Iyad Aghaly, Amadou Kouffa et demain qui sera le prochain sur la liste des présumés terroristes ? Il faut tout de même noter que divers facteurs structurant la scène malienne post-révolutionnaire du 26 Mars 1991 s’avèrent favorables à un enracinement d’éléments ayant recours au terrorisme.
Il s’agit entre autres : du net affaiblissement de l’Etat traversant une crise structurelle usant ses capacités de résistance et de lutte ; de la dispersion des moyens et l’absence de stratégie cohérente et globale de lutte contre le terrorisme fédérant les moyens sécuritaires, mais également économiques et sociaux afin de mettre en avant le concept de sécurité globale et humaine; de l’affaiblissement de l’appareil sécuritaire malien, notamment quant à la dimension renseignement et anticipation, pierre angulaire de toute stratégie efficace de lutte contre le terrorisme (absence de centralisation du renseignement stratégique : détection et neutralisation de la menace, d’organes d’exécution sûrs (non infiltrés) et efficaces (mobilisables rapidement et travaillant de manière coordonnée); de la dégradation de la situation économique et sociale amplifiant les capacités des groupes terroristes en termes d’endoctrinement et de recrutement; de la pauvreté et la croissance du chômage touchant principalement les jeunes (absence de perspectives d’avenir); de la corruption et la montée en puissance des trafics illégaux et de l’économie informelle offrant un levier de financement aux groupes terroristes.
Plus globalement, nous assistons à une infiltration progressive du crime organisé transnational, limité à ce stade à un état embryonnaire du fait de la sauvegarde, en dépit de la crise, de certaines capacités de résistance de l’Etat malien (Administration, etc.)
Il y a également les ambigüités relativement à la législation applicable : frilosité du ministère de la Justice quant à une application rigoureuse de la législation antiterroriste dans le cadre du respect des Droits de l’Homme; la montée de l’extrémisme religieux et du salafisme prenant le contrôle de centaines de mosquées amplifiant les capacités d’endoctrinement et de recrutement; l’affaiblissement de la coopération avec des partenaires clefs à l’échelle régionale et internationale du fait d’une relative détérioration de la confiance.
En dépit de la prudence inhérente à toute gestion de phase transitoire, laxisme, voire complicités remontant au plus haut niveau de l’Etat prêtant à interrogations, alors que la situation exige fermeté en conformité avec les lois de la République à l’égard de toute organisation basculant dans la violence armée aveugle : ambigüités quant à une réelle volonté politique de la Troïka relativement à la lutte contre le terrorisme hypothéquant l’avenir du pays.
Sambou Sissoko
Source: Le Démocrate