Le jeudi 12 février dernier, la Fondation Friedrich Ebert (Fes), dans le cadre d’un partenariat avec la Maison de la presse, et pour une large diffusion des différentes éditions de ses sondages «Mali mètre », a publié les résultats de son enquête spéciale consacrée à trois villes du nord : Gao, Ménaka et Kidal.
Les conclusions de cette enquête (qui associe pour la première fois Kidal), ont été présentées à la presse, lors d’une conférence de presse animée par Jan Henrik Fahlbush, représentant résidant de la Fondation Fes.
En ouvrant les travaux, le président du comité de pilotage de la Maison de la presse, Dramane Alou Koné, dira qu’il s’agit, par cette rencontre, de présenter ce qu’est l’opinion des populations des régions du nord sur un certain nombre de questions. Pour Dramane A. Koné, la rencontre est d’autant importante qu’il s’agit de la question du nord de notre pays, un sujet quotidiennement traité dans les écrits des confrères et qui alimente leurs analyses.
Le représentant résidant de la Fes, Jan Henri Fahlbush a précisé qu’il s’agit d’une édition spéciale qui traite des mêmes questions que les 5 «Mali Mètre» précédents. La démarche vise à faire ressortir la perception des citoyens des trois localités (Gao, Kidal et Ménaka) sur les institutions de la République, notamment le président de la République, le gouvernement, les négociations d’Alger, les capacités de sécurisation et de stabilisation du Mali, des régions du nord en particulier, par les forces de défense Barkhane et la Minusma.
L’enquête vise, en outre, à faire ressortir l’avis des populations de ces villes, en ce qui concerne d’autres questions comme le dialogue, la réconciliation nationale, le développement équilibré du pays, l’organisation des élections communales, les conditions de succès d’un futur accord global de paix et la contribution de la communauté internationale. Ce sondage, qui a utilisé la méthode des quotas, s’est déroulé sur une dizaine de jours (27 décembre 2014 au 5 janvier 2015). L’échantillon était surtout concerné par les citoyens (hommes et femmes) âgés d’au moins 18 ans.
En ce qui concerne le président de la République, l’enquête a révélé que le président de la République, élu à 77%, a une cote en baisse, particulièrement dans certaines localités du nord du pays. Si à Ménaka 69% des personnes enquêtées déclarent faire confiance au président de la République; à Gao ils sont 62, 6% à lui faire confiance. Il est plus impopulaire à Kidal, où 47% de la population déclare ne pas lui faire confiance, selon les résultats du même sondage. S’agissant des négociations en cours à Alger, 94% des populations de Kidal les approuvent, soit nettement plus qu’à Gao (79,7%) et Ménaka (63,5%).
Dans chacune de ces trois localités il se dégage une tendance majoritaire (plus de 80%) qui déclare faire confiance aux négociateurs. A Kidal, par contre, l’enquête a révélé une spécificité : l’exigence des populations qui, à 51%, estiment que seuls les groupes signataires de l’Accord de Ouaga (Mnla, Hcua et Maa) sont habilités à prendre part au processus d’Alger. Quant à Ménaka, c’est plutôt un avis contraire. En effet, 90% des gens enquêtés sont favorables à la participation de tous les groupes armés aux négociations.
Sécurisation des régions du nord
Sur la question de la sécurisation du nord, l’étude a révélé qu’à Gao la moitié des enquêtées apprécie de façon très positive ou positive les forces armées maliennes dans leur mission de sécurisation du pays. A Ménaka, seul 40% déclarent faire encore confiance aux Fama. A Kidal, par contre, cet avis n’est partagé que par seulement 3% des enquêtées. «L’intervention française, à travers Serval pour la sécurisation des régions Nord puis Barkhane plutôt pour la lutte contre le terrorisme, est appréciée par une majorité des populations de Kidal et de Gao contre une minorité (32%) qui la juge positive à Ménaka; plus de la moitié de la population de Ménaka (58%) et une minorité importante des habitants de Kidal (43%) et de Gao (27, 5%, avant les évènements du 27 janvier dernier, Ndlr) apprécient négativement la Minusma». Par nationalité, le sondage révèle que les populations des trois localités, dans leur grande majorité, font confiance aux militaires Tchadiens, suivis du contingent Nigériens appréciés à 58%. Aussi, pour la sécurisation de leur localité, il ressort que, à une tendance majoritaire, les populations font surtout confiance aux leaders religieux (84%) et aux chefs de fractions et de village (73%). «Kidal, pour sa part, se distingue, par sa très grande confiance aux groupes armés et aux milices », indique l’étude.
Oumar Diamoye