Au Centre International de conférences de Bamako (CICB), se sont tenus le jeudi 23 mai, les travaux de la 16ème session du Conseil national de sécurité alimentaire. La cérémonie d’ouverture des travaux était présidée par le Premier ministre, Dr Boubou Cissé, avec à ses côtés, le ministre commissaire du Commissariat à la Sécurité Alimentaire, Kassoum Dénon, la représentante du Programme Alimentaire Mondial, Sylvia Karisso et le représentant de l’Union Européenne, Hamory Hausse et plusieurs autres invités de marque.
Première à prendre, la représentante du PAM au Mali, a rappelé les efforts encourageants déployés depuis 2015 en matière de réformes du dispositif national de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle. A ce titre, elle a cité l’alignement des documents du plan national de réponse et du plan opérationnel sur la gestion axée sur les résultats, ainsi que le plan pluriannuel qui reprend les recommandations des différents audits et foras depuis 2014.
Par contre, elle a souligné que la sécurité alimentaire du Mali est structurellement précaire et demeure donc très préoccupante. « Selon les données du cadre harmonisé depuis 2014, chaque année une moyenne d’environ 800 000 personnes ont été estimées en insécurité alimentaire sévère en période de soudure » a-t-elle déclaré, tout en soulignant que cette situation oblige les acteurs à reconnaitre leur limite et à relativiser les résultats des interventions qui n’arrivent pas à réduire cette vulnérabilité permanente.
Par ailleurs, elle a souhaité abordé la question de la sécurité nutritionnelle avec spécificité. Selon elle, l’étude 2017 sur le coût de la faim au Mali indique bien qu’en dépit des efforts déjà produits, plus de 30% des décès des enfants de moins de 5ans sont encore liés à la malnutrition. La même étude, poursuit –elle, démontre également que la malnutrition représente au Mali un manque à gagner de 4 points de PIB par an.
Pour sa part, le PM Cissé a indiqué que, ce Conseil au titre de la campagne Agricole 218-2019, se tient dans un contexte alimentaire et nutritionnel relativement meilleur à celui de 2018. Selon lui, excepté les régions de Tombouctou, Gao et Mopti, la campagne agricole 2018-2019 est jugée globalement bonne dans l’ensemble du pays.
Occasion pour lui de rappeler qu’il a été enregistré au terme de la campagne une production céréalière de 10 452 980 tonnes (toutes céréales confondues), soit une augmentation de 12% par rapport à l’année dernière et 34% par rapport à la moyenne quinquennale.
Cependant, il dira que la situation nutritionnelle reste toujours préoccupante dans le pays du fait de l’insécurité alimentaire dans certaines poches, de l’insécurité civile et de la prévalence des maladies liées aux mauvaises conditions d’hygiène. « La situation est plus critique dans les régions de Gao, Tombouctou, Ménaka, Ségou et le District de Bamako où les taux de malnutrition globale aiguë sont au-dessus du seuil d’urgence de l’OMS » a-t-il déclaré, tout en signalant une situation d’alerte rouge pour les cercles de Gourma-Rharous et Ménaka.
Selon lui, l’évaluation définitive du système d’expertise SAP et celle définitive du Cadre Harmonisé dans l’espace CILSS font état de 548 644 cas de personnes en phase 3 (crise), soit 2,83% de la population. Celui en phase 2, dit-il, est de 3 244 417 personnes soit 16,71% de la population du pays.
En plus, il a signalé que 3 244 417 personnes sont en insécurité alimentaire modérée, soit 16,71 % de la population. « A cet effet, le Plan National de Réponses 2019, tentera d’apporter des solutions d’atténuation pour plus de 3 793 061 personnes, presque un cinquième de la population, tout en mettant en cohérence les actions conjointes de l’Etat et de ses partenaires d’appui » a-t-il précisé.
Par Moïse Keïta
Source: Le Sursaut