La 17e session du comité de coordination et de suivi des politiques et programmes de sécurité alimentaire a eu lieu, hier jeudi, à l’Escale Gourmande. La cérémonie d’ouverture était présidée par madame la commissaire adjointe du Commissariat à la sécurité alimentaire, DICKO Bastan DIARRA ; en présence de la représentante du Programme alimentaire mondial, Sally HAYDOCK, et de plusieurs acteurs intervenants dans le domaine de la sécurité alimentaire.
Cette session a été l’occasion d’examiner entre autres : l’état de mise en œuvre des recommandations de la 16e Session du Comité ; les résultats de l’évaluation provisoire de la situation alimentaire faite par le Système d’Alerte Précoce, à travers le Cadre Harmonisé, à l’issue de la Campagne Agricole 2021-2022 ; le bilan du Plan d’Opération 2021 du DNSA, notamment la programmation de 2021 et son budget d’exécution axés sur les résultats du Dispositif National de Sécurité Alimentaire.
Aussi, les participants ont partagé le bilan du Plan National de Réponse de Sécurité Alimentaire 2021 et son planning provisoire 2022 d’atténuation des difficultés identifiées auprès des couches vulnérables.
Dans son intervention, la représentante des PTF a affirmé qu’à l’image d’autres pays du Sahel, le Mali fait face à une crise multidimensionnelle du fait de la conjugaison du conflit, de la covid19 et des changements climatiques.
« Le conflit a entraîné le déplacement de plus de 400 000 personnes et impacte négativement les moyens de production des populations : accès réduit aux champs, vols de bétail », a déploré la représentante du PAM.
Selon elle, les analyses satellitaires de 2019, 2020 et 2021 montrent une corrélation entre des dynamiques de réduction des surfaces cultivables par rapport à 2016- 2017 et l’expansion de l’insécurité en particulier dans le centre. « La région de Mopti est la plus touchée en 2021 avec près d’un quart (23%) de ses localités qui ont subi une diminution de surfaces agricoles cultivées. On note également que la campagne agricole 2021-2022 a été marquée par des épisodes de sécheresse qui ont affecté plus de millions de personnes.
Ces différents chocs ont fortement aggravé le niveau de l’insécurité alimentaire, avec des niveaux de populations en insécurité alimentaire aiguë dépassant ceux de 2013/2014 au début de la crise Malienne », a précisé Sally HAYDOCK.
Elle a rappelé que le Cadre Harmonisé de novembre dernier indiquait que près de 1,2 millions de personnes étaient en insécurité alimentaire aiguë (octobre à décembre 2021), soit presque le triple comparé à fin 2020.
Pour elle, si une réponse vigoureuse n’est pas apportée immédiatement, le nombre de personnes en insécurité alimentaire aiguë et ayant besoin d’une assistance d’urgence dépasserait 1,8 millions de personnes à la prochaine soudure agricole en Juin-Juillet-Août 2022.
« L’ampleur des besoins et la nécessité d’une réponse à la soudure précoce nous demandent de mutualiser les efforts de l’ensemble des acteurs du secteur. Cette 17e session nous offre un espace de dialogue entre l’État et ses partenaires pour échanger sur divers sujets en vue de prendre des décisions stratégiques qui orienteront les acteurs de la sécurité alimentaire et nutritionnelle », a affirmé le cheffe de file des partenaires impliquée dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Elle a profité de l’occasion pour réitérer les remerciements des PTF aux autorités au regard des ressources financières que l’État compte engager pour répondre aux besoins d’assistance des personnes vulnérables.
Elle a enfin réaffirmé l’engagement des partenaires techniques et financiers à accompagner le gouvernement dans la lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.
La commissaire adjointe du Commissariat à la sécurité alimentaire, DICKO Bastan DIARRA, a indiqué que malgré la situation de crises exacerbées, la mise en œuvre du Plan d’Opération et du Plan National de Réponses 2021 a enregistré des résultats très tangibles relativement aux objectifs de départ. Selon elle, l’assistance alimentaire a pu être réalisée à plus de 99 %, pour 32 994 tonnes de céréales distribuées gratuitement par l’État en faveur de 1 028 370 personnes.
« Ces personnes ont en outre bénéficié d’un complément fourni par les partenaires techniques et financiers à travers les membres du Cluster Sécurité Alimentaire (Agences UN, PAM, FAO et une quarantaine d’ONG internationales et nationales). Toutes ces opérations ont été renforcées par d’autres activités de soutien au renforcement des capacités de résilience des bénéficiaires », a affirmé la commissaire adjointe.
Elle a noté que le Commissariat à la Sécurité Alimentaire a fait face à d’énormes sollicitations venant des populations déplacées internes à Bamako, au centre et dans d’autres régions, suite aux attaques terroristes ou aux conflits intercommunautaires survenus un peu partout à travers le pays.
Mme DICKO a déploré que la Campagne Agricole 2021-2022 a été jugée très mitigée, variant de moyenne à très médiocre dans l’ensemble sur le plan agro-sylvo-pastoral.
A cet effet, informe-t-elle que l’évaluation Provisoire du Système d’Alerte Précoce, à travers le Cadre Harmonisé, a identifié 1 841 067 personnes dans le besoin d’être assistées sur le plan alimentaire et nutritionnelle, auxquelles s’ajoutent 2 997 103 personnes qui sont dans la nécessité d’être soutenues pour la restauration de leur capital productif à partir des activités d’appui dans le domaine de l’agriculture, du maraîchage, de l’élevage et de la pêche, de la restauration des actifs productifs et des activités génératrices de revenus.
L’on apprend que ce volume exceptionnel de réponses accrues au titre de cette année 2022 demande 64 000 Tonnes de céréales à mobiliser, dans un contexte compliqué pour l’État du Mali.
PAR MODIBO KONÉ
Source : Info-Matin