silos opérationnels», a-t-il dit, rappelant que le Stock national de sécurité est constitué à hauteur de 35.000 tonnes de céréales par an. Donc ces silos vont participer à la consolidation de ce stock à travers spécifiquement le maïs. «Car nous avons vu qu’aujourd’hui la production du maïs occupe les 50% des céréales globales du pays.
Le maïs arrive à un moment où il y a l’effondrement du prix au producteur. Nous pensons qu’avec ces silos, la formation des stocks nationaux de sécurité vont participer à un relèvement du prix au producteur et permettre à l’Etat de renforcer ses stocks nationaux. L’installation n’est pas achevée, il faut d’autres dispositifs pour permettre aux véhicules de faire assez de mouvements pour permettre aux silos de fonctionner avec des tableaux de bord qui peuvent déterminer la température à l’intérieur et à l’extérieur. Car quand on stocke, il y a des taux d’humidité qu’il faut contrôler et tous ces aspects doivent être pris en compte avec les installations complémentaires que nous allons faire», a expliqué Kassoum Dénon.

DES PROBLÈMES PÉCUNIAIRES – La participation des producteurs de riz et de maïs dans la constitution du Stock national de sécurité souffre de quelques problèmes pécuniaires. Il s’agit précisément du paiement tardif des milliers de tonnes de riz déjà livrées par les producteurs pour la constitution du Stock national de sécurité. La question a fait l’objet d’une rencontre dans la salle de conférence de l’Office du Niger entre producteurs de riz avec à leur tête le président de l’Interprofession riz, Falery Boly, et le Commissaire à la sécurité alimentaire, accompagné du président directeur général de l’OPAM. Ce paiement tardif, source d’inquiétude pour les producteurs qui doivent rembourser les prêts bancaires, a été tranché. Puisque le paiement débute cette semaine même. C’est du moins c’est qu’a annoncé le PDG de l’OPAM, Youssouf Maïga.
«Nous avons un contrat de 5.000 tonnes sur lesquelles nous avons livré plus de 3.700. Mais l’argent est devenu le problème. Le PDG de l’OPAM vient de nous rassurer que la semaine prochaine, les producteurs seront payés. Il y a du riz, il y a des stocks, mais le problème c’est la disponibilité du cash, cela crée le doute chez les producteurs», a déclaré Falery Boly, qui a cependant salué le Commissariat à la sécurité alimentaire pour cette initiative qui encourage les producteurs et booste la production. «Nous souhaitons que cela continue. Le gouvernement a voulu qu’il y ait des interprofessions et nous en sommes les acteurs. Nous ne sommes pas des décideurs mais nous suivons les bonnes décisions et nous donnons les informations permettant aux décideurs de prendre les bonnes décisions», a détaillé le président de l’Interprofession riz.
Pour lui, la campagne agricole, vu le nombre de superficies emblavées, est plus que ce qu’on espérait. « Mais il y a des problèmes. On vient de finir la réunion de la plateforme nationale des producteurs de riz à Kita il y a 4 jours. L’insécurité devient un vrai problème. Il y a des producteurs qui n’ont pas du tout produit à cause des bandits qui prennent leur riz ou les empêchent même de produire», a-t-il déploré.
Le PDG de l’OPAM qui travaille étroitement avec les interprofessions, notamment l’Interprofession riz et maïs, a rappelé qu’il y a deux grands stocks, à savoir le Stock national de sécurité composé de mil de sorgho et de maïs et le Stock d’intervention de l’Etat, 25.000 tonnes de riz. L’OPAM est en train de constituer le Stock d’intervention de l’Etat (composé de riz) auquel il a associé l’Interprofession riz pour la livraison de 5.000 tonnes de riz local ganbiaka. «Nous travaillons avec eux, les paysans viennent de nous annoncer qu’effectivement ils avaient pu reconstituer à hauteur de 3.700 tonnes. Donc, il ne reste pas beaucoup pour compléter à 5.000 tonnes. C’est un partenariat que nous avons avec l’Interprofession, c’est vraiment pour aider nos paysans parce que si nous n’aidons pas les producteurs locaux, ça va être extrêmement difficile de pouvoir atteindre l’objectif de sécurité alimentaire. Et c’est dans ce sens que nous ferons tout pour les accompagner», a affirmé Youssouf Maïga.
«Nous avons passé ce premier contrat de 5.000 tonnes avec eux et nous pensons que l’opération va se poursuivre parce que nous avons un financement avec la BID qui nous permet de faire face à ces opérations, donc c’est une situation de revolving que nous allons renouveler chaque année pour soulager nos producteurs. Parce que nous pouvons leur garantir un prix assez incitatif qui leur évite de tomber dans la spéculation des commerçants et autres qui peuvent prendre leur stock à des prix très bas. Alors que nous ne sommes pas là pour çà. Nous sommes là pour garantir un prix rémunérateur dans la mesure des limites des possibilités que nous avons. C’est que nous sommes en train de faire aujourd’hui avec ces deux interprofessions. Nous allons aussi entamer la même chose avec l’Interprofession et nous allons continuer les échanges», a développé le PDG de l’OPAM.
Au sujet du paiement tardif, Youssouf Maïga expliquera que les producteurs sont habitués au paiement direct. «Souvent quand nous faisons la reconstitution du Stock national de sécurité en achetant par exemple du mil, nous avons habituellement l’argent disponible au niveau du Trésor pour le paiement. Mais cette fois-ci, nous avons reçu un financement de la Banque islamique de développement (BID) qui a ses exigences. Nous ne payons pas directement. Quand ils nous livrent, nous réunissons toute la documentation avec les factures que nous envoyons à la BID via la Dette publique, donc le ministère de l’Economie et des Finances. Et c’est la BID qui paye directement les fournisseurs, donc l’argent ne passe plus par l’OPAM. Ce sont ces exigences que les paysans n’arrivent pas à comprendre. Nous leur avons expliqué cela aujourd’hui», a souligné M. Maïga, avant d’assurer que toutes les dispositions seront prises dès la semaine prochaine pour que les fournisseurs soient payés.

Envoyé spécial Khalifa DIAKITé

L’Essor

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