Au regard des prix des parcelles dans notre pays, on est choqué et on ne comprend pas. Comment, dans un pays pauvre comme le nôtre, les terrains à usage d’habitation peuvent coûter aussi cher ?
Dans les grandes villes par exemple, le prix minimum d’une parcelle, c’est entre quatre et cinq millions de FCFA. Et même ça, il faut se rendre dans les quartiers précaires, communément appelés non-lotis, pour en trouver à pareils prix. Dans les zones plus proches des centres villes, la barre est encore plus élevée. Pour s’y offrir une parcelle, il faut casser la tirelire. On a même appris, avec beaucoup d’étonnement, de sources très sérieuses, que des frères ont vendu leur 600 m2 qui se trouvait en zone urbaine, à un milliard de FCFA en 2014. Ce n’est pas possible ! Pour un pays dont la grande majorité de la population se cherche, les parcelles sont excessivement chères. Il suffit, pour s’en convaincre, de comparer nos prix à ceux de certains de nos voisins comme la Côte d’Ivoire. Il n’y a vraiment pas match. A ce qu’on dit, le prix d’une parcelle, au Mali, peut en acheter 10 autres au bord de la Lagune Ebrié.
En effet, dans le pays du cacao et du café, le 400 et même le 500 m2 se négocieraient à 800 voire 700 mille FCFA. Pourtant, même un fou, sais qu’en terme de développement économique, la Côte d’Ivoire fait partie des pays les plus aisés, en Afrique francophone, mieux que le Mali en tout cas. Dans ce pays, on peut ainsi facilement s’offrir un toit. Par contre, dans le nôtre, c’est tout une autre histoire.
La construction d’un logement au Mali est devenue un luxe
En vérité, se construire un logement au Mali, est un véritable casse-tête. Parce qu’en plus de la spéculation entretenue autour des parcelles, notamment celles à usage d’habitation, il y a aussi une hausse inquiétante des prix des matériaux de construction dont la qualité de certains laisse parfois à désirer. En effet, le ciment, le fer, les tôles, le sable et même les maçons coûtent aussi cher. Si fait que la construction d’un logement est devenue un luxe que n’importe qui ne peut se payer. En vérité, il faut le dire, en dehors des riches commerçants, hommes d’affaires et autres hauts cadres de la Fonction publique, ceux qui arrivent à s’offrir un toit décent dans notre pays, le font au prix d’énormes sacrifices. Parce que pour un travailleur, il faut prendre un premier prêt ; le salaire seul ne le permettant pas, pour d’abord acheter la parcelle à coup de millions de FCFA. Ensuite, un deuxième pour entamer les travaux de construction. Un troisième voire un quatrième prêt peut s’avérer nécessaire pour parachever les travaux afin de permettre au pauvre travailleur qui s’est lourdement endetté, d’emménager dans sa nouvelle maison.
Le plus souvent, nombreux sont les travailleurs qui rejoignent leur propre maison à la veille de la retraite. Il ne faut pas exagérer. C’est la triste réalité dans notre pays. Une situation déplorable qui trouve, malheureusement, sa source dans les mauvaises politiques foncières qui ont traversé le temps malgré les dirigeants qui se sont succédés à la tête de l’Etat et qui avaient tous promis des logements décents à leurs concitoyens.
Les autorités actuelles sont donc interpelées. Car, il y a péril en la demeure. Elles doivent prendre le taureau par les cornes en mettant de l’ordre dans ce milieu où des sociétés immobilières, avides d’argent et peu soucieuses du bien-être de leurs clients, et des démarcheurs sans scrupule, ont semé le bordel. L’espoir né de la prise de la mesure visant à fixer un prix plafond des parcelles à usage d’habitation, ne doit surtout pas être déçu.
Youssouf Konaré